Larousse Médical 2006Éd. 2006
S

saturnisme

Ensemble des manifestations dues à une intoxication par le plomb ou par les sels de plomb.

   L'absorption d'aliments ou de boissons acides cuits dans des récipients à revêtement de plomb, celle d'alcools distillés dans des alambics à tuyaux de plomb (tous procédés désormais interdits), l'absorption d'eau du robinet dans un immeuble aux canalisations plombées défectueuses furent autrefois à l'origine de nombreux cas de saturnisme. Aujourd'hui, le saturnisme touche le plus souvent les employés des mines de plomb, les soudeurs, les étameurs, les émailleurs, les peintres (décapage d'anciennes peintures au plomb), les fabricants d'accumulateurs au plomb et les garagistes (la calamine contenant du plomb tétraéthyle). Les enfants des quartiers déshérités peuvent aussi s'intoxiquer en léchant ou en ingérant d'anciennes peintures au plomb.

SYMPTÔMES ET SIGNES

Comme l'élimination du plomb est très lente, celui-ci s'accumule, d'abord dans les os puis dans les autres tissus.

— L'intoxication aiguë se traduit par des douleurs abdominales intenses avec diarrhées et vomissements, ou « coliques de plomb », par une polynévrite (atteinte du système nerveux périphérique) puis par des convulsions qui peuvent être mortelles si le traitement n'est pas entrepris assez tôt.

— L'intoxication chronique ajoute à ces symptômes des troubles du comportement, des pertes de mémoire, des maux de tête, une cécité définitive, une hypertension artérielle ; en outre, les gencives du sujet sont recouvertes d'un liseré bleuté. Parfois, ces symptômes surviennent de façon isolée.

DIAGNOSTIC

Les examens sanguins révèlent une anémie avec des globules rouges « ponctués » (contenant des granulations basophiles [qui attirent les colorants basiques]). Le diagnostic peut être confirmé par le dosage du taux sanguin de plomb, qui est supérieur à 0,8 milligramme par litre.

TRAITEMENT ET PRONOSTIC

Le traitement consiste à éliminer le plomb à l'aide de chélateurs (E.D.T.A. calcique), administrés de préférence en milieu hospitalier par cures discontinues d'environ une semaine. Le traitement dure jusqu'à ce que le plomb fixé sur les os soit éliminé. Si l'on obtient en général une régression des lésions dans les formes aiguës, le pronostic est beaucoup plus sombre dans les formes chroniques de saturnisme.

   La prévention, fondamentale, repose sur diverses dispositions réglementaires : interdiction de l'emploi de céruse en peinture, de tuyauteries en plomb ; protection des sujets professionnellement exposés, associée à une surveillance médicale ; protection de la population par des mesures telles que l'introduction d'essence sans plomb.

   Le saturnisme est une maladie à déclaration obligatoire.

savon

Substance utilisée pour son pouvoir nettoyant.

   Les savons sont obtenus en faisant agir une substance basique (alcaline), comme la soude ou la potasse, sur un corps gras tel qu'un ester ou un acide du glycérol.
Les acides libérés se mélangent à la base et donnent un sel moussant et détergent qui est le savon. Cette transformation est appelée saponification.

DIFFÉRENTS TYPES DE SAVON

— Les savons antiseptiques renferment, en plus d'une substance basique et d'un corps gras, une substance de synthèse qui détruit les germes pathogènes : formol, crésol, alcool. Ces savons, liquides ou solides, servent au lavage des mains avant la réalisation des pansements.

— Les savons surgras sont à base de lanoline ou d'acides gras libres.

— Les savons acides, ou pseudosavons, sont constitués d'émulsions aqueuses à base d'alcools gras sulfonés, acidifiés par l'acide tartrique, benzoïque ou lactique et contenant des huiles naturelles ou des glycérides. Les savons acides, de même que les savons surgras, permettent à l'épiderme de conserver son pH : ils sont bien supportés et évitent la prolifération bactérienne.

