Larousse Médical 2006Éd. 2006
G

greffe de nerf

Transplantation chirurgicale d'un nerf.

   Les greffes de nerf consistent à prélever sur un sujet un segment de nerf sensitif peu important, puis à le suturer aux deux bouts d'un nerf moteur ou sensitif lésé ou sectionné à la suite d'un accident ou d'une intervention chirurgicale. Le résultat n'est pas immédiat. En effet, le greffon ne joue aucun rôle nerveux : il sert de gaine guidant la repousse des fibres du nerf lésé dans la bonne direction, cette repousse pouvant demander plusieurs mois.

greffe de peau

Greffe d'un fragment de peau, naturel ou développé en laboratoire, sur une région où la peau a été détruite.

   La greffe de peau est surtout utilisée en cas de brûlure mais aussi quand une intervention chirurgicale a retiré une surface de peau importante (souvent pour traiter un cancer) ou après une blessure.

AUTOGREFFE

La peau est prélevée sur le sujet lui-même, si possible en un endroit peu visible (cuisse, bas-ventre, cuir chevelu, région inguinale, etc.). La greffe peut être soit superficielle, dermoépidermique, ne prélevant que les couches superficielles de la peau, soit totale, prélevant la peau dans toute son épaisseur. Dans certains cas, notamment en cas de perte de substance importante, on peut être amené à pratiquer des prélèvements de portions de muscles sous-jacents : on parle alors de lambeau musculocutané. Ce lambeau peut être prélevé et greffé avec son pédicule nourricier (artères et veines) par microchirurgie. Plus rarement, on peut se contenter de petits cylindres de peau (greffes en pastille dans les ulcères de jambe). Le greffon est soit directement posé sur la surface à greffer, soit traité en laboratoire pour que ses cellules prolifèrent ; cette technique, appelée culture d'épiderme, permet de produire jusqu'à 1 mètre carré de nouvel épiderme à partir d'un greffon de 1 centimètre carré.

   L'intérêt de l'autogreffe est l'absence de rejet immunitaire. Les tissus du sujet établissent progressivement des connexions avec le greffon et, en une dizaine de jours environ, la greffe « prend ». Les greffes de peau superficielles, assez inesthétiques, sont réservées aux zones peu apparentes. Lorsque la greffe est totale, la zone traitée cicatrise mieux et son aspect se rapproche davantage de celui de la peau d'origine : on la réserve donc généralement au visage.

ALLOGREFFE

Cette technique, beaucoup plus rarement appliquée, n'est indiquée qu'en cas de brûlure étendue, quand le sujet n'a plus assez de peau normale. La peau greffée provient alors de personnes décédées, éventuellement après une période de conservation dans une banque d'organes. Elle est rapidement rejetée par le système immunitaire du malade mais permet de passer le cap difficile des premiers jours en tant que pansement provisoire.

greffe de rein

Transfert d'un des reins d'un sujet donneur sur un malade receveur dont les reins ne fonctionnent plus.

Synonyme : transplantation du rein.

   Les premières greffes de rein ont été pratiquées au début des années 1950 à Boston (équipe du médecin américain David Hume) et à Paris (équipes des médecins français René Küss et Jean Hamburger). C'est, aujourd'hui, la plus fréquente des greffes d'organe.

   La greffe de rein se pratique chez des patients atteints d'une insuffisance rénale grave, traités par hémodialyse. Un seul rein est greffé, qui suffira à assurer la fonction rénale de tout l'organisme. Exceptionnellement, deux reins sont greffés si leur fonction paraît insuffisante. Le malade doit, en principe, avoir moins de 60 ans. Le donneur est le plus souvent un sujet en état de mort cérébrale, plus rarement une personne vivante (souvent l'un des parents, un frère ou une sœur et, éventuellement, des sujets non apparentés, mari ou femme par exemple). Donneur et receveur doivent être du même groupe sanguin et apparentés sur le plan HLA (histocompatibilité). Le rein greffé est placé dans la fosse iliaque (en bas et sur le côté de l'abdomen) et ses vaisseaux sont abouchés aux vaisseaux iliaques du malade, l'uretère sortant du rein greffé étant, quant à lui, abouché à la vessie du malade ou à l'un de ses uretères. Après transplantation, un traitement immunosuppresseur permet d'éviter le rejet du greffon.

