Larousse Médical 2006Éd. 2006
I

immunocyte

Cellule assurant le fonctionnement du système immunitaire.

   Les immunocytes comprennent essentiellement deux catégories de globules blancs : les lymphocytes, qui possèdent des structures membranaires appelées récepteurs, capables de reconnaître les antigènes, et les macrophages dont le rôle est de capturer et de dégrader l'antigène, puis d'en présenter des fragments aux lymphocytes.

   La collaboration étroite qui s'instaure entre ces deux grands types de cellules, dites immunocompétentes, est à l'origine de la spécificité de la réponse immunitaire et de son efficacité, c'est-à-dire que cette réponse est toujours dirigée contre un antigène donné. C'est pourquoi les leucocytes polynucléaires ne sont pas des immunocytes, bien qu'ils participent à l'élimination des agents pathogènes, car leur mode d'action, essentiellement la phagocytose, n'est pas spécifique d'un agent pathogène particulier.

Voir : lymphocyte.

immunodéficience

Diminution congénitale ou acquise de l'état d'immunité de l'organisme.

   Lorsqu'elle est marquée et durable, l'immunodéficience rend le malade particulièrement sensible aux infections opportunistes (causées par des germes normalement inoffensifs et qui affectent seulement des organismes aux défenses affaiblies).

— Les immunodéficiences congénitales, extrêmement rares, peuvent toucher différents maillons de la réponse immunitaire. Lorsque le déficit immunitaire concerne les lymphocytes, le pronostic est souvent défavorable. Cependant, certaines formes, comme l'agammaglobulinémie de Bruton, sont accessibles à un traitement par injection de gammaglobulines. En effet, dans ce cas, la maladie se caractérise par une absence d'immunoglobulines qui peut être palliée par des injections intraveineuses de ces molécules. D'autres immunodéficiences, comme le déficit en immunoglobulines A, sont à la fois fréquentes (un sujet sur 400) et, dans la grande majorité des cas, très bien tolérées. Les anomalies du complément (ensemble spécifique de protéines participant à la destruction des cellules) favorisent, selon les cas, les infections ou les maladies auto-immunes.

— Les immunodéficiences acquises sont extrêmement fréquentes. La première cause, dans le monde, en est la malnutrition. D'autres causes sont plus rares : le syndrome néphrotique (forme de glomérulonéphrite) entraîne une hypogammaglobulinémie (diminution du taux de gammaglobulines dans le sang) favorisant les infections. La chimiothérapie et la radiothérapie dans le traitement des cancers, la corticothérapie dans celui des maladies inflammatoires et les immunosuppresseurs dans la prévention des rejets de greffe induisent des déficits plus ou moins profonds et plus ou moins complets de l'immunité. De nombreux virus sont susceptibles aussi de provoquer des déficits immunitaires, passagers pour la plupart. Le V.I.H. (virus du sida) entraîne une immunodéficience profonde et définitive.

Voir : sida, maladie immunitaire.

immunodépresseur

Traitement visant à diminuer ou même à supprimer toute réponse immunitaire.

   Les traitements immunodépresseurs sont indispensables à la préparation à la greffe d'organe ou de moelle osseuse, et utiles au traitement de certains cancers sanguins et de plusieurs maladies auto-immunes. Il existe quatre catégories de traitements immunodépresseurs.

— Les traitements chimiques : depuis les corticoïdes jusqu'à la ciclosporine A, en passant par les drogues anti-métaboliques.

— Les traitements physiques : échanges plasmatiques et irradiations.

— Les traitements chirurgicaux : thymectomie, ablation de la rate et canulation du canal thoracique pour diminuer le volume de lymphe.

— Les traitements immunologiques : sérums anti-lymphocytes et anticorps monoclonaux contre une catégorie de lymphocytes, ou contre une substance produite par ces lymphocytes (comme les interleukines, l'interféron ou le TNF-α).

Voir : immunosuppresseur.

immunofluorescence

Méthode de laboratoire qui utilise des anticorps rendus fluorescents pour détecter la présence de diverses substances.

