Larousse Médical 2006Éd. 2006
S

siamois (frères, sœurs)

Jumeaux ou jumelles rattachés l'un à l'autre par deux parties symétriques de leur corps.

   Une telle malformation s'observe au cours de grossesses gémellaires à jumeaux monozygotes (issus d'un seul œuf fécondé divisé en deux). Elle est rare, touchant une grossesse sur 100 000 et se produisant dans 0,5 à 1 % des grossesses gémellaires dont les embryons sont monozygotes. Il s'agit de filles dans 90 % des cas.

   L'œuf fécondé se divise tardivement en 2 et les embryons restent donc rattachés par certaines parties de leur corps - le plus souvent la paroi abdominale et thoracique - les organes communs étant alors le foie, le péricarde, le cœur et le tube digestif. Dans la plupart des cas, les enfants ne sont pas viables.

   Le diagnostic est porté avant la naissance grâce à l'échographie dans les premières semaines de la grossesse. Dans de très rares cas, lorsque le diagnostic est tardif ou lorsque l'accolement est très minime, l'accouchement a lieu par césarienne, et on peut alors envisager une intervention chirurgicale permettant de séparer les enfants.

sida

Phase ultime de l'infection par le virus d'immunodéficience humaine (V.I.H.1 et V.I.H.2). Abréviation de syndrome d'immunodéficience acquise.

   Les virus V.I.H. 1 et 2 infectent certains globules blancs, les lymphocytes T4, ou CD4, qui constituent la base active de l'immunité anti-infectieuse. Les lymphocytes infectés contiennent le génome viral dans leur noyau. La multiplication du virus dans les lymphocytes T4 provoque leur destruction et donc, après une phase de latence plus ou moins longue, une déficience du système immunitaire. On réserve le nom de sida aux formes majeures de cette déficience immunitaire : baisse du taux des lymphocytes T4 au-dessous de 200 par millimètre cube de sang – le taux normal étant de 500 à 1 000 lymphocytes T4 par millimètre cube – et complications infectieuses ou tumorales du déficit immunitaire (pneumonies, abcès cérébral, rétinite à CMV, etc.).

HISTORIQUE

Isolé en 1983 à l'Institut Pasteur de Paris par l'équipe du Pr Luc Montagnier, le V.I.H. fait partie de la famille des rétrovirus (virus à A.R.N., capables de copier celui-ci en A.D.N. proviral grâce à une enzyme qu'ils contiennent, la transcriptase inverse) ; un premier rétrovirus humain, responsable de leucémies chez l'homme, avait été isolé dès 1979 par le Pr Robert Gallo aux États-Unis. Cependant, l'existence du virus remonte à une date largement antérieure : des sérums sanguins contaminés par le virus et stockés en 1954 aux États-Unis, en 1959 au Zaïre et au Royaume-Uni, en 1963 en Ouganda ont été retrouvés.

   En 1986, des chercheurs français ont démontré l'existence d'un deuxième virus, baptisé V.I.H.2, de structure proche du V.I.H.1, dont l'origine géographique se situe essentiellement en Afrique de l'Ouest. Il n'y a à ce jour aucune certitude quant à l'origine du V.I.H.1, même si sa prévalence (nombre de cas par rapport à la population totale) est très importante en Afrique centrale.

PROGRESSION DU SIDA

Les premières manifestations diagnostiquées de sida remontent à 1981. Elles touchaient en particulier la population masculine homosexuelle et bisexuelle de certaines zones d'Amérique et d'Europe occidentale, ainsi que les hommes et les femmes à partenaires sexuels multiples de certaines régions des Caraïbes et d'Afrique.

   Le nombre de personnes vivantes (adultes et enfants) infectées par le V.I.H. est estimé par l'Organisation mondiale de la santé (O.M.S.) à environ 33 millions à la fin de l'année 2007 (elles étaient 22,6 millions en 1996), parmi lesquelles plus de 22 millions vivent en Afrique subsaharienne, dont 13,2 millions de femmes. Le nombre de nouveaux cas d'infection par le V.I.H. au cours de l'année 2007 est estimé à près de 2,7 millions : 2,3 millions d'adultes et 370 000 sujets de moins de 15 ans ; 95 % d'entre eux résident dans un pays en développement. Le nombre de décès dans le monde depuis le début de l'épidémie s'élèverait en 2007 à plus de 25 millions, dont 2 millions pour l'année 2007.

   En France, le nombre estimé de personnes vivantes atteintes de sida est de 27 944 (2007) ; le nombre total de décès depuis le début de l'épidémie est évalué à plus de 34 000 ; le nombre de personnes séropositives pour le V.I.H. est de 150 000 en 2006.

