Larousse Médical 2006Éd. 2006
E

esquille

Petit fragment osseux provenant d'une fracture, le plus souvent complexe.

   Une esquille est indépendante des parties osseuses fracturées mais reste parfois attachée à des muscles avoisinants. Il arrive qu'elle entraîne des complications : lorsqu'elle est acérée, elle peut perforer un vaisseau important ou transpercer la peau ; elle risque aussi de gêner la remise en position anatomique normale des deux extrémités fracturées ; enfin, elle peut se nécroser. Il faut donc dans certains cas l'ôter chirurgicalement (esquillectomie).

essai thérapeutique

Expérimentation d'un nouveau médicament ou d'un nouveau procédé de diagnostic ou de traitement préalablement à sa mise sur le marché, mais également essai d'un médicament ancien dans une indication nouvelle.

   Un essai thérapeutique a pour but de préciser si un médicament donné est plus efficace que le ou les médicaments de référence pour la maladie concernée et s'il est suffisamment dénué d'effets indésirables sur l'homme.

   Après des études biochimiques, éventuellement menées sur des cultures de tissu ou par expérimentation sur des animaux de laboratoire, l'essai fait appel à des volontaires et se déroule en plusieurs étapes :

— phase I pour évaluer la tolérance, le métabolisme, les effets secondaires ;

— phase II pour évaluer la dose optimale ;

— phase III qui étudie l'efficacité.

   On suit de plus en plus souvent un protocole utilisant la méthode des essais comparatifs : les personnes sélectionnées sont réparties au hasard en deux groupes : un groupe reçoit le médicament à tester, l'autre (groupe témoin), le médicament de référence ou, s'il n'existe pas, un « placebo » (produit sans effet présenté sous la même forme que le médicament à tester). L'essai est réalisé soit en simple aveugle(le malade ignore ce qu'il reçoit mais le médecin le sait), soit, le plus souvent, en double aveugle (ni le malade ni le médecin ne le savent). En fin de test, le « secret » est levé et les résultats sont comparés en termes d'efficacité et de tolérance et soumis à une analyse statistique de leur validité.

   Les essais thérapeutiques sont basés sur le volontariat : toute personne, avant d'y être incluse, reçoit une information orale et écrite sur les buts, les conditions et les éventuels inconvénients de l'essai et doit donner par écrit son « consentement éclairé ». De plus, elle a le droit de suspendre unilatéralement sa participation à n'importe quel moment au cours du test. Les Comités de protection des personnes (CPP) donnent leur avis délibératif sur l'intérêt du protocole, l'absence d'inconvénient sérieux pour les volontaires, la qualité de l'information qui leur est fournie.

Voir : comité de protection des personnes (CPP), recherche médicale.

ester

Substance chimique résultant de la combinaison entre un alcool et un acide carboxylique.

   Dans l'organisme, les esters sont nombreux et appartiennent à différentes familles chimiques, aux rôles variés.

Ainsi, l'acétylcholine, un neurotransmetteur (messager du système nerveux), est un ester de la choline et de l'acide acétique.

estérase

Enzyme capable de séparer l'alcool et l'acide combinés dans un ester.

estomac

Partie du tube digestif située au-dessous du diaphragme, entre l'œsophage et le duodénum, où sont stockés, brassés, prédigérés et stérilisés les aliments avant qu'ils ne soient envoyés dans l'intestin pour y être absorbés.

   L'estomac est une poche en forme de J, divisée en une portion verticale, le fundus, et une portion horizontale, l'antre. On appelle petite courbure la partie concave du J, grande courbure le bord convexe. La partie supérieure du fundus communique avec l'œsophage par le cardia et forme la grosse tubérosité. L'antre est séparé du duodénum par le pylore, doté d'un sphincter puissant ouvrant et fermant l'issue vers l'intestin. L'estomac est richement vascularisé par les trois branches du tronc cœliaque. Il est situé entre le foie, à droite, la rate, à gauche, le diaphragme, en haut, le côlon transverse, en bas, et le pancréas, en arrière, dont il est séparé par l'arrière-cavité des épiploons, ce qui en fait un organe très mobile.

STRUCTURE

La paroi de l'estomac comporte quatre couches : séreuse (péritoine) ; musculaire (formée de fibres longitudinales, circulaires et obliques et assurant le brassage et l'évacuation des aliments) ; sous-muqueuse, formée d'un tissu conjonctif lâche ; muqueuse, formée d'un épithélium prismatique avec cellules à pôles muqueux fermés et responsable de la sécrétion du suc gastrique.

