Compositeur russe.
Après ses études au Conservatoire de Saint-Pétersbourg, il s'intéresse aux courants contemporains d'Occident et, tout en composant , débute une brillante carrière de pianiste et de chef d'orchestre. Il quitte la Russie en 1918 et passe quinze ans à voyager : c'est durant cette période qu'il collabore avec les *Ballets russes. Il rentre définitivement en Union soviétique en 1936 et devient l'un des compositeurs officiels du régime soviétique. Sa musique, révolutionnaire dès la première heure, affirme sa hardiesse par son apreté harmonique et rythmique, et son orchestration coupante. Il effectuera un sage revirement vers la tonalité lors de son retour en Union soviétique.
Prokofiev est, avec I. *Stravinski et J. *Cage, le compositeur le plus important pour la danse au XXe siècle, mais, contrairement à ceux-ci, sa relation à la danse ne passe pas par une collaboration étroite avec un ou des chorégraphes précis : tous ses ballets sont d'ailleurs créés par des chorégraphes différents. Il compose le premier, Ala et Lolly, à la demande de Diaghilev lors d'un voyage à Londres en 1914 : Diaghilev renonce finalement à cette production mais, réadaptée et rebaptisée peu après Suite scythe, cette partition sera finalement chorégraphiée dans sa nouvelle version (1923, M. *Terpis ; 1927, B. *Nijinska ; 1969, G. *Alexidze ; 1969, V. *Biagi). Diaghilev lui commande encore Chout [le Bouffon] (1921, Théodore Slavinski et M. *Larionov), le Pas d'acier (1927, L. *Massine ; 1948, S. *Lifar) et le *Fils prodigue (1929, G. *Balanchine) qui connaîtra diverses reprises. Prokofiev compose également pour Lifar Sur le Borysthène (1932). Sa partition la plus célèbre, *Roméo et Juliette, est le premier grand ballet de sa période soviétique. Par l'usage des leitmotive, la musique souligne la force, le lyrisme du drame et l'évolution psychologique des personnages. Créé à Brno (1938, *Pšsota), repris au *Kirov en 1940 par L. *Lavrovski, ce ballet devient très vite une œuvre majeure du répertoire, de même que *Cendrillon (1945, R. *Zakharov). Dans ce dernier, le compositeur renoue avec les danses anciennes, comme la *gavotte ou la *pavane, en les introduisant dans une structure narrative qui illustre le mouvement, tandis qu'il use d'un lyrisme romantique pour son ultime ballet, la Légende de la fleur de pierre (1954, Lavrovski ; 1957, Y. *Grigotrovitch ; 1960, T. *Schilling ; 1962, Vaslav Orlikovski ; 1976, E. *Walter ; 1994, T. *Malandain).
De par sa vitalité, son lyrisme et son sens du rythme, la musique de Prokofiev ne cessera d'inspirer les chorégraphes qui se tourneront aussi vers des oeuvres non destinées à la scène, notamment : Pierre et le loup (1940, A. *Bolm ; 1940, F. *Staff ; 1950, I. *Cramer ; 1951, D. *Parlic ; 1954, L. *Chiriaeff ; 1960, N. *Larsen ; 1965, P. *Wright ; 1966, P. *Belda ; 1985, Arnie Zane), Symphonie classique (1930, Slavinski ; 1954, E. *Hanka ; 1958, Lifar ; 1962, S. *Golovine ; 1966, Lavrovski ; 1973, G. Alexidze ; 1982, T. *Bolender), Visions fugitives (1922, K. *Goleizovski ; 1933, R. *Page ; 1968, W. *Gore ; 1990, H. *Van Manen), Lieutenant Kijé (Russian Soldier, 1942, M. *Fokine), Alexandre Nevski (1969, O. Vinogradov), *Ivan le Terrible (1975, Y. Grigorovitch).
JRou
Sur la mus. de Prokofiev. B. *Romanov (le Trapèze, 1925) ; A. *Tudor (Lysistrata, 1932 ; Gala Performance, 1938) ; J. *Charrat (Concerto de Prokofiev, 1947) ; G. *Skibine (le Retour, 1954) ; A. *Milloss (Estro arguto, 1957) L. *Christensen (Prokofiev Waltzes, 1961) ; D. *Lichine (Image chorégraphique, 1962) ; L. *Yakobson (Danses médiévales avec baisers, 1970 ; l'Extase, 1975) ; P. *Darrell (Four Portraits, 1971) ; J. *Robbins (An Evening's Waltzes, 1973 ; Opus 19, 1979) ; Van Manen (Piano Variations II, 1981) ; J. *Neumeier (Skakespeare Liebespare, 1985) ; J. *Kudelka (Heart of the Matter, 1986 ; Violin Concerto, 1990 ; Désir, 1991 ; The End, 1992).