Janine Charrat (née en 1924).
Danseuse et chorégraphe française.
Élève de Jeanne Ronsay, spécialiste de danses orientales, elle travaille aussi avec O. *Preobrajenska, L. *Egorova et A. *Volinine. À douze ans, elle est l'héroïne du film la Mort du cygne (1936, Jean-Benoît Levy). Enfant prodige, elle devient très jeune une danseuse et chorégraphe réputée, présentant en récital des danses d'une stupéfiante maturité. Protégée de S. *Lifar, elle forme pendant la guerre avec R. *Petit le couple vedette de la vie chorégraphique française. En 1945 elle crée aux *Ballets des Champs-Élysées son premier ballet, *Jeu de cartes. Sa carrière se déroule ensuite en Europe et sur le continent américain, comme danseuse et chorégraphe invitée, ou à la tête des Ballets Janine Charrat créés en 1951 (appelés un moment Le Ballet de France). En 1961 elle cosigne avec M. *Béjart les Quatre Fils Aymon. Grièvement brûlée sur un plateau de télévision la même année, elle trouve l'énergie de revenir à la scène, et, de 1962 à 1964, elle dirige le ballet de l'Opéra de *Genève. En 1978, elle devient conseillère pour la danse au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou où elle programme la jeune danse française et étrangère de l'époque.
Figure singulière, indépendante et passionnée, elle crée une œuvre foisonnante, portée par son talent de danseuse au lyrisme intense, d'une grande *musicalité. Revendiquant l'héritage de Lifar (Concerto, 1951, mus. S. *Grieg), et marquée par l'*expressionnisme (les *Algues, 1953), elle impose un style très personnel, dans un univers grave qui est celui de l'élite intellectuelle de l'époque : J. *Genet pour 'Adame Miroir (1948, mus. D. *Milhaud). Elle traite la mythologie ou la légende sur le mode tragique, dans un style puissant et visionnaire (le *Massacre des Amazones, 1951 ; Tu auras nom... Tristan, 1963, mus. Maes). Elle signe des ballets abstraits, comme les Liens (1957, mus. Semenoff) où elle utilise des lanières élastiques que l'on retrouvera chez A. *Nikolais. Elle privilégie les compositeurs de son temps, et crée en 1973 Offrandes et Hyperprisme d'E. *Varèse à l'Opéra de *Paris.
MFB
Autres chorégraphies. Abraxas (1948, mus. *Egk, *Städtische Oper de Berlin ; Diagramme (1957, mus. J.-S. *Bach, Grand B. du marquis de *Cuevas) ; Alerte... Puits 21 (1964, mus. Pierre Wissmer, Grand Th. de Genève) ; Pâris (1964, mus. *Sauguet) ; les Collectionneurs (1972, mus. I. Malec, Opéra-Comique) ; Bach Preludes (1988, mus. J.-S. Bach).
Bibliographie. J. Baril, Janine Charrat, la tentation de l'impossible, Éd. Michel Brient,
Filmographie. (RECHERCHE À FAIRE)
Alison CHASE (née en 19XX).
Danseuse, chorégraphe et pédagogue américaine.
Née à Saint Louis (Missouri), elle obtient ses diplômes d'histoire et de philosophie à l'université de Washington et sa licence de danse à l'université de Californie (Los Angeles). Elle enseigne à l'université de Darmouth et c'est dans sa classe de chorégraphie que se rencontrent M. *Pendleton et Jonathan Wolken, fondateurs du *Pilobolus Dance Theater (1971). En 1973 elle rejoint le groupe, puis fonde avec M. Pendleton le groupe *Momix (1980).
GV
Lucia CHASE (1907-1986).
Danseuse et directrice de compagnie américaine.
D'abord formée pour être actrice, elle danse des rôles principaux avec la *Mordkin Ballet Company (1938-1939) : la *Fille mal gardée, *Giselle et Goldfish. En 1940, elle contribue financièrement à la création du *Ballet Theatre où elle poursuit sa carrière d'interprète. En 1945, elle prend, avec O. *Smith, la direction de la compagnie qui devient bientôt l'*American Ballet Theatre : décidant des distributions et du répertoire, elle contribue à établir les principes de fonctionnement de l'ABT, dont elle assure aussi la survie par des dons généreux prélevés sur sa fortune personnelle, avant d'en transmettre la direction à M. *Baryshnikov en 1980.
Directrice éminente, elle reste aussi une remarquable interprète dramatique, apportant son talent aux œuvres d'A. *Tudor telles le *Jugement de Pâris (1938) dont elle est une magnifique Minerve, *Pillar of Fire (1942) dans le rôle de la sœur aînée ou encore *Dark Elegies (1940) ainsi qu'à celles d'A. *De Mille (*Three Virgins and a Devil, 1941 ; Tally-Ho, 1944 ; *Fall River Legend, 1948), D. *Lichine (Helen of Troy, 1942 ; Fair at Sorochinsk, 1943), E. *Loring (Great American Goof, 1940), A. *Dolin (Pas de quatre, 1941) et de M. *Fokine dont elle crée Barbe-Bleue (1941) et danse les *Sylphides, *Petrouchka et le *Carnaval.
MK
Krisztina de CHATEL (née en 19? ?).
Danseuse et chorégraphe néerlandaise d'origine hongroise.
Formée à la Folkwangschule d'*Essen, elle s'installe aux Pays-Bas. Sa danse se caractérise par la répétitivité d'une gamme limitée de mouvements déployés dans une énergie cadencée, parfois jusqu'à épuisement. Le corps y est souvent amené à se confronter à des obstacles : murs de pierre ou de verre, énormes ventilateurs actionnés dans Typhoon (1985).
JMA
Yvette CHAUVIRÉ (née en 1917).
Danseuse et pédagogue française.
Élève de l'École de danse de l'Opéra de *Paris, elle parfait ensuite sa formation avec B. *Kniasseff et V. *Gsovski. Entrée dans la troupe en 1931, nommée étoile en 1941, elle engage, en suivant S. *Lifar au Nouveau Ballet de *Monte-Carlo en 1946, une série de départs et de retours à l'Opéra de Paris (1947-1949, puis 1953-1963), s'échappant pour tourner à travers le monde (1949-1952). À partir de 1963, elle se produit en invitée dans de grandes compagnies, tout en étant sous contrat avec l'Opéra. Elle fait ses adieux officiels à la scène en 1972, préside l'Académie internationale de danse à Paris (1970-1977) et enseigne à l'Opéra où elle fait travailler les étoiles. Auteur de Je suis ballerine (1960), elle se raconte à Gérard Mannoni dans Yvette Chauviré. Autobiographie (1998).
Danseuse élégante, précise et raffinée, elle incarne la quintessence de l'école française. Sa carrière est surtout marquée par la création de nombreux ballets de Lifar (*Alexandre le grand, *David triomphant, le *Chevalier et la Damoiselle, *Joan de Zarissa, *Suite en blanc). Elle y impose sa superbe plastique et son tempérament dramatique, particulièrement dans le rôle titre d'Istar en 1943 et l'Ombre des *Mirages. Oiseau racé dans la *Mort du cygne (1949) et le Cygne (1953) aussi bien que brillante protagoniste du Grand pas classique (mus. D. *Auber) réglé pour elle par V. *Gsvoski en 1949, elle se révèle une diaphane et inoubliable Giselle. Professeur d'interprétation, elle sait magnifiquement expliquer et transmettre la dimension psychologique des rôles, tant féminins que masculins, comme en témoigne le film Une étoile pour l'exemple (1988, réal. Dominique Delouche).
GP, NL