— Les pains dermatologiques contiennent une substance détergente non basique. Ils sont utilisés pour la toilette quand la personne a une peau fragile ou irritée par une affection. Certains pains dermatologiques sont à base de substance médicamenteuse, comme le goudron ou l'huile de cade, et sont prescrits comme adjuvants dans diverses affections dermatologiques telles que le psoriasis.

scalp

Arrachement d'une surface plus ou moins grande du cuir chevelu.

   Un scalp peut nécessiter une intervention chirurgicale : suture microchirurgicale (couture des vaisseaux sanguins de la peau), en cas d'arrachement complet, après repositionnement du lambeau arraché, greffe ou expansion cutanée. Cette dernière technique consiste à distendre une partie saine du cuir chevelu, durant plusieurs mois, à l'aide d'un ballonnet gonflable placé sous la peau, la partie distendue excédentaire servant ensuite à recouvrir la zone traumatisée.

Scanner à rayons X

Appareil d'imagerie médicale utilisant les rayons X et l'informatique pour produire (point par point ou pixel par pixel) des images en coupes d'une région anatomique, ou scans RX.

Synonymes : scanner RX, tomodensitomètre.

   Le terme « scanner » est souvent utilisé pour décrire l'examen lui-même et non l'appareil. L'examen est aussi appelé tomodensitométrie (T.D.M.).

   Les images obtenues sont largement plus informatives que celles des radiographies classiques. Des capteurs remplacent le film radiographique à 4 valeurs, du noir au blanc (noir, gris sombre, gris clair et blanc), par le calcul informatique sur une échelle de 2 000 valeurs de gris, du noir au blanc, au moins. L'information anatomique atteint une résolution inframillimétrique. L'information « de densité » – relative à l'absorption des rayons X et retranscrite en valeurs de gris sur les images – est considérablement améliorée par rapport aux radiographies et permet une étude détaillée des structures osseuses et des parties molles.

   Le scan RX est devenu un examen d'imagerie courant. Il peut être réalisé sans ou avec injection de produit de contraste iodé et, parfois, avec une préparation spéciale, pour les examens digestifs par exemple.

Historique

Le premier scanner à rayons X, inventé en 1972 par l'ingénieur britannique Godfrey Newbold Hounsfield (prix Nobel de médecine et de physiologie) était un appareil conçu pour la seule imagerie en coupes de la tête : sans ponction, ni ouverture du crâne, il devenait « facile » d'obtenir des images de la tête, en particulier du cerveau, des ventricules cérébraux et des espaces liquidiens qui l'entourent. Secondairement, sur le même principe, il a été inventé des appareils d'imagerie en coupes du « corps entier », maintes fois améliorés depuis. Les scanners RX actuels utilisent des acquisitions volumiques et toutes les fonctionnalités de l'informatique pour manipuler les images dans l'espace.

Indications

— Le scan RX de la tête, ou scan RX cérébral, est l'examen d'imagerie de première intention de la tête. Sur les images, on peut reconnaître des aspects normaux (en cas de migraines, par exemple) et des aspects lésionnels traumatiques (hématomes), vasculaires (accidents vasculaires cérébraux), tumoraux, infectieux, malformatifs ou autres.

   Certaines indications peuvent justifier une injection intraveineuse de produit de contraste iodé, pour caractériser des « prises de contraste lésionnelles » ; mais ce sont aussi souvent des indications d'I.R.M. de la tête, qui s'avère alors un bon complément du scan RX sans injection. Le scan RX de la tête connaît des déclinaisons en fonction de la région d'intérêt : scan RX orbitaire, explorant particulièrement les parois orbitaires (recherche de fracture), les yeux, les nerfs optiques et leurs méninges, les muscles et les compartiments graisseux ; scan RX des sinus de la face (bilan de sinusite) ; scan RX du massif facial ; scan RX des rochers, explorant particulièrement les structures fines de l'oreille moyenne (les osselets) et de l'oreille interne (organes de l'audition et de l'équilibre) ; scan RX dentaire, etc.

