Larousse Médical 2006Éd. 2006
P

pollution (suite)

Pollution d'origine naturelle

Elle est subie et inévitable :

— Variations climatiques : la Terre a présenté des cycles de réchauffement et de refroidissement pouvant aller jusqu'à l'ère glaciaire ou au carbonifère.

— Influences spatiales : bombardement par les rayons cosmiques, aggravé lors des éruptions solaires.

— Influences telluriques : rejet par les volcans de CO2, de substances toxiques ou de nuages de particules faisant écran aux rayons solaires.

— Facteurs météorologiques : vents de sable, canicule, par exemple.

— Facteurs biologiques : la vie elle-même est source de certaines pollutions comme les pics de pollinisation, la prolifération d'insectes ou des épidémies connues depuis l'Antiquité (l'épisode biblique des 10 plaies d'Égypte).

Les maladies de la pollution

Les pathologies liées aux pollutions s'observent surtout en milieu urbain et industriel. Elles se manifestent par des maladies individuelles ou des épidémies.

Les bactéries sont responsables d'intoxications alimentaires aiguës (salmonellose, par exemple) ou de maladies infectieuses telles que la listériose ou la maladie des légionnaires, infection pulmonaire due à une bactérie parfois présente dans les circuits de distribution d'eau des immeubles et dans les systèmes de traitement d'air. L'atteinte des poumons est susceptible de produire des maladies respiratoires chroniques, voire des cancers (amiante par exemple). Des allergènes, présents dans l'environnement domestique et professionnel, représentent une autre forme de pollution : acariens de la poussière de maison, squames et déjections d'animaux familiers, substances chimiques d'origine industrielle, ou naturelle (pics de pollinisation), etc. Ils sont responsables de maladies allergiques comme la rhinite ou l'asthme. Leur identification est indispensable pour éviter l'exposition des sujets allergiques.

La prévention

Préoccupation majeure, elle comporte la réglementation de l'emploi des engrais et des pesticides, le contrôle de la teneur en toxiques de l'eau et de l'air, le stockage et l'élimination, ou le retraitement, des déchets industriels, la limitation des émissions de gaz carbonique (utilisation de sources d'énergie non polluantes comme le solaire et l'éolien en plus de l'hydroélectricité, mais aussi le nucléaire qui n'émet pas de CO2), des mesures de sécurité et de contrôle rigoureux dans les installations nucléaires, le contrôle vétérinaire des denrées alimentaires, des règles d'hygiène hospitalière, l'apprentissage des gestes d'économie et de protection de l'environnement.

   Plusieurs organismes sont chargés de surveiller les différentes pollutions et de faire appliquer les mesures réglementaires de sauvegarde : Institut de veille sanitaire, Institut français de l'environnement, Autorité de sûreté nucléaire, Institut français de la mer, Haute Autorité de santé, services d'hygiène (contrôle de l'air, de l'eau, des aliments, des médicaments, traitement des eaux usées et des déchets, contrôle des infections nosocomiales dans les établissements de soins, etc.), sous la coordination du ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire.

polyadénome digestif

Lésion caractérisée par une prolifération bénigne développée à partir du tissu des glandes de l'appareil digestif.

   Il existe des polyadénomes de l'estomac, de l'intestin grêle, du côlon, du rectum et des voies biliaires, qui peuvent être tubulaires (constitués par la prolifération des cellules épithéliales), villeux (formés par la prolifération du tissu digestif conjonctif), tubulovilleux (de type mixte). À l'œil nu, un polyadénome se présente comme une formation plus ou moins arrondie, parfois pédiculée (rattachée par un segment de tissu) : c'est un polype. Certaines maladies héréditaires, les polyadénomatoses, sont caractérisées par la présence de nombreux polyadénomes digestifs.

SYMPTÔMES ET DIAGNOSTIC

Dans la plupart des cas, les polyadénomes n'entraînent aucun symptôme. Ils sont découverts par hasard lors d'une exploration digestive (échographie, endoscopie).

