Larousse Médical 2006Éd. 2006
A

anémie ferriprive

Diminution du taux d'hémoglobine dans le sang due au manque de fer dans l'organisme.

Synonymes : anémie par carence martiale, anémie sidéropénique.

   L'anémie ferriprive est la plus fréquente des anémies. Le manque de fer retentit surtout sur la fabrication de l'hème, molécule de l'hémoglobine, et donc sur la synthèse des globules rouges.

CAUSES

Elles sont très nombreuses et varient selon l'âge et le sexe. Chez le nourrisson, la cause la plus fréquente est l'insuffisance d'apport alimentaire riche en fer. Chez la femme enceinte, la carence en fer est fréquente, surtout lorsque les grossesses sont rapprochées, car le fœtus utilise le fer de sa mère pour fabriquer ses propres globules rouges. Toutefois, c'est chez la femme réglée que la carence en fer est la plus fréquente. En effet, les besoins en fer de la femme (de 2 à 3 milligrammes par jour) sont tout juste couverts par une alimentation normale ; tout accroissement des pertes, si minime soit-il, aboutit peu à peu à une insuffisance en fer. L'abondance du flux menstruel (avec ou sans cause organique) peut donc être responsable d'une carence en fer. Dans toutes les autres circonstances, la cause la plus fréquente est un saignement digestif, très souvent latent, qui justifie l'exploration complète du tube digestif. La malabsorption du fer, très rare, entre généralement dans le cadre d'une malabsorption globale (maladie cœliaque).

SYMPTÔMES ET SIGNES

Ce sont la pâleur de la peau et des muqueuses ainsi que la fatigue. Certains symptômes particuliers sont liés au retentissement du manque de fer sur différentes zones du corps : ongles fragiles et cassants, cheveux rares et fins, modifications des muqueuses digestives avec une tendance à l'atrophie de la muqueuse de la langue, parfois difficultés à avaler (dysphagie sidéropénique ou syndrome de Plummer-Vinson). On peut parfois constater une anomalie du comportement alimentaire (appelée pica) avec un goût pathologique pour la terre, la craie, le plâtre, la glace et, chez l'enfant et la femme, une augmentation modérée du volume de la rate.

DIAGNOSTIC

Il repose sur l'hémogramme (examen cytologique du sang), qui révèle une microcytose (diminution du volume des globules rouges), souvent accompagnée d'hypochromie (insuffisance de concentration en hémoglobine des globules rouges), et sur le dosage du fer dans le sérum, qui est bas avec des signes de diminution des réserves (transferrine augmentée ou ferritine basse).

TRAITEMENT

Il repose sur l'apport de fer par voie orale à des doses élevées, car seul 1/10 du fer avalé est absorbé par l'organisme. Un traitement de 3 mois est généralement indiqué. L'apport de fer par voie injectable n'est justifié que dans le traitement des grandes malabsorptions ou dans les intolérances digestives absolues au fer administré par voie orale. Il faut par ailleurs toujours traiter la cause de l'anémie lorsqu'elle est accessible à un traitement spécifique. Un traitement préventif peut être justifié (nourrissons, grossesses répétées).

anémie infantile

Diminution du taux d'hémoglobine dans le sang du nouveau-né et du nourrisson.

Anémies du nouveau-né

On parle d'anémie dès lors que le taux d'hémoglobine d'un nouveau-né est inférieur à 14 gramme/décilitre.

— Les anémies hémorragiques observées à la naissance peuvent provenir d'un passage anormal de sang entre le fœtus et la mère, ou entre fœtus jumeaux, ou de sang fœtal dans le placenta, ou bien d'une hémorragie provoquée par la rupture du cordon. Les anémies hémorragiques révélées après la naissance peuvent être dues à une hémorragie digestive (reflux gastro-œsophagien avec œsophagite), à un céphalhématome ou à une hémorragie intracrânienne (chez les prématurés).

— Les anémies hémolytiques constatées à la naissance sont des anomalies par incompatibilité sanguine fœtomaternelle (incompatibilité Rhésus), actuellement le plus souvent prévenues, ou par incompatibilité de groupe sanguin. Elles sont associées à un ictère.

— D'autres anémies peuvent être liées à des infections (maladies du fœtus ou infections bactériennes) ou à une carence en fer ou en acide folique due à une malnutrition maternelle ou à l'absorption de certains médicaments par la mère.

Anémies du nourrisson

Elles sont d'origine essentiellement ferriprive, provenant beaucoup plus rarement d'une anomalie congénitale de la membrane du globule rouge (sphérocytose héréditaire), de l'hémoglobine (drépanocytose) ou des enzymes (déficit en G-6-PD).

CAUSES

La carence en fer peut provenir :

— d'une réduction du capital ferrique à la naissance (cas de prématurité, le stock de fer du fœtus se constituant essentiellement pendant le dernier tiers de la grossesse ; cas de grossesse gémellaire, le stock transmis par la mère étant à diviser par deux ; cas d'hémorragies fœtomaternelles ou fœtoplacentaires telles qu'un placenta prævia) ;

— d'une élévation des besoins (croissance anormalement rapide des nouveau-nés prématurés et hypotrophiques) ;

— d'une insuffisance des apports en fer lors de la nutrition (régime exclusivement lacté prolongé, diarrhée chronique) ;

— d'une perte de sang imposant la recherche d'hémorragies minimes et répétées (malposition cardiotubérositaire avec reflux gastro-œsophagien et œsophagite).

SYMPTÔMES ET SIGNES

La pâleur de la peau et surtout des muqueuses en est le signe majeur. Elle peut être associée à d'autres manifestations témoignant de la carence en fer : troubles digestifs et anorexie, cassure de la courbe de poids, infections à répétition, surtout respiratoires.

Traitement et prévention des anémies infantiles

Les anémies hémorragiques graves peuvent nécessiter des transfusions. Les anémies hémolytiques font l'objet d'une surveillance thérapeutique adaptée à leur cause. Enfin, les infections responsables d'anémie sont traitées selon le germe en cause. Les carences en fer et en acide folique peuvent nécessiter une supplémentation de l'élément carentiel.

   Le traitement préventif repose sur la diversification précoce du régime alimentaire de l'enfant (dès l'âge de 4 mois) et sur l'utilisation de laits riches en fer jusqu'à 1 an. L'administration systématique de fer est également proposée chez les enfants à risque (prématurés, hypotrophes, jumeaux) dès l'âge de 2 mois.