PRONOSTIC

La greffe rénale est couronnée de succès dans plus de 80 % des cas, les résultats étant encore supérieurs si le donneur a une bonne compatibilité tissulaire (groupe HLA) avec le receveur. L'échec d'une greffe de rein a des conséquences moins graves que celui d'une greffe de cœur, de foie ou de poumon : en cas de rejet, le patient doit reprendre des séances de dialyse. S'il est bien portant, une nouvelle greffe peut être tentée.

greffe de tendon

Transplantation chirurgicale d'un tendon.

Elle se pratique surtout en cas de section avec perte de substance d'un tendon (arrachement, par exemple). Ce sont les tendons des doigts qui sont les plus vulnérables ; on les remplace le plus souvent par un tendon d'un orteil ou d'un poignet.

greffe de visage

Transplantation chirurgicale des tissus de la face.

   La plus impressionnante des greffes de tissus a été réalisée à Amiens en novembre 2005, suivie d'une seconde greffe à Paris un an plus tard sous forme d'une greffe partielle de visage intéressant le triangle nez-bouche et la partie voisine du massif facial, des considérations d'ordre éthique limitant le territoire à greffer.

   Après prélèvement sur un sujet en état de mort cérébrale et reconstitution par prothèse de son propre visage, la greffe a comporté une suture microchirurgicale des artères, des veines, des nerfs, des muscles et de la peau. Du fait du caractère très immunogène de ces tissus, le traitement immunosuppresseur a associé plusieurs médicaments à une greffe de cellules de moelle osseuse provenant du donneur. La récupération de la sensibilité et de la motricité du visage a été progressive, et la défiguration, supprimée. Une nouvelle voie a été ainsi ouverte dans le domaine des greffes de tissus.

greffe d'os

Transplantation chirurgicale d'un fragment osseux.

AUTOGREFFE

De loin la plus pratiquée des greffes d'os, elle consiste à prélever un fragment osseux sur le sujet lui-même, au niveau du tibia ou de la crête iliaque (bord supérieur de l'os du bassin). Le péroné aussi peut être utilisé ; on conserve alors son artère nourricière, ce qui permet de disposer d'un greffon osseux vivant. Les autogreffes sont employées pour combler une perte de substance (reconstruction d'une vertèbre, par exemple), pour faciliter la consolidation d'un os fracturé ou pour favoriser la bonne évolution d'un cal. On les utilise aussi pour réaliser des butées (obstacles placés sur une articulation pour en limiter les mouvements excessifs et prévenir ainsi les luxations) de hanche ou d'épaule ou une arthrodèse (intervention chirurgicale consistant à bloquer définitivement une articulation, par exemple entre deux vertèbres). Le greffon est posé ou encastré à l'endroit de la perte de substance et, au besoin, fixé par des vis. Les autogreffes ont de très bons résultats, l'incorporation du greffon dans l'os greffé s'effectuant dans un délai d'environ 6 semaines.

ALLOGREFFE

Cette technique s'emploie lorsque la perte de substance est très importante, par exemple après l'ablation de tumeurs osseuses. Le greffon provient alors d'une personne décédée ou opérée (ablation de la tête du fémur pour arthrose) ; il a été traité par irradiation et conservé par congélation ou lyophilisation dans une banque d'organes. Le greffon est fixé à l'aide d'un clou ou d'une plaque lorsqu'on reconstruit un os, à l'aide d'une prothèse s'il s'agit d'une articulation. Contrairement aux autogreffes, le greffon sert de trame sur laquelle l'os nouveau se reconstitue.