Larousse Médical 2006Éd. 2006
A

alcoolémie

Teneur du sang en alcool éthylique.

   L'alcoolémie est l'indice le plus précis permettant d'apprécier l'importance d'une ingestion d'alcool. Le prélèvement veineux doit être fait en évitant de désinfecter la peau avec des produits contenant de l'alcool, de l'aldéhyde ou de l'acétone. Il est conservé à 4 °C. Le résultat est exprimé en grammes par litre. Le taux d'alcoolémie reflète approximativement la gravité de l'intoxication alcoolique. On considère qu'au-delà de 0,50 gramme par litre peuvent apparaître des anomalies du comportement. L'ivresse correspond à des valeurs de 1 à 2 grammes ; au-delà de 3 grammes, un coma peut survenir. Cependant, le taux d'alcoolémie varie en fonction de plusieurs facteurs : le degré alcoolique, la quantité ingérée par rapport à l'âge et au poids du sujet, le moment de l'ingestion (à jeun ou au cours d'un repas) et la nature des aliments ingérés en même temps que l'alcool, le sexe et l'état de santé du sujet.

   La législation définit une valeur d'alcoolémie à partir de laquelle la conduite des véhicules est interdite. Ce taux varie selon les pays ; en France, il est de 0,50 gramme par litre. L'alcoolémie d'un sujet à jeun, une heure après l'absorption d'alcool, peut se calculer selon la formule suivante : quantité d'alcool pur divisée par le poids (en kilogrammes) x A (avec A = 0,6 pour une femme et 0,7 pour un homme). En moyenne, 3 verres de vin rouge ou 2 verres de boisson plus alcoolisée suffisent à élever le taux d'alcoolémie au-delà de 0,50 gramme par litre. Chez un sujet qui s'est alcoolisé et qui a cessé de boire, l'alcoolémie diminue de 0,10 g par heure en moyenne.

alcoolisation

Consommation d'alcool, pouvant être faible, modérée ou excessive ; brève ou prolongée.

alcoolisme

  • Alcoolisme
Dépendance à l'égard de l'alcool et ensemble des manifestations pathologiques qui en résultent.

Synonyme : éthylisme.

Les termes alcoolisme et éthylisme ne rendant pas bien compte de la réalité et ayant une connotation péjorative, les alcoologues ont établi un vocabulaire plus adapté :
— alcoolisation : fait de boire une boisson alcoolisée. Une alcoolisation peut être importante ou modérée.
— alcoolodépendance : fait de ne pouvoir se passer d'alcool.
— alcoolopathie : maladie due à l'absorption de fortes doses d'alcool.
— abstinent : qui ne boit jamais.
— buveur modéré : qui boit moins que les doses préconisées.
— buveur excessif : qui boit plus que les normes préconisées. Un buveur excessif est souvent alcoolodépendant, mais peut ne pas l'être.

LA CONSOMMATION D'ALCOOL

— Les doses préconisées. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) fixe les doses maximales pour l'homme à 30 g d'alcool par jour (3 verres de vin), ou 210 g par semaine. Pour la femme les doses sont respectivement de 20 g (2 verres de vin) et de 140 g.

— La règle des 10 grammes. De manière approximative, on considère qu'un verre de boisson alcoolisée telle qu'elle est servie dans les cafés (vin, bière, apéritif, digestif) contient 10 grammes d'alcool pur.

LE MÉTABOLISME DE L'ALCOOL

L'alcool est absorbé par le tube digestif à une vitesse qui dépend du contenu gastrique. Un estomac plein et contenant des graisses ralentit l'absorption de l'alcool. Deux mécanismes importants (il y en a d'autres) dégradent l'alcool. Le premier repose sur l'enzyme alcool-déshydrogénase qui produit une dégradation peu toxique. Lorsque l'alcool-déshydrogénase est débordée par excès de boisson, une autre enzyme microsomale entre en jeu. Elle produit des radicaux libres qui sont des substances toxiques.

   Lors de son absorption, l'alcool se fixe sur le cerveau et procure des sensations plus ou moins agréables. Les dérivés toxiques (radicaux libres) agissent sur presque tous les tissus de l'organisme.

— Les différences hommes/femmes. Les femmes sont beaucoup plus sensibles que les hommes aux effets toxiques de l'alcool ; à consommation égale, elles souffrent d'alcoolopathies plus sévères. Plusieurs raisons sont en cause. Les femmes sont, en général, plus légères que les hommes ; pour des doses ingérées analogues, la teneur sanguine en alcool est donc plus élevée.

   L'alcool se diffuse plus difficilement dans les tissus gras que dans les tissus maigres (foie, cœur, etc.). Or le corps féminin est plus riche en tissus gras ; l'espace de diffusion de l'alcool est donc plus faible et la concentration en alcool plus forte dans les tissus maigres. Enfin, la transformation de l'alcool en acétaldéhyde, puis en acétate, produit davantage de substances toxiques chez les femmes.

