Larousse Médical 2006Éd. 2006
H

hypertension artérielle

Élévation anormale, permanente ou paroxystique, de la tension artérielle au repos.

Abréviation : HTA

   La pression sanguine s'élève normalement en réponse à l'activité physique. L'hypertension artérielle (HTA.) apparaît lorsque, au repos, les chiffres dépassent 14 centimètres de mercure pour la pression maximale, ou systolique, et 9 centimètres pour la pression minimale, ou diastolique. Il n'existe pas d'hypertension lorsque le chiffre de la pression minimale est inférieur à 9. Par ailleurs, ces seuils peuvent être dépassés chez une personne âgée, car la pression sanguine augmente avec l'âge. À l'inverse, chez un enfant, ces chiffres sont inférieurs.

CAUSES

Chez la plupart des sujets hypertendus, on ne retrouve aucune cause évidente ; l'hypertension est alors qualifiée d'essentielle. Elle pourrait être due à une vasoconstriction (réduction du calibre des vaisseaux) fonctionnelle, source d'ischémie rénale (insuffisance d'apport sanguin au rein). Celle-ci aurait pour conséquence la libération en excès dans le sang d'une substance appelée rénine, responsable de la conversion de l'angiotensinogène (substance plasmatique d'origine hépatique) en angiotensine, qui serait génératrice d'hypertension. Chez certains sujets, l'excès de sel dans l'alimentation joue un rôle important : une augmentation de la contraction des artérioles entraînant une résistance à l'écoulement du sang est alors observée. L'hypertension artérielle pourrait aussi être liée à des facteurs génétiques. Chez 10 % des patients cependant, l'hypertension a une cause ; elle est alors qualifiée de secondaire. Elle peut être due, dans ces cas, à une maladie des reins, à une maladie des glandes surrénales ou à une sténose (rétrécissement) de l'une ou des deux artères rénales. À l'occasion de leur première grossesse, surtout s'il s'agit de jumeaux, certaines jeunes femmes présentent une hypertension, généralement transitoire, appelée hypertension artérielle gravidique. Elle est toujours précédée d'une rétention d'eau et de sel entraînant une forte prise de poids et fait partie des symptômes de la toxémie gravidique ; cette hypertension disparaît après l'accouchement et les grossesses ultérieures ne sont pas troublées. Mais ce sont surtout la consommation d'alcool, le tabagisme et l'obésité qui accroissent le risque d'hypertension artérielle. Celui-ci, en outre, s'observe parfois chez les femmes sous contraception orale.

SIGNES ET SYMPTÔMES

Ce sont les symptômes cérébraux qui sont le plus fréquemment révélateurs : maux de tête, surtout pendant la deuxième moitié de la nuit ou au réveil, déséquilibre debout ou à la marche, pertes de mémoire, fatigue, troubles oculaires (éblouissements, perte transitoire de la vue, etc.). Les symptômes cardiaques (gêne respiratoire, angine de poitrine) ou rénaux, tels qu'une polyurie (sécrétion d'urine en quantité abondante) ou une pollakiurie (fréquence exagérée des mictions), sont plus rarement révélateurs. Mais, bien souvent, l'hypertension artérielle ne provoque aucun signe ; elle est en général découverte à l'occasion d'un examen de routine. La découverte d'une hypertension artérielle impose la recherche de son retentissement cardiaque, rénal, cérébral et oculaire. Car, parmi les complications de l'hypertension artérielle non traitée, on trouve l'accident vasculaire cérébral, l'hémorragie méningée, l'insuffisance cardiaque, des lésions rénales et une rétinopathie. Une poussée hypertensive sévère peut entraîner une confusion mentale et des convulsions.

TRAITEMENT

Le traitement doit s'attaquer à la cause toutes les fois que cela est possible. C'est ainsi que certaines hypertensions dont l'origine est bien définie sont curables : par chirurgie (tumeurs de la glande surrénale, affection d'un ou des reins) ou par angioplastie lors d'une procédure interventionnelle (sténose des artères rénales). Parmi les hypertensions médicalement curables, il faut retenir l'hypertension des néphrites aiguës et l'hypertension des femmes enceintes. Dans tous les cas, une stricte hygiène de vie s'impose : il faut supprimer le surmenage et les efforts importants, s'efforcer de lutter contre le stress, suivre le cas échéant un régime pour perdre du poids, arrêter le tabac et l'alcool. Ces prescriptions doivent être d'autant plus strictes que l'hypertension est plus sévère et le patient plus jeune. Dans les hypertensions sévères et en cas d'accidents évolutifs (hémorragie méningée, hémiplégie), le repos est nécessaire. Un régime sans sel ou peu salé est généralement indiqué. On peut actuellement contrôler toutes les formes d'hypertension, mais les traitements ne sont efficaces qu'aussi longtemps qu'ils sont poursuivis : dès qu'on les arrête, l'hypertension reprend.

   Les bêtabloquants ont, en plus de leur action hypotensive, la propriété de ralentir les battements du cœur. Ils sont contre-indiqués en cas de bradycardie (fréquence cardiaque inférieure à 50 battements par minute) et d'asthme. Les diurétiques éliminent le sodium et l'eau, mais leur action sur le potassium (kaliémie) doit être contrôlée. Les inhibiteurs calciques ont une action vasodilatatrice sur les artères. Les inhibiteurs de l'enzyme de conversion empêchent la formation d'angiotensine et freinent la sécrétion d'aldostérone. Ils peuvent être associés aux diurétiques. Les antiangiotensines bloquent l'action de l'angiotensine sur ses récepteurs artériels. Les antihypertenseurs centraux, telle la clonidine, agissent sur le tronc cérébral (siège du centre régulateur de la tension artérielle) et favorisent le sommeil. Les vasodilatateurs périphériques augmentent le calibre des vaisseaux et accroissent les débits cardiaque et rénal. Tous ces médicaments sont prescrits soit isolément, si l'hypertension est modérée, soit diversement associés.

   Il importe que le traitement soit poursuivi régulièrement, car un arrêt intempestif expose à une brusque hausse de la tension artérielle (phénomène de rebond) et, éventuellement, à des accidents cardiaques, cérébraux, rénaux, etc.

PRÉVENTION

Pour prévenir l'hypertension artérielle, il est recommandé d'avoir, outre une bonne hygiène de vie et un régime alimentaire convenable (réduction de la consommation de graisses, de tabac, d'alcool et de sel), une ou plusieurs activités physiques ou sportives régulières (compétitions exclues) comme la marche, le vélo, la natation, la gymnastique, la course à pied, sous surveillance du chiffre tensionnel. Et, en cas d'hypertension artérielle modérée, traitée ou non, les sports d'endurance (pratiqués sans dépasser ses propres limites) peuvent aider à la normalisation de la tension artérielle.

Voir : hypertension rénovasculaire, accident vasculaire cérébral, antihypertenseur, dissection aortique, éclampsie, infarctus du myocarde.