Compagnie attachée au Teatro San Carlo de Naples.
Inauguré en 1737, à l'occasion de la fête de Charles de Bourbon (d'où son nom), le San Carlo joue un rôle fondamental dans l'histoire de la danse. Dès sa fondation, il dispose d'une compagnie de danse dont le premier directeur est Francesco Aquilanti secondé par sa femme Chiara. Le XVIIIe siècle est dominé par des productions du genre grotesque typiquement italien, caractérisé par une technique virtuose et dont les principaux représentants sont F. Sabioni (I quattro elementi, 1740) et Gaetano Grossatesta (Ezio, 1748 ; Demofonte, 1750). Ce dernier rachète ensuite le théâtre (1753) et y engage des disciples de l'école viennoise : Francesca et Giuseppe Salomoni, O. *Viganò. Leurs ballets-pantomime grotesques, tel Le Convive de pierre ou *Don Juan Tenorio (1769) de Viganò, introduisent au San Carlo la réforme du *ballet d'action alors en cours dans les grands théâtres européens : Ch. *Lepicq engagé par Grossatesta en 1772, obtient ainsi un grand succès en remontant des ballets de son maître J-G. *Noverre dont *Adèle de Ponthieu (1774) et Didon abandonnée (1781). Les chorégraphes napolitains, plus proches des thèses de Noverre que de celles de G. *Angiolini, privilégient alors le genre de la pantomime tragique comme en témoignent Vologeso re dei Parti (1787) de S. *Gallet, *Romeo et Juliette (1799) de G. Ronsi ou les oeuvres de D. Lefevre et G. *Gioja.
Sous la domination napoléonienne de Naples (1806-1816), le San Carlo est l'objet d'un processus de "francisation" qui tend à rapprocher son identité de celle de l'Opéra de *Paris. C'est ainsi qu'est créée en 1812 l'école de ballet, la première du genre en Italie, mise en place par L. *Henry : elle comporte deux niveaux d'étude (formation de base et perfectionnement) et sa direction est confiée d'abord à P. *Hus, puis à L. Henry et S. *Taglioni qui cumulent cette fonction avec celle de chorégraphe. A la même époque, le San Carlo présente des créations de S. Viganò (Clotilde, principessa di Salerno, 1815), L. *Duport, A. *Vestris ainsi que de G. Gioja, alors au faîte de sa carrière, qui contribue à l'ouverture de l'Ecole de mimique du théâtre en 1825, tandis que font leur débuts sur scène les élèves de l'école appelés à briller dans les ballets *romantiques : P. Samengo, A. *Guerra, F. *Cerrito.
La mort de G. Gioja (1826) puis celle de L. Henry (1836), le départ à l'étranger d'A. Guerra et de F. Cerrito ainsi que la fermeture des écoles du théâtre (1840) marquent cependant le début d'un inexorable déclin qui se prolongera jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Durant cette période, seul S. *Taglioni maintient une veine créative avec ses ballets historico-romantiques tels I promessi sposi (1836) et Marco Visconti (1841), tandis qu'un sursaut a lieu lors de la brève réouverture de l'Ecole de ballet dans les années 1860-1870 et avec les productions de L. *Manzotti (*Excelsior, 1882). Au début du XXe siècle, l'activité chorégraphique se résume à un ballet par saison, généralement sans grande originalité, telles les productions de Julia Sedova (La foresta incantata, date) et d'A. *Milloss (Aeneas, 1937).