L'IVRESSE

C'est l'effet rapide que peut provoquer l'ingestion de boissons alcoolisées. L'ivresse dépend de la concentration d'alcool dans le sang et se déroule en trois phases. Une phase d'excitation psychomotrice, qui se traduit surtout par une désinhibition. Une phase d'incoordination et d'instabilité (le buveur somnole, est atteint de confusion mentale et de troubles de l'équilibre) Dans certains cas, apparaît une agressivité dangereuse, des hallucinations, des délires ou une dépression.

   La phase ultime est le coma (le sujet est « ivre mort ») qui peut aboutir à la mort. Un sujet ivre mort doit être transporté à l'hôpital avec de grandes précautions (risque d'inhalation des vomissements).

LES DÉPENDANCES À L'ALCOOL

— La dépendance physique. Un consommateur d'alcool devient alcoolique, ou alcoolodépendant, lorsqu'il a perdu la liberté de s'abstenir de boire et qu'il ne peut cesser de consommer de l'alcool sans souffrir de symptômes caractéristiques (malaise généralisé accompagné de tremblements et de sueurs), appelés syndrome de sevrage. Ce syndrome disparaît dès que le sujet boit de l'alcool ou, sinon, s'aggrave et s'accompagne d'hallucinations pouvant aller jusqu'au délire aigu, associé à une déshydratation : c'est la crise de delirium tremens.

   Les mécanismes de cette dépendance physique sont liés à des perturbations de la membrane des cellules nerveuses et à des modifications des neurotransmetteurs, substances chargées de la transmission de l'information entre ces cellules.

— La dépendance psychique. Comme pour toutes les addictions, même en l'absence de dépendance physique, il existe des facteurs psychologiques et sociaux qui attirent les sujets vers les boissons alcoolisées.

LES ALCOOLOPATHIES

Il existe des effets toxiques directs de l'alcool. Une alcoolisation importante et régulière entraîne des lésions des différents organes, une augmentation du taux sanguin de graisses, ainsi que des carences nutritionnelles. En effet, boire réduit l'appétit et si l'alcool apporte des calories au buveur, il ne lui fournit ni protéines, ni vitamines, ni sels minéraux.

— L'atteinte du foie et des organes digestifs. Au premier stade le foie est le siège d'une accumulation de graisses (stéatose). L'alcoolisation massive et prolongée donne lieu à l'hépatite alcoolique subaiguë dont certains cas sont mortels. Enfin, à long terme, l'alcoolisation régulière donne lieu à une cirrhose, qu'il y ait eu ou non des épisodes d'ivresse ou des épisodes d'hépatite alcoolique. L'alcool provoque des pancréatites aiguës et chroniques.

— Les maladies nerveuses et cérébrales. L'alcool lèse le système nerveux soit directement, soit par une carence en vitamine B1, ce qui peut entraîner une polynévrite des membres inférieurs, une névrite rétrobulbaire avec baisse progressive et bilatérale de l'acuité visuelle, et une encéphalopathie de Gayet-Wernicke qui peut être mortelle. En cas de survie, peut survenir un syndrome de Korsakoff comportant une perte de la mémoire récente.

— Le cœur et les vaisseaux. La réputation de l'alcool comme favorable à l'appareil cardiovasculaire est usurpée. L'alcoolisation chronique provoque une hypertension artérielle. Le cœur est directement lésé, avec des troubles du rythme qui peuvent favoriser la survenue d'accidents vasculaires cérébraux. Dans les formes graves survient une cardiomyopathie alcoolique avec une insuffisance cardiaque. La mortalité est élevée.

— L'appareil osseux. Les os des grands buveurs sont déminéralisés et fragiles.

— Les glandes endocrines. Les hommes se féminisent (hypo-androgénie), les femmes souffrent d'aménorrhée (arrêt des règles). Dans les deux sexes, la libido s'émousse et les chances de procréer diminuent.

— Le sang. L'alcool entraîne des modifications sanguines : augmentation de la taille des globules rouges (macrocytose) et diminution du nombre de plaquettes (thrombopénie).

— Alcool et cancer. L'alcool favorise l'apparition des cancers du pharynx, de l'œsophage, du pancreas et du foie (par l'intermédiaire de la cirrhose).

— Alcool et grossesse. Lorsqu'une femme enceinte boit de l'alcool, surtout pendant les premiers mois de sa grossesse, elle compromet gravement la santé de son futur enfant.

   L'ingestion régulière d'alcool, même en quantité modérée, suffit parfois pour que le bébé souffre d'un syndrome dit d'alcoolisme fœtal, ou embryofœtopathie alcoolique : trop faible poids à la naissance, malformations, déficience intellectuelle, comportement instable. L'Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.) déconseille toute consommation d'alcool, même minime, au cours de la grossesse.