Larousse Médical 2006Éd. 2006
M

médicament (suite)

VOIE EXTERNE

Il n'existe pas de voie strictement externe puisque les médicaments appliqués sur la peau, qui est perméable, se diffusent au moins partiellement, à plus ou moins grande profondeur, dans l'organisme.

— L'alcoolat est une solution alcoolique d'essence de plantes (alcoolat de mélisse).

— Le cataplasme est une préparation à base de poudre, enveloppée dans un tissu, à action locale, calmante ou révulsive (farine de moutarde). Étant donné le risque d'infection, il ne faut pas appliquer un cataplasme sur une blessure.

— Le collutoire est un liquide visqueux à base de glycérine, destiné à être appliqué sur les muqueuses buccales par pulvérisation ou à l'aide d'un badigeon stérile (antiseptique, anesthésique local).

— Le collyre est une préparation aqueuse, isotonique aux larmes, destinée à être appliquée sur la muqueuse de l'œil (antibiotique, vasoconstricteur, vitamine). Les collyres s'utilisent en bain ou en instillation, avec un compte-gouttes. Il faut conserver les collyres multidoses dans le réfrigérateur et ne pas les garder plus de quinze jours après leur ouverture pour éviter les risques d'infection oculaire.

— La crème est une préparation molle à base d'eau et d'huile. Les crèmes servent à protéger la peau (crème solaire) ou sont les véhicules de nombreux principes actifs.

— Le gel est un liquide gélifié grâce à de la gomme, à de l'amidon, à de la paraffine, contenant des principes actifs qui traverseront plus ou moins l'épiderme ou la muqueuse selon les qualités de l'excipient.

— La lotion est une préparation aqueuse ou alcoolique à appliquer en friction.

— L'onguent est une préparation à base de résines et de corps gras, de consistance semi-molle.

— La pommade est une préparation semi-solide à base de graisse végétale, animale ou minérale, à action protectrice adoucissante ou transportant divers principes actifs à action locale ou plus ou moins générale (antibiotiques, anti-inflammatoires, analgésiques). Les pommades ophtalmiques (pommades destinées à être appliquées sur la muqueuse de l'œil), moins liquides que les collyres, maintiennent plus longtemps les principes actifs au contact de l'œil.

Passage du médicament dans l'organisme

Une fois administré, un médicament suit trois phases : la résorption, la distribution et l'élimination. Leur étude est nommée pharmacocinétique.

RÉSORPTION

La résorption est le passage du médicament de son site d'administration vers la circulation générale. Une fraction seulement de la dose administrée atteint la circulation générale (biodisponibilité, ou disponibilité biologique), sauf en cas d'injection intraveineuse. La biodisponibilité doit être assez grande pour que le médicament soit absorbé en quantité suffisante et assez rapidement pour avoir l'efficacité souhaitée. Elle dépend des propriétés physicochimiques du médicament (solubilité, vitesse de dissolution, etc.).

   La chronopharmacologie joue aussi un rôle : un médicament est plus ou moins efficace suivant l'heure à laquelle il est administré, en particulier en raison des variations cycliques d'activité des enzymes qui le dégradent dans le foie. Enfin, il y a intérêt à prendre certains médicaments avant, d'autres pendant, d'autres encore après les repas.

DISTRIBUTION

Après son entrée dans la circulation générale, un médicament se distribue dans tout l'organisme. Sa répartition entre les différents tissus est inégale, du fait des différences de perméabilité, de volume ou d'irrigation sanguine de ces tissus. Le fait que le médicament commence à être métabolisé (transformé physicochimiquement) dès son entrée dans l'organisme rend le processus de distribution instable et complexe.

ÉLIMINATION

L'organisme tente d'éliminer le plus rapidement possible toute substance étrangère et/ou toxique qui y a été introduite. L'élimination se fait par excrétion directe (élimination sans transformation du médicament) ou par excrétion des métabolites (produits résultant de la transformation du médicament dans l'organisme) grâce aux divers organes servant à évacuer les déchets du métabolisme : rein, foie, poumon, intestin, etc.

PRESCRIPTION ET SURVEILLANCE

Beaucoup de facteurs influençant le comportement des médicaments dans l'organisme doivent être pris en compte dans la prescription : l'âge et le poids du patient, l'existence éventuelle d'une maladie, les interactions médicamenteuses, la voie d'introduction du médicament dans l'organisme. Une fois la prescription établie, il faut continuer à surveiller le comportement des médicaments dans l'organisme, en particulier leur concentration dans le plasma. Doivent être particulièrement surveillés les taux sanguins des digitaliques dans le traitement de l'insuffisance cardiaque, des théophyllines dans le traitement de l'asthme, du lithium dans le traitement de la psychose maniacodépressive, des anticoagulants, surtout au long cours, et de divers médicaments antiarythmiques (destinés à corriger certains troubles du rythme cardiaque) et hormonaux.