FONCTION

L'estomac exerce deux activités essentielles, motrice et sécrétoire.

— La motricité de l'estomac est caractérisée par deux fonctions : une fonction de réservoir, assurée par le fundus, et une fonction d'évacuation, assurée par l'antre.

— La sécrétion gastrique est constituée d'un mélange d'acide chlorhydrique, de pepsine, de facteur intrinsèque et de mucus. Le facteur intrinsèque, glycoprotéine sécrétée dans le fundus, est un élément essentiel pour l'absorption de la vitamine B12 dans l'intestin grêle.

PATHOLOGIE ET EXAMENS

L'estomac peut être le siège d'un cancer, d'un ulcère, de troubles auto-immuns (maladie de Biermer, due à l'incapacité de la paroi gastrique à produire le facteur intrinsèque), d'un volvulus (torsion). Il est exploré par endoscopie gastrique, transit œso-gastro-duodénal baryté, biopsie.

Voir : cardia, appareil digestif, digestion, fundus, pylore, ulcère gastroduodénal.

estomac (cancer de l')

Tumeur maligne qui atteint les différents tissus de l'estomac, le plus souvent sous forme d'un adénocarcinome.

   Le cancer de l'estomac vient au quatrième rang des cancers dans le monde. Sa distribution géographique est inégale : il est surtout présent dans les pays pauvres et sa fréquence diminue dans les pays favorisés. Deux causes principales sont invoquées pour expliquer son origine. La première est l'infestation chronique par le microbe Helicobacter pylori (Hp). Il n'y a pratiquement pas d'adénocarcinome gastrique sans présence de ce microbe dont l'éradication systématique fera peut-être diminuer fortement la fréquence de ce cancer. La deuxième cause est constituée par la salaison de la viande et du poisson. En effet, les nitrates contenus dans le sel se transforment en dérivés organiques cancérigènes. La substitution du froid à la salaison réduit le risque de cancer de l'estomac.

   L'adénocarcinome de la partie haute de l'estomac (cancer du cardia) n'est pas lié à ces causes. D'autres tumeurs malignes peuvent atteindre l'estomac : sarcomes, lymphomes, tumeurs rares.

SYMPTÔMES ET SIGNES

Ils sont variés et non spécifiques : signes évoquant un trouble de la digestion, douleurs rappelant celles d'un ulcère (brûlures digestives, douleurs abdominales, éructation, ballonnement, nausées), complications (hémorragie, rétrécissement et, exceptionnellement, perforation gastrique), phlébites à répétition, fièvre prolongée, amaigrissement important et sans cause, anémie ferriprive. Le cancer de l'estomac peut également être découvert de façon fortuite à l'occasion d'une endoscopie. En cas de cancer évolué, une masse tumorale peut être palpable au niveau de l'épigastre. Il convient alors de rechercher des signes cliniques de l'extension de la tumeur (ganglions, hypertrophie du foie et métastases dans cet organe, métastases ovariennes [tumeur de Krukenberg], ascite néoplasique).

DIAGNOSTIC

Il repose essentiellement sur l'endoscopie gastrique avec prélèvement de tissu par biopsie. On peut associer à celle-ci une radiographie de l'estomac, qui permet de reconnaître quel type de lésion (forme bourgeonnante, ulcérée ou infiltrante) est en cause, ainsi que plusieurs examens complémentaires destinés à établir le bilan de l'extension tumorale : scanner abdominal, échoendoscopie, échographie hépatique, radiographie du thorax.

TRAITEMENT ET PRONOSTIC

Le traitement est avant tout chirurgical et consiste en une gastrectomie (ablation partielle ou totale de l'estomac). En effet, l'estomac n'est pas un organe indispensable à la survie, même si son ablation gêne la digestion normale et entraîne une carence en vitamine B12, qui doit être compensée par un complément vitaminique. L'extirpation totale de la tumeur n'est possible que chez la moitié des malades opérés. Une chimiothérapie ou une radiothérapie peuvent être associées à la chirurgie ou pratiquées en cas de cancer inopérable.

   Le pronostic du cancer de l'estomac dépend du type de la tumeur, de sa localisation et de son extension. Il demeure réservé dans de nombreux cas.