ÉVOLUTION

Un polyadénome digestif peut dégénérer en adénocarcinome. Le risque de cancérisation, très variable, dépend de la taille, du nombre des tumeurs et du type de polyadénome. Il est plus important lorsqu'il s'agit d'un polyadénome villeux ou tubulovilleux. La notion de dysplasie (transformation du tissu annonciatrice de cancer) est importante. Par ordre de gravité croissante, la dysplasie peut être légère, moyenne ou sévère. Le stade suivant est un cancer digestif localisé.

TRAITEMENT

Il repose sur l'ablation des tumeurs. Le risque de récidive impose une surveillance endoscopique périodique.

polyarthrite juvénile

maladie de Still

polyarthrite rhumatoïde

Maladie rhumatismale inflammatoire caractérisée par une atteinte de la synoviale (membrane conjonctive tapissant la face interne des articulations).

   La polyarthrite rhumatoïde est une maladie fréquente (1 % de la population), à prédominance nettement féminine (3 malades sur 4 sont des femmes). De cause inconnue, elle fait partie des maladies auto-immunes, au cours desquelles l'organisme produit des anticorps (facteur rhumatoïde) dirigés contre ses propres tissus.

SYMPTÔMES ET ÉVOLUTION

La polyarthrite rhumatoïde débute généralement entre 40 et 60 ans, sans facteur déclenchant connu. Elle touche essentiellement les articulations des membres, en particulier celles de la main, du poignet, de l'avant-pied ; ces atteintes, de gravité très variable, sont en général bilatérales et symétriques. Il est rare que les lésions touchent la colonne vertébrale, à l'exception de l'articulation entre les 2 premières vertèbres cervicales, qui peut être luxée. Les articulations sont gonflées, raides, déformées, douloureuses, surtout la nuit et en début de journée, ce qui nécessite un long dérouillage matinal. Après une longue évolution, certaines déformations sont caractéristiques de la maladie : doigts et orteils « en coup de vent » (comme emportés par un coup de vent sur le côté) ou « en col de cygne », dos de la main « en dos de chameau », pouce « en Z », etc. La synoviale est enflammée et épaissie. Ces signes articulaires sont isolés (on dit que la polyarthrite est nue) : le malade ne maigrit pas, n'a pas de fièvre et, dans un premier temps, aucun autre organe n'est atteint.

   Après quelques années d'évolution, la polyarthrite rhumatoïde peut atteindre d'autres tissus conjonctifs que ceux des articulations : les tendons (ténosynovites) mais aussi la peau (nodules sous-cutanés), le péricarde (péricardite) ou les poumons (pleurésie, infiltrats pulmonaires, etc.). Plus rarement, les artères de petit calibre s'enflamment, provoquant des troubles sensitifs (engourdissement, fourmillements) et moteurs (paralysie d'un nerf) ou une nécrose cutanée. La polyarthrite rhumatoïde s'associe assez souvent au syndrome de Gougerot-Sjögren (yeux secs, bouche sèche), plus rarement au syndrome de Felty (grosse rate, baisse du taux sanguin de globules blancs). La maladie, chronique, évolue de manière assez imprévisible, par poussées entrecoupées de périodes de rémission. En l'absence de traitement, elle entraîne une impotence.

DIAGNOSTIC

Pendant les premiers mois de la maladie, le diagnostic repose sur la distribution et la chronicité des atteintes articulaires. Les dosages sanguins montrent des signes inflammatoires (accélération de la vitesse de sédimentation [V.S.], élévation des taux sanguins de protéine C-réactive) puis des signes immunologiques (facteur rhumatoïde, anticorps anti-CCP, anticorps antinucléaires, etc.). Si on ponctionne une articulation atteinte, on en retire un liquide inflammatoire, et la biopsie de synoviale révèle une inflammation. Un ou deux ans plus tard, le facteur rhumatoïde peut être décelé dans le sérum de 70 % des patients. La radiographie montre des érosions osseuses et un pincement des interlignes articulaires – espace séparant les deux extrémités osseuses de l'articulation – dus aux pannus synoviaux, nodules inflammatoires formés par un épaississement de la membrane synoviale, qui détruisent peu à peu les cartilages, les os et les ligaments.