Voir : chronobiologie, interaction médicamenteuse, pharmacodépendance, résistance aux médicaments anti-infectieux, implant médicamenteux, synergie médicamenteuse.

La dénomination des médicaments

Un médicament contient un ou plusieurs principes actifs. Généralement, le principe actif essentiel donne le nom au médicament. Et chaque principe actif essentiel est identifié de trois façons différentes suivant que l'on se place d'un point de vue scientifique, législatif ou commercial.

   La dénomination scientifique est le nom chimique exact du principe actif. Elle est généralement peu employée en raison de sa complexité.

   La dénomination commune internationale (D.C.I.) correspond au nom générique du principe actif en médecine. C'est cette dénomination d'usage courant qui est utilisée dans ce dictionnaire.

   La dénomination commerciale est donnée par les laboratoires pharmaceutiques, qui découvrent de nouveaux médicaments en modifiant les structures moléculaires des substances originelles de façon à augmenter leur efficacité thérapeutique et à diminuer les effets secondaires. Un même principe actif pouvant être commercialisé par deux laboratoires différents, deux noms commerciaux peuvent correspondre exactement à la même substance.

   Un générique est un médicament identique, par sa composition, sa présentation et son dosage, à un médicament vendu sous un nom de marque. En effet, une spécialité, lorsqu'elle n'est plus protégée par son brevet, tombée dans le domaine public une fois écoulée la période légale de protection, n'est plus la propriété du laboratoire qui l'a découverte. Elle peut alors être copiée et commercialisée, à moindre coût, sous un autre nom de spécialité.

Enfants et médicaments

Chez l'enfant, les médicaments ont des effets différents de ceux observés chez l'adulte.

   L'absorption par l'estomac et l'intestin des médicaments pris par voie orale peut être retardée ou prolongée, car les capacités digestives de l'enfant sont encore incomplètement développées. L'absorption par voie intramusculaire est imprévisible chez le nouveau-né en ce qui concerne la vitesse d'absorption ou le pourcentage de produit absorbé. Par voie cutanée, l'absorption est très augmentée chez les jeunes enfants. Ce phénomène est le plus souvent indésirable et d'autant plus fréquent que la surface d'application est grande, que l'administration est prolongée, que la peau est lésée (eczéma) et qu'il existe une occlusion (pansement ou couches). Ainsi, les dermocorticostéroïdes, utilisés dans le traitement de lésions cutanées, ont facilement chez l'enfant les mêmes effets indésirables que s'ils étaient donnés par voie orale (fragilité osseuse, tendance aux infections, diabète, hypertension artérielle). Par ailleurs, certaines pommades peuvent contenir un mélange de produits dont certains sont très toxiques (camphre, mercure, plomb).

   La diffusion des médicaments, qui suit leur absorption, se fait dans l'eau de l'organisme. Or la quantité d'eau, proportionnellement au poids, diminue avec l'âge : de 80 % du poids du corps chez le nouveau-né, elle descend jusqu'à 55 % chez l'adulte. C'est pourquoi on donne parfois au jeune enfant des posologies, par kilogramme de poids corporel, plus élevées qu'à l'adulte afin que les concentrations restent à un niveau suffisant.

   Le métabolisme des médicaments est différent chez l'enfant, c'est-à-dire que les réactions chimiques qu'ils subissent dans l'organisme ainsi que leur élimination sont diminuées en raison de l'immaturité d'organes tels que le foie et les reins. Le risque d'accumulation des médicaments dans les tissus est donc plus élevé.

   Les précautions d'emploi générales sont plus strictes que chez les adultes. Un médicament n'est jamais anodin (même l'aspirine) et ne doit être donné que sur avis du médecin. On ne doit pas faire prendre de sa propre initiative un médicament à un enfant, y compris lorsqu'il s'agit de donner, sans avis médical, un produit antérieurement prescrit. Les formes pharmaceutiques destinées à l'enfant, ou adaptées à chaque tranche d'âge, doivent être préférées lorsqu'elles existent. Il est conseillé aux parents de vérifier sur la notice les contre-indications, le mode d'emploi, les posologies et les indications en fonction de l'âge avant d'utiliser le médicament.