Larousse Médical 2006Éd. 2006
V

virulence

Aptitude d'un germe (bactérie, virus) à se multiplier dans un organisme, déterminant ainsi une maladie.

   La virulence est l'un des deux éléments qui caractérisent le pouvoir pathogène (provoquant une maladie) des bactéries, l'autre étant lié à la production éventuelle de toxines par cette bactérie. Elle est génétiquement déterminée et conditionnée par l'action de divers constituants du germe : capsule, enzymes, etc. Une bactérie très virulente a donc un fort pouvoir de multiplication, l'expression de cette virulence étant fonction de nombreux facteurs : voie d'introduction dans l'organisme, inoculum (nombre de particules inoculées), capacité d'implantation du micro-organisme, réactions de défense de l'hôte.

   À des fins de vaccination, on obtient des souches de virus atténués par passages successifs sur des milieux de culture appauvris.

virus

Agent infectieux invisible au microscope optique.

HISTORIQUE

Le mot virus, qui signifie « poison » en latin, a été utilisé dans ce sens jusqu'à la fin du XIXe siècle. On constata alors qu'en solution, l'agent de la mosaïque du tabac était invisible au microscope optique et gardait sa virulence une fois filtrée, ce qui suscita la notion de « virus filtrant », ou « ultravirus ». Dans la seconde moitié du XXe siècle, les progrès de la recherche, où le microscope électronique eut une grande part, permirent une meilleure compréhension de la nature des virus. Depuis 1950 environ, le terme virus est le seul employé.

DESCRIPTION

Les virus se caractérisent par leur petitesse (entre 12 et 300 nanomètres), qui leur permet de traverser des filtres très fins (filtres en porcelaine). Ils sont constitués d'un seul acide nucléique, A.R.N. ou A.D.N., enfermé dans une capside (coque de protéines), le tout – appelé nucléocapside – étant entouré chez certains virus par un péplos (deuxième enveloppe, composée de lipoprotéines). Les constituants des virus s'ordonnent régulièrement selon une symétrie ou une structure cristalline qui est soit de type cubique, soit de type hélicoïdal, soit de type mixte. La présence ou l'absence d'enveloppe lipoprotéique et la structure de la nucléocapside déterminent, entre autres facteurs (nature de l'acide nucléique, taille de la nucléocapside, nature des protéines de surface, etc.), les propriétés du virus.

PROPRIÉTÉS

Les virus se situent à la limite de la matière inerte et de la matière vivante. Ils n'ont pas de métabolisme et diffèrent en cela fondamentalement des autres agents infectieux (bactéries, champignons microscopiques, parasites). Par conséquent, ils ne sont pas capables de produire de l'énergie pour synthétiser leurs macromolécules et se reproduire. Il leur faut, pour cela, utiliser le métabolisme des cellules vivantes qu'ils infectent. C'est ce détournement à leur profit des fonctions des cellules qui peut provoquer une maladie dans l'organisme infecté.

   La façon dont la cellule réagit à la présence du virus est très variable ; aussi distingue-t-on différents types d'infection cellulaire : aiguë et cytolytique (entraînant la mort de la cellule), persistante, chronique, latente, lente ou encore transformante (cancérisation à l'échelle cellulaire).

   Les virus peuvent infecter tous les organismes, animaux ou végétaux, y compris les bactéries, les champignons et les algues, chaque espèce virale étant parfaitement adaptée à son hôte et à certains tissus de cet hôte (par exemple, chez l'homme : sang, ganglions lymphatiques, peau, foie, tissu nerveux, etc.). Ils sont souvent la cause d'épidémies (grippe, fièvre jaune, sida).

   La contamination peut emprunter différentes voies : voie respiratoire (grippe) ou digestive (poliomyélite), voie transcutanée, par piqûre ou morsure (rage), voie transmuqueuse, et notamment voie sexuelle (herpès, V.I.H., hépatite B), voie sanguine (hépatites B et C, V.I.H.).

