Larousse Médical 2006Éd. 2006
A

agnosie

Incapacité de reconnaître les objets, indépendamment de tout déficit sensoriel.

   Pour qu'un objet puisse être reconnu, l'information sensorielle le concernant doit être interprétée par le cerveau ; cela suppose la mise en action d'informations mémorisées pour des objets similaires. L'agnosie est due à une lésion des zones cérébrales concernant les fonctions d'interprétation et de mémorisation, d'origine traumatique, infectieuse, vasculaire, tumorale ou dégénérative.

DIFFÉRENTS TYPES D'AGNOSIE

L'agnosie ne concerne en général qu'une fonction : audition, toucher ou vision. Ainsi, un objet pourra être reconnu par la vue et l'audition mais pas par le toucher.

— L'agnosie auditive est l'incapacité d'identifier les bruits connus, les sons musicaux et le langage parlé, en dépit d'une audition normale.

— L'agnosie tactile est l'incapacité de reconnaître des objets par le seul contact digital.

— L'agnosie visuelle est l'incapacité de reconnaître par la vue, alors que le patient n'est pas aveugle, des formes ou des signes familiers : objets, images, couleurs, lettres, chiffres, etc. Quand le patient est incapable d'identifier un visage connu ou sa propre image dans un miroir, on parle de prosopagnosie.

agoniste

Substance qui se fixe sur les mêmes récepteurs cellulaires qu'une substance de référence et qui produit, au moins en partie, les mêmes effets.

   Un agoniste peut être une substance naturelle du corps humain ou un médicament. Les agonistes de la morphine, par exemple, sont prescrits pour leurs propriétés analgésiques. Certains médicaments du système nerveux végétatif sont des agonistes de l'adrénaline (alphastimulants, bêtastimulants) ou de l'acétylcholine (cholinergiques).

Voir : antagoniste.

agrafe

Petite lame de métal utilisée pour suturer les plaies.

agranulocytose

Absence dans le sang de granulocytes neutrophiles (globules blancs intervenant dans la lutte contre les bactéries.

   Sous ce terme sont habituellement regroupées les neutropénies profondes (insuffisances graves de granulocytes neutrophiles).

   S'il existe quelques formes constitutionnelles (maladie de Kostmann chez l'enfant), la plupart des agranulocytoses sont d'origine médicamenteuse (antithyroïdiens, phénothiazine, chimiothérapies anticancéreuses), immuno-allergique ou toxique.

SYMPTÔMES ET DIAGNOSTIC

Une agranulocytose se traduit par une fièvre, une angine douloureuse et d'autres manifestations oropharyngées. Elle peut se compliquer de divers types d'infections, localisées à un tissu ou se propageant dans le sang (septicémies). Dans le sang, on constate une disparition pratiquement complète des granulocytes (ou polynucléaires) neutrophiles. Le myélogramme (examen des cellules de la moelle osseuse) révèle l'absence de granulocytes matures, confirme le caractère isolé de l'agranulocytose et écarte un cancer. Le plus souvent, un médicament responsable est retrouvé.

ÉVOLUTION ET TRAITEMENT

L'évolution est généralement favorable, à condition d'interrompre toute prise de médicament suspect. Une antibiothérapie à large spectre doit être mise en œuvre immédiatement, par voie intraveineuse. L'isolement en chambre particulière est souvent nécessaire, compte tenu de la fragilité de ces malades face aux infections.

   Le traitement de la maladie de Kostmann repose sur l'utilisation d'un facteur de régulation de la production des granulocytes neutrophiles (le GCSF), obtenu par génie génétique.

PRÉVENTION

Elle est essentielle : tous les médicaments suspects d'induire des agranulocytoses sont interdits chez les patients ayant déjà présenté un accident de ce type.

agraphie

Incapacité d'écrire, indépendante de tout trouble moteur.

   L'agraphie s'accompagne le plus souvent d'une alexie (perte de la capacité de lecture) et s'intègre fréquemment dans un trouble plus général tel que l'aphasie (trouble du langage).

   L'écriture est fondée sur l'organisation complexe d'opérations mentales : sélection des mots, souvenir de l'orthographe de ces mots, formulation et exécution des mouvements nécessaires de la main et, enfin, vérification visuelle que les mots écrits correspondent bien à leur représentation mentale. Ces opérations exigent probablement une connexion entre plusieurs aires cérébrales. L'agraphie peut être due à des lésions touchant ces aires, d'origine traumatique, infectieuse, vasculaire, tumorale ou dégénérative.

DIFFÉRENTS TYPES D'AGRAPHIE

— L'agraphie aphasique s'accompagne d'un trouble du langage. Les caractères du graphisme sont en général bien conservés, mais l'utilisation du symbole est perturbée.

— L'agraphie apraxique est liée à un désordre neurologique de la motricité entravant les gestes élémentaires de l'écriture. C'est alors la répartition spatiale des éléments graphiques qui est perturbée.

agrégant plaquettaire

Substance susceptible de provoquer dans l'organisme ou dans un tube à essai l'agrégation des plaquettes entre elles.

   Sont agrégants plaquettaires l'adénosine diphosphate (A.D.P.), la thrombine, le collagène, la sérotonine.

agrégation plaquettaire

Phénomène consécutif à l'adhésion des plaquettes entre elles et au collagène (protéine du tissu conjonctif), sous l'effet de l'adénosine diphosphate (A.D.P.) que celles-ci libèrent.

   L'agrégation plaquettaire constitue une étape initiale de l'hémostase (coagulation sanguine) lorsqu'un vaisseau est lésé. Elle peut aussi avoir des effets indésirables lorsqu'elle se produit sur une plaque d'athérome : elle favorise alors la constitution d'un thrombus (caillot), qui se détache et obstrue un petit vaisseau irriguant le cerveau, constituant un accident ischémique transitoire.

agressivité

Tendance à s'opposer à autrui ou à l'attaquer, de façon réelle ou fantasmée.

   L'agressivité est en rapport étroit avec la satisfaction des besoins vitaux, la maîtrise du milieu et l'affirmation de soi. Les actes agressifs sont ceux qui retiennent le plus l'attention en raison de leur caractère spectaculaire et potentiellement dangereux (crises de fureur), mais l'agressivité peut prendre bien d'autres formes : attitudes (mimiques, regards), paroles (ironie, médisance, menaces, insultes) ou fantasmes.

   À l'origine de nombreux troubles mentaux existe une agressivité latente, mal assumée, engendrant angoisse et sentiment de culpabilité. Symptôme de la psychopathie (trouble des conduites sociales), l'agressivité se rencontre dans diverses maladies psychiatriques : névroses, psychoses, et dans les toxicomanies, l'épilepsie, etc.

   La thérapeutique de l'agressivité repose tout d'abord sur le traitement de sa cause, lorsque celle-ci est connue (alcoolisme, maladie psychiatrique, etc.). Elle doit aussi tenter d'aménager les conditions de vie et d'hygiène mentale du patient (actions pédagogiques visant à renforcer, en les valorisant, les attitudes de tolérance, de compréhension). Dans un premier temps, la chimiothérapie se révèle efficace : traitement sédatif temporaire par des tranquillisants et des neuroleptiques (antipsychotiques). Une psychothérapie est souvent nécessaire afin d'éviter la récidive.