Danseur, chorégraphe et directeur de compagnie français.
Il entre à dix ans à l'École de l'Opéra de *Paris, où il travaille notamment avec G. *Ricaux. Engagé en 1940 dans le corps de ballet de l'Opéra, il danse les chorégraphies de C. *Zambelli, A. *Aveline et S. *Lifar, tout en travaillant chez Mme *Rousanne aux côtés de M. *Béjart, V. *Verdy et L. *Caron, entre autres. En 1943, il est le partenaire d'Y. *Chauviré dans l'*Amour sorcier, mais il démissionne de l'Opéra en 1944. Il se produit alors dans les Soirées de la danse d'I. *Lidova au théâtre Sarah-Bernhardt et travaille avec B. *Kniaseff. En 1945, il fonde sa première compagnie, les *Ballets des Champs-Élysées, avec laquelle il crée notamment les *Forains (1945) et le *Jeune Homme et la Mort (1946). C'est au théâtre Marigny qu'il fonde, en 1948, les Ballets de Paris, avec Zizi *Jeanmaire comme étoile. Il y crée déjà certains des ballets les plus marquants de sa carrière, comme *Carmen (1949), le *Loup (1953), Cyrano de Bergerac (1959), et règle ses premières *revues pour Zizi Jeanmaire au théâtre de Paris et à l'Alhambra, entamant une collaboration avec l'auteur-compositeur Serge Gainsbourg et Y. *Saint Laurent. En même temps, il collabore à plusieurs films, à Hollywood (Hans Christian Andersen, 1952, réal. Charles Vidor ; Daddy Long Legs, 1954, réal. Jean Negulesco ; The Glass Slipper, 1954, réal. Ch.*Walters ; Anything Goes, 1955, réal. R. Lewis) ou à Paris (Folies-Bergère, 1956, réal. Henri Decoin ; Charmants Garçons, 1957, réal. Decoin). Il crée plusieurs ballets par an et, en 1965, revient à l'Opéra pour chorégraphier *Notre-Dame de Paris à la demande de G. *Auric. Il apparaît désormais comme un homme de spectacle complet. Mon truc en plumes (1961), chanté et dansé par Zizi Jeanmaire, qu'il a épousée en 1954, fait le tour du monde. Il règle des ballets pour les plus grands théâtres, en France, en Italie, en Allemagne, en Grande-Bretagne, au Canada, à Cuba, faisant une véritable révolution à l'Opéra de Paris en 1968 avec *Turangalîla . En 1972, il signe Pink Floyd Ballet, pour la naissance du Ballet de *Marseille, qu'il dirigera pendant vingt-six ans, tout en continuant à créer dans le monde entier. En 1997, il s'installe à Genève.
Comptant parmi les chorégraphes les plus importants du siècle, il est l'auteur de plus de cent cinquante créations, abordant tous les genres (show télévisé, revue, ballet) et chorégraphiant pour une pléiade de grands danseurs : M. *Fonteyn (les Demoiselles de la nuit, 1948), R. *Noureev (Paradis perdu, 1967), M. *Plissetskaïa (la Rose malade (1973), M. *Baryshnikov (la Dame de pique, 1982), A. *Makarova (l'Ange bleu, 1985), P. *Dupond (le Chat botté, 1985), D. *Khalfouni (Ma Pavlova, 1986), O. *Ferri (le Diable amoureux, 1989), N. * Le Riche (le Guépard, 1995), C. *Fracci et M. *Murru (Chéri, 1996), A. *Assylmouratova et Murru (le *Lac des cygnes, 1997). Il sait s'entourer de créateurs, découverts souvent dans les domaines de la peinture, de la musique et de la couture, et se tourne aussi bien vers des relectures de classiques comme *Coppélia (1975), *Casse-Noisette (1976), la *Belle au bois dormant (1990) que vers des créations sur des partitions du XXe siècle (A. *Berg, I. *Stravinski, A. *Schoenberg, M. *Constant, M. *Landowski, A. *Webern, Gabriel Yared). Refusant toujours les effets techniques gratuits, il ne cesse de renouveler son style et son langage, employant, notamment dans Carmen, des positions « fermées » très nouvelles et introduisant dans Turangalîla un travail de reptations qu'il développera par la suite. Il s'affirme comme un maître dans l'art du *pas de deux et dans celui du ballet narratif, tout en réussissant avec éclat dans l'abstraction.
GM
Autres chorégraphies. Le Rendez-vous (1945, mus. Joseph Kosma) ; la *Croqueuse de diamants (1950) ; Deuil en vingt-quatre heures (1953 pour C. *Marchand) ; l'Éloge de la folie (1966, pour F. *Blaska) ; Proust ou les Intermittences du cœur (1974, pour R. *Bryans) ; *Nana (1976, Op. de Paris) ; la Chauve-souris (1979, pour Jeanmaire) ; le *Fantôme de l'Opéra (1980) ; Tout Satie (1988, B. national de Marseille) ; Charlot danse avec nous (1991, pour E. *Terabust et Luigi Bonino) ; *Camera obscura (1994, Op. de Paris).
Bibliographie. R. Petit, J'ai dansé sur les flots, Grasset, 1993. - Roland Petit, l'Avant-scène ballet-danse, 1984 ; G. Mannoni, Roland Petit, le chorégraphe et ses peintres, Hatier, Paris, 1990 ; Roland Petit, le chorégraphe et ses danseurs, Plume 1992.