Danseuse, chorégraphe et pédagogue américaine d'origine polonaise.
Elle commence à étudier la danse à l'âge de dix ans, puis fréquente Neighborhood Playhouse, où enseignent L. *Horst et M. *Graham, laquelle l'engage vite dans sa compagnie. Elle y reste jusqu'en 1938, sans jamais complètement assimiler le style grahamien. Entre-temps, elle cherche à articuler son propre langage et fonde le groupe Dance Unit (1934). En 1937, elle partage avec E. *Junger et J. *Limón les premières bourses du *Bennington College. De 1939 à 1948, elle travaille au Mexique, où elle contribue à implanter la danse *moderne. Son séjour mexicain marque un tournant dans sa création, désormais enrichie de motifs populaires (Visión Fantástica). Dès 1953, elle poursuit ses activités en Israël où elle aide à l'éveil de la danse moderne, tout en dirigeant sa troupe à New York. Depuis 1971, elle réunit la parole théâtrale, la danse et la musique au sein du Player's Project. En dehors de son travail pédagogique pionnier au Mexique et en Israël, elle est particulièrement remarquée pour l'enseignement du mouvement aux acteurs, notamment dans le cadre de l'Actors Studio.
A. Sokolow appartient à la génération profondément touchée par la crise économique des années 1930 et par la Seconde Guerre mondiale, pour qui la danse moderne devient un moyen d'intervention politique : son œuvre prend racine dans la volonté de participer activement aux changements sociaux souhaités. Dès ses premiers solos, destinés à un public ouvrier, son œuvre porte la marque de la préoccupation sociale : sans jamais forcer le trait, elle dénonce les atrocités de la guerre (Slaughter of the Innocents, 1937), le fascisme (Façade, 1937), l'injustice sociale (Strange American Funeral, 1935). Avec *Lyric Suite (1953), l'aliénation de l'après-guerre devient sa problématique centrale, qui se cristallise dans *Rooms (1955), avant de trouver son expression la plus sombre dans *Deserts (1967). Pour Sokolow, « la forme vraie vient en réduisant la réalité à sa structure essentielle ». Ses œuvres, commentaires (auto-) sarcastiques d'un monde en mutation, temporelles et non temporaires, font preuve d'une rare capacité à aller au-delà des circonstances pour en extraire l'essentiel. Déconstruites et épurées, en coupant le fil narratif, elles mettent en abîme les points de vue individuels et agitent les émotions du spectateur. Dans ses « travaux qui n'ont pas de fin », Sokolow évite les réponses définitives en faveur d'une relation constamment renouvelée avec la réalité.
MDS
Autres chorégraphies. Poem (1956) ; Dreams (1961) ; Odes (1964) ; Steps of Silence (1968) ; Magritte, Magritte (1972).
Bibliogaphie. A. Sokolow, « The Rebel and the Bourgeois », in S. J. Cohen (éd.), The Modern Dance : Seven Statements of Belief, XXXXXX, Middletown (Conn.), 1966 ; Ballade, XXXXXX, Philadelphie, 1993. - L. Warren, Anna Sokolow : The Rebellious Spirit, XXXXXX, Princeton, 1991.
Filmographie. La majorité de ses œuvres ont été filmées. Pour la liste exhaustive, v. « Appendices », in L. Warren, op.cit.