— Le scan RX de la colonne vertébrale ou du rachis permet une étude détaillée des vertèbres, des disques intervertébraux, du canal rachidien et des parties molles de voisinage. Il peut s'agir d'un scan RX lombaire, plus particulièrement indiqué dans l'exploration des sciatiques et autres douleurs radiculaires des membres inférieurs (lorsqu'une indication chirurgicale est envisagée), d'un scan RX cervical, plus particulièrement indiqué dans l'exploration des névralgies cervico-brachiales ou douleurs radiculaires des membres supérieurs, de scan RX du segment thoracique. Pour des raisons dosimétriques, le scan RX du rachis doit rester localisé. L'I.R.M. du rachis et du contenu canalaire est préférable pour une vue d'ensemble. L'I.R.M. est indiquée en première intention en cas de pathologie de la moelle épinière.

— Le scan RX du thorax permet une étude fine de la structure des poumons, des plèvres, de la cage thoracique, ainsi que du médiastin, qui comporte le cœur et les gros vaisseaux (l'aorte par exemple), la trachée et l'œsophage. C'est, pour les poumons, un examen complémentaire des radiographies. Il a conduit à l'abandon des tomographies pulmonaires. La réalisation de l'examen peut être déclinée sans ou avec injection de produit de contraste iodé. Certains scanners RX de haut de gamme permettent une imagerie morphologique et fonctionnelle du cœur, ou scan RX cardiaque. Avec une injection de produit de contraste iodé, ils permettent de réaliser un scan RX des artères coronaires ou coronaro-scan RX.

— Le scan RX abdomino-pelvien permet une étude fine de toute la région de l'abdomen, du bassin ou pelvis et des structures profondes postérieures dites rétropéritonéales, comme les reins et le pancréas. Les organes pleins, comme le foie, la rate et les reins, sont directement évaluables, avec ou sans injection de produit de contraste iodé. Une injection est nécessaire pour l'opacification des voies urinaires, des reins à la vessie. Les organes creux (le tube digestif) peuvent nécessiter une opacification par un produit de contraste iodé hydrosoluble administré par voie orale ou par lavement rectal. Une préparation digestive spéciale est nécessaire pour la réalisation d'un coloscan RX. Les organes génitaux sont inclus dans l'étude.

— Dans le bilan des lésions tumorales, le scan RX explore le thorax puis la région abdomino-pelvienne et, enfin, la tête.

— En pathologie ostéo-articulaire, le scan RX est aussi nettement plus performant que les radiographies. Il étudie les structures osseuses (recherche de fracture ou d'autres lésions osseuses) et les parties molles, musculaires et autres, qui relèvent aussi d'une exploration par échographie et parfois par l'I.R.M.

— En pathologie vasculaire, le scan RX avec injection de produit de contraste iodé a aussi des indications dites d'angio-scan RX. Elles participent en particulier à l'évaluation des lésions « d'artérite » ou d'athérome, quel qu'en soit le siège, et plus encore pour l'étude des sténoses carotidiennes (en pathologie vasculaire cérébrale) et des anévrysmes intracrâniens.

— En complément d'un acte de radiologie conventionnelle, un scan RX peut être réalisé, souvent avec administration de produit de contraste : myélo-scan RX après une myélographie, arthro-scan au décours d'une arthrographie, etc.

   La comparaison des résultats d'un examen par scanner RX avec un examen par I.R.M. montre trois supériorités de l'I.R.M. : sa sensibilité est des millions de fois plus élevée car l'imagerie est multiparamétrique alors qu'un scan RX est monoparamétrique ; elle est tridimensionnelle (acquisition dans tous les plans de l'espace alors qu'un scan RX est axial et transverse) ; elle est strictement inoffensive (ondes électromagnétiques de l'I.R.M. contre radiations ionisantes des rayons X). Un inconvénient de l'I.R.M., le champ magnétique intense, en revanche, n'existe pas pour le scanner RX. Les deux techniques sont, en conséquence, complémentaires.