   Nombre de virus sont immunogènes, c'est-à-dire qu'ils déclenchent une réponse immunitaire spécifique par l'organisme qu'ils attaquent (anticorps ou cellules cytotoxiques). S'ils se maintiennent dans l'organisme, les agents de cette réponse immunitaire (lymphocytes B et/ou T) protègent habituellement ce dernier contre une nouvelle infection par le même virus ; cela est le cas, par exemple, pour la rougeole, la rubéole et la poliomyélite, maladies dites, pour cette raison, immunisantes.

   D'autre part, en introduisant leur acide nucléique dans la cellule, les virus sont capables de modifier profondément l'information génétique de celle-ci et, par exemple, d'induire sa transformation en cellule cancéreuse (virus oncogène).

DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT DES INFECTIONS VIRALES

Le diagnostic d'une maladie virale peut s'appuyer sur la sérologie (recherche d'anticorps dans le sérum sanguin) ou sur la mise en évidence, par culture cellulaire ou biologie moléculaire (amplification génique), du virus dans le sang, les urines, la salive, etc.

   Le traitement des maladies à virus va de celui des symptômes – cas de la grippe, par exemple – à l'utilisation de médicaments antiviraux (aciclovir contre le virus de l'herpès, par exemple). Le meilleur traitement est préventif et repose sur la vaccination lorsqu'un vaccin est disponible. 

virus de l'immunodéficience humaine

Virus responsable du sida. En anglais, Human Immunodeficiency Virus (HIV).

DESCRIPTION

Les virus de l'immunodéficience humaine (V.I.H.) constituent la sous-famille des lentivirus, appartenant elle-même à la famille des rétrovirus. Ces derniers sont des virus à A.R.N., capables de rétrotranscrire leur A.R.N. en A.D.N., c'est-à-dire de copier l'information génétique contenue dans leur A.R.N. sous la forme d'un A.D.N., grâce à une enzyme qu'ils contiennent, la transcriptase inverse. Cet A.D.N., dit proviral, s'intègre ensuite à l'A.D.N. de la cellule infectée pour y demeurer en attente ou pour se faire copier (reproduire) par l'A.D.N. de la cellule.

DIFFÉRENTES ESPÈCES DE V.I.H.

On connaît actuellement deux virus de l'immunodéficience humaine. Le V.I.H. 1, découvert en 1983, et le V.I.H. 2, découvert en 1986. Le V.I.H. 2 est actuellement limité à l'Afrique occidentale.

PROCESSUS DE DUPLICATION

Le V.I.H. infecte les lymphocytes T4 (ou lymphocytes CD4), globules blancs jouant un rôle fondamental dans la défense immunitaire, et les détruit après les avoir utilisés pour se répliquer. Le V.I.H. est immunogène, c'est-à-dire qu'il provoque la fabrication d'anticorps spécifiques par l'organisme qu'il infecte ; cependant, ces anticorps sont incapables de défendre l'organisme, car – probablement à cause de la grande variabilité du V.I.H. – ils reconnaissent difficilement ce virus.

   La destruction des lymphocytes T4 aboutit à la disparition des défenses immunitaires, donc à l'incapacité pour l'organisme de se défendre contre les infections. Le V.I.H. s'attaque aussi à d'autres globules blancs, les macrophages, et même à des cellules nerveuses ou musculaires.

MODE DE TRANSMISSION DU VIRUS

Le V.I.H. se transmet par la voie sexuelle, par la voie sanguine (transfusion de sang infecté non chauffé, réutilisation des seringues ou emploi de la même seringue par plusieurs toxicomanes) et, de la mère à l'enfant, par la voie transplacentaire (de 20 à 50 % des cas, selon les pays).

DIAGNOSTIC

L'infection par le V.I.H. est révélée par la présence dans le sérum sanguin d'anticorps spécifiques développés contre le virus (test ELISA), décelables seulement 6 à 12 semaines environ après la contamination. Mais, ce test pouvant être faussement positif, un résultat positif doit être contrôlé par la réaction dite de Western-Blot, sensible aux protéines du virus.

Voir : sang, sida.