Larousse Médical 2006Éd. 2006
S

scintigraphie

Technique d'imagerie médicale fondée sur la détection des radiations émises par une substance radioactive (radioélément) introduite dans l'organisme et présentant une affinité particulière pour un organe ou un tissu.

Synonymes : cartographie isotopique, exploration radio-isotopique.

   La scintigraphie permet de déceler de nombreuses affections, touchant tant la structure que le fonctionnement des organes, et certains processus pathologiques : inflammation, infection, saignement, tumeur.
— La scintigraphie thyroïdienne peut mettre en évidence des nodules de la glande thyroïde. Elle apporte également des renseignements sur le fonctionnement de la glande : sécrétion insuffisante (hypothyroïdie) ou excessive (hyperthyroïdie).
— La scintigraphie osseuse explore le métabolisme du squelette. Qu'elles soient d'origine infectieuse, traumatique, inflammatoire ou tumorale, la plupart des affections qui touchent le squelette se traduisent par une accélération de l'élaboration de la trame osseuse. La scintigraphie met précocement ce trouble en évidence, quelques semaines à quelques mois avant que n'apparaissent les premiers signes radiologiques.
— La scintigraphie pulmonaire comprend deux volets : étude de la perfusion (irrigation) des poumons, notamment pour rechercher une embolie ; exploration de la ventilation à l'aide de gaz ou d'aérosols radioactifs, mettant en évidence les troubles des échanges gazeux dans les bronches et les alvéoles pulmonaires.
— La scintigraphie cérébrale étudie l'irrigation du cerveau et son métabolisme. Elle permet également de visualiser le liquide cérébrospinal, dans lequel baignent le cerveau et la moelle épinière.
— La scintigraphie rénale permet d'observer le fonctionnement des reins, ensemble ou séparément, en étudiant comment une substance radioactive est captée par le tissu rénal puis éliminée par les voies urinaires. Cet examen est particulièrement utile chez les jeunes enfants, parfois même les nourrissons.
— La scintigraphie cardiaque comporte deux types d'examen : la scintigraphie myocardique, souvent réalisée après une épreuve d'effort, explore les parois du muscle cardiaque et met en évidence le manque d'apport sanguin en cas d'angine de poitrine ou d'infarctus du myocarde, par exemple ; la scintigraphie cavitaire permet d'évaluer l'efficacité de la pompe cardiaque, notamment par la mesure de la quantité de sang expulsée à chaque battement par les ventricules. Des examens scintigraphiques des artères, des veines et des vaisseaux lymphatiques sont également réalisables.
— D'autres examens scintigraphiques sont praticables pour l'oreille, l'orbite de l'œil, les glandes lacrymales et salivaires, les parathyroïdes, la rate, la moelle osseuse et les ganglions lymphatiques, le foie et les voies biliaires, les glandes surrénales, l'œsophage, l'estomac, l'intestin grêle, le côlon et les muscles.

TECHNIQUE

Le principe de la scintigraphie consiste à administrer au patient une substance radioactive qui se fixe électivement sur l'organe ou le tissu à explorer. Une caméra spéciale (caméra à scintillation, ou gamma-caméra) enregistre ensuite le rayonnement émis par l'organe ou par le tissu. L'image de la région explorée est alors obtenue sur l'écran de l'ordinateur de la gamma-caméra. En enregistrant la succession de plusieurs images, il est possible de visualiser une transformation, une évolution, un mouvement.

