Compositeur russe.
Élève puis professeur au Conservatoire de Moscou, pianiste virtuose, il se produit souvent en tournée à l'étranger. Marqué par F. *Chopin, F. *Liszt et R. *Wagner, il développe un style richement chromatique et rythmiquement complexe qui finit par rompre toute attache avec l'harmonie tonale. Sa sensibilité exacerbée trouve un écho dans les doctrines théosophiques qu'il découvre à Bruxelles, l'amenant à une vision extatico-mystique de la musique dont témoignent parfois les programmes qui sous-tendent ses œuvres. Musicien visionnaire, révolutionnaire, c'est peut-être à cause de sa personnalité excentrique et prétentieuse que son génie reste encore largement méconnu.
S'il ne compose aucune musique pour la danse, il la sollicite indirectement par l'intérêt qu'il porte à la synesthésie et les allusions fréquentes à la danse et au corps dans les titres et indications de ses pièces de piano. La sensualité déchirante du *Poème de l'extase (1905-1908), dont le texte, écrit par Scriabine, peut servir d'argument, attirera ainsi de nombreux chorégraphes. C'est au contraire l'extrême abstraction et brièveté de ses dernières pièces pour piano qui séduit K. *Goleïzovski dans son exploration d'un nouveau langage pour la danse avant que les recherches formelles ne soient condamnées par le régime soviétique (Sonate de la mort et du mouvement, 1918 ; Préludes, 1921 ; Études de danse pure, 1923 ; Études de pur classicisme, 1924), tandis qu' I. *Duncan, à la même époque, crée la *Mère (1921) et *Étude révolutionnaire (1922) sur des musiques de Scriabine. De retour en grâce, Goleïzovski, invité au *Bolchoï dédiera au compositeur un Scriabiniana (1962).