(Ballet de l'Opéra de) Vienne. (suite)
Avec la *Laitière suisse (1821), Ph. *Taglioni s'engage sur la voie ouverte par Aumer et fait débuter sa fille M. *Taglioni en 1822 dans le divertissement Réception d'une jeune nymphe à la cour de Terpsichore, tandis que F. *Elssler danse déjà dans le corps de ballet. Die Fee und der Ritter (1823, A. *Vestris) et Danina ou *Jocko, le singe du Brésil (1826, Ph. Taglioni) figurent parmi les productions majeures de cette période, ainsi que le ballet féerique de J. *Perrot, Der Kobold (1838, mus. Wilhelm Reuling). Venu régler quelques-uns de ses ballets en 1854, A. *Bournonville dirige la compagnie de 1855 à 1856, mais il est confronté à P. *Taglioni qui, à partir de la création de *Satanella (1853), va s'imposer à Vienne jusqu'en 1874. Les *Aventures de Flick et Flock (1865) et Carnevals Abendteuer in Paris (1858, P. *Borri) restent parmi les succès retentissants à cette époque.
L'inauguration, en 1869, du nouvel opéra, dit « Haus am Ring », ouvre une ère nouvelle : P. Taglioni signe son monumental Sardapanale (1869) et dès 1870, alors que K. *Telle est maître de ballet, l'École de ballet du Hofoper est officiellement créée. *Coppélia (1876) puis *Sylvia (1877) entrent au répertoire. Marqué par la création d'*Excelsior (1881, L. *Manzotti), tournant esthétique dans l'histoire du ballet d'Europe centrale, J. *Hassreiter paraphrase le modèle italien avec Die Puppenfee (1888), *divertissement *pantomime dont le succès lui permet d'accéder au poste de maître de ballet (1889-1919). Seul Wiener Waltzer (1885), imposant ballet de Louis Frapparts, reçoit alors un accueil du même ordre. La période 1897-1907, durant laquelle G. *Mahler dirige le Hofoper, est marquée par son conflit avec Hassreiter. S'amorce alors le déclin de cette époque fastueuse des ballets viennois, que ni les œuvres léguées par J. *Strauss, dont Cendrillon (1908, Hassreiter), ni les œuvres réformatrices Der Schneemann (1910, Carl Godlewski, mus. Erich Wolfgang Korngold) et Der Schleier der Pierrette [le Voile de Pierrette] (1911, m. en sc. Wilhelm von Wymetal, mus. E. von *Dohnányi) ne pourront éviter.
Après la chute de la monarchie, les tentatives se succèdent pour ouvrir de nouvelles perspectives. H. *Kröller, maître de ballet de 1923 à 1928, crée deux œuvres importantes sur des musiques de R. *Strauss : la Légende de *Joseph (1922) et Schlagobers (1924). Le ballet est ensuite soumis à l'influence de la danse *libre avec Sacha Leontieff, puis les chorégraphes invitées G. *Wiesenthal et V. *Kratina, tandis que B. *Nijinska échoue dans sa tentative de s'installer à Vienne : Der Taugenichts in Wien (1930, Wiesenthal, mus. Franz Salmhofer) reste l'œuvre marquante de cette période. M. *Wallmann, autre représentante de la danse libre, maître de ballet de 1934 à 1938, crée notamment Fanny Elssler (1934, mus. Michael Nádor) et Der liebe Augustin (1936, mus. Alexander Steinbrecher). L'arrivée d'E. *Hanka (1942-1958) marque un retour à une orientation plus classique : menant une politique de répertoire très judicieuse, elle signe une de ses meilleures productions avec Der *Mohr von Venedig (1955), créé à l'occasion de la réouverture de l'opéra détruit pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la mort de Hanka, les maîtres de ballet se succèdent rapidement : D. *Parlic (1958-1962), A. von *Milloss (1963-1966 et 1971-1974), V. *Orlikovski (1966-1971), l'élément marquant de cette période restant la venue de R. *Noureev pour monter le *Lac des cygnes (1964) et *Don Quichotte (1966).
Sous la direction de G. *Brunner (1976-1990), le ballet crée plusieurs productions importantes, dont la version de J. *Neumeier de la Légende de *Joseph (1977), Grand Trio (1978, H. *Van Manen), Ulysses (1979, R. *Van Dantzig) et Orpheus (1986, Ruth Berghaus, mus. H. W. *Henze). En 1983, G. *Dill réalise une reconstruction exemplaire de Puppenfee. Par la suite seront aussi remontées des œuvres de représentantes autrichiennes de la danse libre telles que Wiesenthal, G. *Bodenwieser et R. *Chladek. A. *Wooliams, directrice du ballet après Elena Tchernichova (1991-1993), cède la place, en 1995, à Renato Zanella.
GOS