   L'immunofluorescence est utilisée pour rechercher et identifier, dans un prélèvement humoral (sang, liquide cérébrospinal, etc.) ou tissulaire, des anticorps sériques (immunofluorescence indirecte) ou bien des dépôts d'antigènes et d'anticorps caractéristiques d'une maladie (immunofluorescence directe). Cette méthode consiste à utiliser un réactif de laboratoire contenant un anticorps capable de se fixer spécifiquement sur la substance que l'on recherche. L'anticorps du réactif a été couplé à une substance fluorescente, en général de l'isothiocyanate de fluorescéine, visible par exemple avec un microscope à lumière ultraviolette. Le réactif est déposé sur le prélèvement qui provient du malade, puis la lame de microscope est rincée, ce qui emporte toutes les substances qui ne sont pas fixées. Si le prélèvement ne contient pas d'antigène, on n'observe rien. Dans le cas contraire, on observe une fluorescence dont la forme et la localisation (petites taches, bâtonnets, inclusions intracellulaires ou extracellulaires) sont fonction de la structure de l'antigène ainsi révélé.

immunogène

Qualifie les antigènes suscitant une production d'anticorps.

   Cette notion s'oppose à celle des tolérogènes qui provoquent activement la tolérance (celle-ci n'est donc pas une absence passive de réponse). Des antigènes sont immunogènes dans certaines conditions de doses et d'administration, mais tolérogènes dans d'autres conditions de doses et d'administration.

immunoglobuline

Protéine du sérum sanguin sécrétée par les plasmocytes, issus des lymphocytes (globules blancs intervenant dans l'immunité cellulaire) de type B en réaction à l'introduction dans l'organisme d'une substance étrangère (antigène).

Synonyme : anticorps.

   À la naissance, le nouveau-né possède certaines des immunoglobulines de sa mère (des IgG exclusivement), qui ont traversé le placenta pendant la grossesse et persistent quelques mois. D'autres lui sont apportées par le lait maternel. Progressivement, il crée lui-même son immunité (surtout des IgA), car son système immunitaire mûrit et il entre en contact avec les antigènes qui l'entourent.

DIFFÉRENTS TYPES D'IMMUNOGLOBULINE

Une immunoglobuline est constituée de 4 chaînes d'acides aminés (ou polypeptides), où l'on distingue deux chaînes dites légères et deux dites lourdes. Pour chaque immunoglobuline, les 2 chaînes lourdes sont identiques l'une à l'autre, de même que les 2 chaînes légères. La structure des chaînes lourdes définit cinq classes d'immunoglobulines : les immunoglobulines de type G, ou IgG (12 grammes par litre de sang), les IgA (2 grammes par litre), les IgM (1 gramme par litre), les IgD (0,2 gramme par litre) et les IgE (de 250 à 450 nanogrammes par litre).

— Les IgA jouent un rôle important dans la lutte contre les bactéries et virus dans les muqueuses (voies respiratoires ou digestives, par exemple). Leur durée de vie est courte mais, comme elles sont rapidement remplacées, ce sont les IgA qui sont le plus synthétisées par l'organisme.

— Les IgD interviennent dans la maturation des lymphocytes.

— Les IgE ont un rôle clé dans la défense contre les parasites et dans le mécanisme de l'allergie. Elles sont sécrétées contre les allergènes et entraînent dans l'organisme la libération d'histamine, substance responsable de l'apparition des symptômes de l'allergie (l'asthme, par exemple).

— Les IgG sont produites lors d'un contact avec un antigène qui se prolonge ou lors d'un second contact de l'organisme avec un antigène. C'est la réponse mémoire, principe selon lequel fonctionnent l'immunité acquise et les vaccins. Leur affinité pour l'antigène est plus forte que celle des IgM.

— Les IgM sont des immunoglobulines sécrétées lors du premier contact de l'organisme avec un antigène. Leur affinité pour l'antigène est plus faible que celle des IgC.

FONCTION

Une immunoglobuline est capable de se fixer spécifiquement sur l'antigène qui a provoqué sa synthèse, et sur lui seul ; elle prend alors le nom d'anticorps. Ainsi, une immunoglobuline produite contre le virus de la rougeole ne pourra pas reconnaître celui de la poliomyélite. Les immunoglobulines neutralisent les antigènes et induisent leur destruction par le complément (système enzymatique) ou par des cellules phagocytaires (macrophages, lymphocytes T, polynucléaires neutrophiles, monocytes) qui viennent se fixer à leur tour sur les immunoglobulines. La structure associant un antigène et un ou plusieurs anticorps dirigés contre lui est appelée « complexe immun ».

   Des analogies sont possibles entre deux antigènes qui sont donc reconnus par le même anticorps : on parle de mimétisme moléculaire. Par exemple, un antigène de virus peut ressembler à un auto-antigène (propre à l'organisme infecté). Les anticorps, dont la synthèse aura été suscitée par la présence du virus, reconnaîtront alors aussi l'auto-antigène, ce qui peut entraîner une maladie auto-immune.