Larousse Médical 2006Éd. 2006
I

infection associée aux soins

Toute infection survenant au cours ou à la suite d'une prise en charge (diagnostique, thérapeutique ou préventive) d'un patient si elle n'était ni présente ni en incubation au début de la prise en charge.

Abréviation : I.A.S.

   Les infections associées aux soins englobent l'ensemble des infections associées au système de santé ou aux soins. Elles comprennent les infections nosocomiales et les infections contractées lors de soins délivrés hors des établissements de santé. Ce nouveau terme répond aux difficultés à appliquer la définition d'infection nosocomiale devant la multiplication des parcours de soins et des intervenants.

Voir : infection nosocomiale.

infection hospitalière

infection nosocomiale

infection latente

Infection ne se manifestant par aucun symptôme.

   Une phase de latence caractérise toutes les infections à leur début : c'est la période d'incubation ; elle peut se prolonger (infection inapparente) avant de s'exprimer ; c'est le cas, par exemple, dans l'infection à V.I.H. (sida), à cytomégalovirus ou à virus d'Epstein-Barr (famille des herpès virus). Ce phénomène s'oppose à l'infection aiguë résolutive (disparaissant définitivement) et se distingue de l'infection persistante, au cours de laquelle un virus se multiplie de façon active et reste en équilibre avec les réactions immunitaires de l'hôte, qui demeure cependant incapable d'éliminer l'agent infectant. On retrouve alors des anticorps non neutralisants, qui, selon certaines hypothèses, provoqueraient la formation de complexes immuns circulants, eux-mêmes source de lésions de type auto-immun. L'hépatite chronique active B en est un exemple.

   Des périodes d'infection latente s'observent lors de certaines infections virales, notamment l'herpès, l'infection à virus VZ (varicelle-zona), à papillomavirus (verrues, condylomes). Les poussées infectieuses apparentes (avec symptômes) seraient, dans ce cas, déclenchées par des modifications locales de l'immunité.

infection nosocomiale

Infection apparaissant au cours ou à la suite d'une hospitalisation (ou d'un soin ambulatoire) et qui n'était pas présente, ni en incubation, ni à l'admission à l'hôpital.

Synonyme : infection hospitalière.

   Le terme recouvre des cas très différents allant de la présence de germes constatée lors de prélèvements bactériologiques (simple contamination) à des états infectieux localisés (infection urinaire ou pulmonaire par exemple) ou, plus exceptionnellement, généralisés (septicémie). La source hospitalière de l'infection n'est pas toujours facile à affirmer. Les principaux critères sont la survenue d'infections dues, dans un même service, à un même germe, la mise en évidence d'une source de contamination précise (matériel de soins, perfusion, etc.) et la nature du germe responsable. Le caractère nosocomial d'une infection est important à reconnaître car il détermine le choix du traitement, conditionné par la résistance fréquente aux antibiotiques dans cette situation. Certains caractères sont ainsi très évocateurs de l'origine hospitalière d'une infection, en particulier un haut degré de résistance aux antibiotiques de la bactérie en cause, l'emploi intensif des antibiotiques favorisant l'émergence des bactéries les plus résistantes. Les germes de l'infection nosocomiale peuvent être issus du malade lui-même (infection endogène) à partir d'un de ses réservoirs naturels (intestins, peau, etc.) ou provenir de l'extérieur (infection exogène ou croisée).

   Une infection nosocomiale, toutes affections confondues, survient chez 7 % des malades hospitalisés. Les infections nosocomiales sont responsables d'une morbidité et d'une mortalité importantes et du surcoût qu'elles engendrent. Elles représentent un enjeu majeur de santé publique.