   Le radioélément à administrer est choisi en fonction de l'organe ou de la pathologie à étudier. Il peut être soit employé seul (technétium 99m ou iode 123 pour la glande thyroïde, thallium 201 pour le muscle cardiaque, gallium 67 en cas de réaction inflammatoire), soit fixé sur une molécule plus complexe (tel le pentétréotide, utilisé dans la détection des néoplasies endocriniennes multiples) ou sur une cellule dont le métabolisme est spécifique d'un organe ou d'une fonction ; en raison de ses propriétés physiques et chimiques, c'est alors le technétium 99m qui est le plus souvent utilisé ; il sert notamment à marquer des molécules de diphosphonate pour l'examen du squelette, des particules d'albumine pour l'étude de la perfusion (irrigation) des poumons, des globules rouges pour l'évaluation de l'efficacité des ventricules cardiaques, des globules blancs destinés à mettre en évidence une maladie inflammatoire de l'intestin ou des substances dites nanocolloïdes pour le repérage du premier ganglion lymphatique atteint (dit ganglion sentinelle) dans une éventuelle extension de certains cancers (sein, mélanome, utérus, etc.). Selon l'organe et la pathologie, le tissu malade apparaîtra comme un foyer de fixation augmentée par rapport au tissu sain (zone « chaude ») ou, à l'inverse, diminuée, voire nulle (zone « froide »).

   Lorsqu'il n'existe pas de molécule spécifique d'un organe, on a parfois recours à deux traceurs différents : ainsi, les glandes parathyroïdes sont visualisées en comparant les images obtenues au moyen d'un composé marqué au technétium 99m, qui se fixe sur la thyroïde et les parathyroïdes, à celles obtenues après administration d'iode 123, qui ne se fixe que sur la thyroïde.

PRÉPARATION ET DÉROULEMENT

En général, aucune préparation n'est nécessaire. Rares sont les examens qui doivent s'effectuer à jeun. Les produits sont injectés en très petite quantité, le plus souvent dans une veine du bras. Certains examens sont réalisés après inhalation ou ingestion du traceur radioactif, qui peut également – dans de rares cas (examen de la vessie) – être introduit au moyen d'une sonde. Selon le type d'examen, la prise des clichés se fait immédiatement après l'introduction du produit dans l'organisme ou dans un délai de quelques minutes à plusieurs jours ; elle dure de 5 à 30 minutes environ. Le patient est assis ou allongé sur un lit d'examen ; la gammacaméra est placée devant la région à étudier ou bien tourne autour du patient à la manière d'un scanner (tomoscintigraphie).

   Les examens scintigraphiques ne peuvent être réalisés que dans les services de médecine nucléaire, seuls autorisés à détenir des radioéléments en vue de leur administration à l'homme.

CONTRE-INDICATIONS

La dose de rayonnements reçue est très faible, comparable à celle d'une radiographie thoracique, et n'augmente pas avec le nombre de clichés réalisés. Les quantités de radioélément injectées sont toujours minimes et adaptées à chaque patient ; en outre, les radioéléments choisis ont une durée de vie très courte. Aussi tous les patients, quel que soit leur âge, peuvent-ils bénéficier d'une scintigraphie. La grossesse et la période d'allaitement sont habituellement les seules circonstances où des précautions particulières sont observées. Celles-ci varient en fonction du radioélément employé ; ainsi, pour le technétium 99m, on demandera à une patiente qui allaite d'arrêter de nourrir son enfant au sein pendant 24 heures alors que, si on utilise le gallium 67 ou l'iode 131, la durée d'arrêt de l'allaitement sera plus longue.

EFFETS SECONDAIRES

Le produit n'entraîne aucune allergie ni somnolence ni malaise. Le patient peut reprendre ses activités immédiatement après l'examen.

Perfectionnement

La tomographie par émission de positons (T.E.P., ou PET scan en anglais) est une variété de scintigraphie qui fait appel à des radioéléments particuliers, notamment le fluor (18F) et, plus spécialement, le glucose marqué (18FDG). Elle permet de détecter de petites tumeurs cancéreuses, ou leurs métastases, qui consomment beaucoup de glucose. La T.E.P. a permis d'améliorer le diagnostic de ces tumeurs ainsi que d'optimiser la stratégie des traitements anticancéreux. Elle nécessite des appareils spécifiques qui sont de plus en plus nombreux dans les services de médecine nucléaire.

Voir : Tomographie par émission de positons.