Mode de contamination

La transmission du virus se fait selon trois modes principaux : par voie sexuelle, par voie sanguine et par transmission de la mère à l'enfant pendant la grossesse ou après l'accouchement (voie transplacentaire, ou lors de l'accouchement, ou lors de l'allaitement).

VOIE SEXUELLE

C'est la voie de contamination la plus fréquente. Toutes les pratiques sexuelles sont à risque de transmission, mais les rapports anaux sont le plus à risque. À l'échelle mondiale, de 75 à 85 % des infections par le V.I.H. ont été contractées à l'occasion de rapports sexuels non protégés. La transmission se fait par la mise en contact des muqueuses (du vagin ou du rectum) avec des sécrétions sexuelles (sperme, glaire cervicale) ou avec du sang contenant le virus. La probabilité de transmission est estimée, en moyenne, à 0,1 % pour chaque acte sexuel. Ce risque est néanmoins variable selon la nature de l'acte ; un rapport anal réceptif avec un sujet séropositif présente ainsi un risque plus grand de contamination (0,5 à 3 %). Le risque est en outre augmenté par divers autres facteurs, notamment l'existence d'une infection génitale chez l'un des partenaires. Le risque de transmission du virus par la femme est plus grand si le rapport a lieu pendant les règles et, globalement, le risque de transmission dans le sens homme-femme est plus élevé que dans le sens femme-homme. C'est pourquoi, dans les pays où la transmission hétérosexuelle est prédominante, les femmes sont plus nombreuses que les hommes parmi les personnes infectées.

VOIE SANGUINE

La transmission du virus par voie sanguine peut se faire selon 3 modalités.

— Transfusion de sang ou de dérivés du sang (facteurs de coagulation administrés aux individus hémophiles par exemple). Depuis 1985, des mesures préventives (dépistage systématique du V.I.H. lors des dons de sang, technique d'inactivation virale) ont permis de rendre le risque de transmission du V.I.H. par cette voie pratiquement nul en France et dans les pays d'Europe de l'Ouest.

— Piqûres accidentelles avec une aiguille souillée par du sang contaminé. Ce risque est globalement estimé à 0,32 % et varie en fonction de la profondeur de la piqûre, du type d'aiguille et de la charge virale du patient.

— Toxicomanie par voie veineuse avec partage de seringue : la probabilité de contamination est estimée à 0,67 %.

TRANSMISSION DE LA MÈRE À L'ENFANT

La transmission du V.I.H. de la mère à l'enfant peut survenir pendant toute la durée de la grossesse, mais surtout pendant l'accouchement et pendant la période de l'allaitement. L'utilisation de médicaments antirétroviraux pendant la grossesse et la modification des pratiques obstétricales ont permis de diminuer le taux de transmission maternofœtale du V.I.H. de type 1 de 20 % à moins de 1 %.

   Le risque de transmission virale par l'allaitement est estimé à 6 %. Aussi celui-ci est-il contre-indiqué aux mères séropositives non traitées.

Évolution de la maladie sans traitement

PHASE INITIALE

Une fois entré dans l'organisme, le virus peut infecter différentes cellules, principalement des cellules du système immunitaire (les lymphocytes T CD4, dits T4, les macrophages et les cellules de même origine) et certaines cellules du cerveau. La pénétration du virus dans la cellule se fait principalement par l'interaction de la protéine gp120 présente à la surface du virus ed' un récepteur membranaire (la molécule CD4) de la cellule cible. D'autres interactions d'ordre moléculaire sont impliquées.

   Après une période de quelques jours, le virus se multiplie ; il devient détectable dans le sang à partir du 10e jour. La réponse immunitaire de l'organisme est ensuite mise en œuvre ; les anticorps anti-V.I.H., notamment, sont détectables à partir du 20e jour suivant la contamination. Ces anticorps ne peuvent pas détruire le virus. Une fois infectée, la personne est dite « séropositive pour le V.I.H. » (l'usage est de restreindre cette formulation à « séropositivité » ou « séronégativité » par abus de langage).

   Des signes cliniques apparaissent, dans 50 à 80 % des cas, entre le 5e et le 30e jour qui suivent la contamination ; ce sont principalement une fièvre, une angine, des courbatures, une éruption cutanée. D'autres manifestations plus rares peuvent survenir (méningite lymphocytaire, paralysie faciale). Cette phase de l'infection, nommée primo-infection, guérit spontanément en un mois environ.