   Les programmes de surveillance et de prévention sont efficaces et dépendent d'une collaboration étroite entre les différents acteurs : infectiologues, hygiénistes, autres cliniciens, infirmières, pharmaciens, ingénieurs médico-techniques et administration. Ces programmes font l'objet de recommandations nationales. Certaines infections sont soumises à un signalement obligatoire et leur surveillance est recommandée dans une démarche de qualité et d'amélioration des pratiques. En France, le ministère de la Santé a développé une réglementation nationale qui permet de mesurer la qualité en hygiène de chaque établissement de santé. Pour cela, il a établi des indicateurs qui permettent d'évaluer le risque d'infection nosocomiale. L'I.C.A.L.I.N. (indicateur composite sur l'action dans la lutte contre les infections nosocomiales) mesure les moyens mis en place et les actions engagées par l'hôpital dans la lutte contre ces infections : formation des personnels, protocoles, audits de pratiques, surveillance des infections nosocomiales.

CAUSES

Les facteurs d'infection nosocomiale sont multiples et en constante évolution. Aujourd'hui, l'hôpital soigne des malades de plus en plus fragiles, exécute des actes chirurgicaux de plus en plus hardis et utilise des techniques de soins de plus en plus lourdes et invasives qui sont autant de portes d'entrée à l'infection (sondes vésicales, cathéters vasculaires, ventilation artificielle, etc.). Ainsi la fréquence de ces infections est-elle variable selon le type des soins prodigués (plus élevée dans les services de soins intensifs, de réanimation), la longueur de l'hospitalisation (plus élevée dans les services de long séjour et de rééducation fonctionnelle en raison de la présence d'escarres, de sondes vésicales à demeure, qui les favorisent) et, enfin, selon la vulnérabilité des sujets : maladies aiguës graves, organisme fragilisé par le grand âge ou l'enfance, un cancer, l'alcoolisme chronique, l'immunosuppression liée au sida, aux chimiothérapies anticancéreuses ou aux greffes d'organes.

PRÉVENTION

Dans tous les cas, il importe d'assurer le contrôle et la surveillance des infections hospitalières afin de les ramener aux plus faibles taux possible selon les secteurs d'activité. Une bonne formation du personnel de soins, une stratégie de prévention et de contrôle des infections hospitalières, le respect des règles d'hygiène hospitalière selon les actes pratiqués (asepsie ou hygiène des soins en milieu septique) ainsi que l'encadrement de la prescription et de l'utilisation des antibiotiques sont les pôles de la lutte contre l'infection hospitalière, placée sous l'égide des comités de lutte contre l'infection hospitalière et sous la direction des hygiénistes et des médecins spécialisés.

Voir : infection associée aux soins.

Les instances françaises de lutte contre les infections nosocomiales

Les centres de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales (C.CLIN). Ces équipes pluridisciplinaires comprennent médecins, infirmières, épidémiologistes, informaticiens, documentalistes et personnel administratif coordonnant et apportant une aide technique aux comités de lutte contre l'infection nosocomiale (CLIN). Créés en 1992, les C.CLIN ont à l'échelon interrégional une mission d'appui scientifique et technique aux établissements de santé en matière de maîtrise des infections nosocomiales, de leur information (diffusion de circulaires, de recommandations provenant du ministère), de la surveillance des infections nosocomiales, de la mise à disposition d'une base bibliographique concernant la maîtrise des infections nosocomiales. Les C.CLIN se répartissent en cinq interrégions.

Le comité de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN) est une assemblée pluridisciplinaire de professionnels et de représentants des usagers d'un établissement de santé responsable de la démarche d'amélioration de la qualité des soins dans la prévention des infections nosocomiales. Depuis le décret du 6 mai 1988, chaque établissement de santé organise en son sein la lutte contre ces infections. Le CLIN se dote d'une équipe opérationnelle d'hygiène hospitalière et définit un programme annuel d'actions tendant à assurer des missions précises définies au niveau national. Le CLIN a pour mission la prévention des infections nosocomiales et de la résistance bactérienne aux antibiotiques, la surveillance des infections nosocomiales, la surveillance de l'environnement, la définition d'actions d'information et de formation, l'évaluation périodique des actions de lutte contre les infections nosocomiales. Le CLIN se réunit au minimum trois fois par an et rédige un rapport annuel d'activité. Les CLIN sont coordonnés au niveau interrégional par les C.CLIN.