Philippe TAGLIONI [T. Filippo, dit ] (1777-1871) .
Danseur et chorégraphe italien.
Il est initié à la danse par son père. Son physique juvénile convenant parfaitement au travesti, il débute dans des rôles féminins sur les scènes italiennes où l'on voit alors peu de danseuses. Ses parents l'envoient ensuite se perfectionner à Paris auprès de J-F. *Coulon. Il obtient une place modeste à l'Opéra de *Paris (1800) où il interprète, entre autres, le « jockei » de Demarsept lors de la création de la *Dansomanie (1800). Comprenant qu'il n'aura jamais l'opportunité de faire une carrière à Paris, il part comme premier danseur et *maître de ballet au Théâtre royal de Stockholm (1803-1804). Il est ensuite maître de ballet à Vienne, Cassel, Munich, puis à nouveau Stockholm (1817-1818). Suivent quatre années à Vienne (1820-1824) où il fait débuter sa fille Marie dans la Nymphe de Terpsichore (1822). Il reste ensuite quelques mois à Munich puis à Stuttgart (1826). Durant toutes ces années, il ne crée pas d'œuvre importante à l'exception de Danina ou le Singe du Brésil (1826), reprise talentueuse de *Jocko (1825). Dans plusieurs de ces villes, il donne aussi des leçons de danse aux enfants des grandes familles.
En 1827, son engagement avec sa fille à l'Opéra de Paris, pour participer à quelques divertissements, décide de sa carrière : elle est désormais liée à celle de Marie pour qui il compose toute ses chorégraphies. Elle s'articule autour de deux grands points d'attache, Paris (1827-1837) et *Saint-Pétersbourg (1837-1842). Dans ces deux villes, il crée ses œuvres majeures. Parallèlement, dans un tourbillon de voyages, il séjourne avec sa fille à plusieurs reprises dans les grandes métropoles européennes, Berlin, Londres, Milan, Varsovie, etc. Sa fille y danse des pas ou les grands ballets qui ont fait sa renommée. À Paris, il s'illustre d'abord dans des divertissements d'opéra interprétés par Marie dont la « Tyrolienne » que *Rossini ajoute exprès à Guillaume Tell (1827), le « Ballet des Nonnes » de *Robert le Diable (1831), ainsi que ceux de la Juive (1835) d'Halévy ou des Huguenots (1836) de *Meyerbeer. La renommée de Marie et le succès de Robert le Diable lui valent de pouvoir créer de grands ballets, la *Sylphide (1832), Nathalie ou la *Laitière suisse (1832), la *Révolte au sérail (1833), l'original Brézilia qui ne comporte qu'un seul rôle masculin (1835) et la *Fille du Danube (1836). À Saint-Pétersbourg, il crée la Gitana (1838) et l'*Ombre (1839). Lorsque sa fille quitte la scène, il demeure maître de ballet jusqu'en 1855, date à laquelle il se retire au bord du lac de Côme. C'est un remarquable concours de circonstances qui lui permet d'atteindre au génie. Tout d'abord, une extraordinaire complicité artistique le lie à sa fille Marie. Grâce à l'implacable travail qu'il lui a imposé, il a fait d'elle l'interprète qui sait donner toute sa dimension à son invention chorégraphique, tant pour la gestuelle que pour le sens dramatique. Il saisit alors l'atout que représente cette créature qu'il a su rendre aérienne tandis que le romantisme embrase les scènes européennes avec sa quête d'idéale immatérialité. Ses ballets réutilisent des éléments de spectacle (livrets, machinerie) déjà vus, mais il les réunit autour de Marie et transforme les visions divines et mythologiques du siècle précédent en fantômes brumeux. Il donne ainsi au ballet sa spiritualité fantastique et renouvelle en profondeur ses résonances esthétiques. Il offre à la danse des significations théâtrales inusitées et lui ouvre des perspectives qui, dépassant de loin un simple phénomène de mode lié à une époque précise, iront du ballet romantique au ballet *blanc.
SJM
Salvatore Taglioni (1789-1868).
Danseur, chorégraphe et pédagogue italien.
Fils de Carlo Taglioni, il étudie avec J.-F. *Coulon à Paris, où il débute à l'Opéra en 1806. L'année suivante, il est danseur et chorégraphe dans différentes villes françaises. En 1808, avec sa sœur Luisa et sa femme Adélaïde Perrault, il est engagé au *San Carlo de Naples, où il interprète les ballets de L. *Henry, P. *Hus, F. *Clerico, L. *Duport, S. *Viganò et G. *Gioja. A partir de 1812, il dirige une des deux écoles de perfectionnement du San Carlo, où il présente, en 1814, la *Fille mal gardée et le Barbier de Séville. De 1820 à 1831 (année où il cesse de danser), il crée et interprète ses propres ballets à La *Scala, au *Teatro Regio de Turin et au Hoftheater de *Vienne, mais la plus grande partie de sa carrière de chorégraphe est étroitement liée à la dynastie des Bourbons qui règne à Naples. Il présente régulièrement ses créations dans les théâtres royaux de cette ville jusqu'en 1860 (moment où le royaume des Deux-Siciles est conquis par les troupes de Garibaldi et l'armée piémontaise), obtenant dès 1831, par privilège exceptionnel, le titre de « chorégraphe à vie » de ces théâtres. Cette charge ne l'empêche pas de continuer à présenter ses ballets à la Scala (1836, 1837, 1839 et 1840) et au Teatro Regio (1843). Il crée son dernier ballet, Il Talismano, en 1865.
Au fil de ses multiples créations, il expérimente tous les genres : ballet mythologique, héroïque, historique, romanesque, jusqu'au ballet romantique proprement dit. S'appuyant autant sur les effets spectaculaires que sur le lyrisme de la danse pure, il signe ses plus grands succès avec Castor et Pollux (1820), Sesostri (1823), Tippoo-Saeb (1823), Romanov (1832), Amour et *Psyché (1835), I Promessi Sposi (1836) et *Faust (1838).
CCe
Bibliographie. L. Cavalletti, « Salvatore Taglioni, King of Naples », in Rethinking the Sylph, sous la dir. de L? ? ? ? Garafola), Wesleyan U. Press,
Marion TAIT (née en 1950).
Danseuse et maîtresse de ballet britannique.
Formée à la *Royal Ballet School, elle intègre le *Sadler's Wells Royal Ballet (1968), dont elle devient par la suite maître de ballet. Elle interprète tous les classiques et crée de nombreux rôles pour K. *MacMillan et D. *Bintley. Interprète au charisme remarquable, elle sait être dramatique dans *Fall River Legend (A. *De Mille), hilarante dans *Hobson's Choice et romantique dans *Roméo et Juliette (MacMillan). Elle reçoit le titre d'interprète de l'année en 1994.
CH