Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
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Mlle de La Fontaine (), [ou Lafontaine ] (v. 1655-1738).

Danseuse française.

Elle débute sur la scène de l'*Académie royale de musique à Paris lors de la reprise du *Triomphe de l'amour en mai 1681, devenant rapidement l'un des plus beaux fleurons du corps de ballet désormais mixte. Elle prend sa retraite en 1693 pour se retirer au couvent des religieuses de l'Assomption. Gracieuse, elle agrémente les *divertissements des opéras de J.-B. *Lully où son style *noble fait merveille. Soliste, elle obtient le privilège de composer elle-même ses *entrées et s'impose comme la première grande figure de la danse professionnelle féminine à l'Opéra de *Paris.

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Laban Centre for Movement and Dance.

Centre d'enseignement supérieur de la danse situé à Londres (Grande-Bretagne).

Fondé en 1948 par L. *Ullman, sous le nom de Art of Movement Studio In Manchester, il est transféré à Addlestone (Surrey) en 1953. Appliquant l'idée de R. *Laban de rendre la danse disponible au plus grand nombre et enseignant le système de *notation de celui-ci ainsi que son corpus théorique d'analyse de la danse (*choréologie), il exerce alors pendant vingt ans une grande influence sur l'enseignement de la danse en Grande-Bretagne.

En 1973, Marion North est nommée directrice ; le centre prend sa dénomination actuelle et il est transféré dans le South East de Londres. C'est le début d'une évolution vers un statut de conservatoire de danse capable de prendre en compte les développements en cours et à venir de la danse contemporaine dans le monde. Le premier Honours Degree [licence] en danse de Grande-Bretagne y est soutenu en 1976, puis le premier Master of Art [maîtrise] en 1980 suivi du Master of Art de thérapie par le mouvement et la danse en 1989. Les locaux comprennent onze studios de danse, un studio de préparation physique (body conditioning), des studios son et vidéo, le Bonnie Bird Theatre ainsi qu'un département de production.

Riche d'une histoire d'un demi siècle, le Laban Centre est une institution majeure de la vie chorégraphique en Grande-Bretagne et exerce son influence bien au-delà des frontières de ce pays.

EAG

Rudolf LABAN, [Laban von Varaljas Reszö, ] (1879-1958).

Danseur, chorégraphe, maître de ballet et théoricien austro-hongrois et allemand.

Fils d'un officier de l'Empire austro-hongrois, il garde des fêtes villageoises de Bosnie, qu'il a connues enfant, l'image d'une authentique culture populaire en voie de disparition. Ses nombreux voyages aiguisent son inquiétude face aux mutations de la civilisation industrielle. En 1900, il renonce à une carrière militaire pour étudier l'architecture et les beaux-arts à Munich, puis à Paris, où il travaille en tant qu'illustrateur, épouse le peintre Martha Fricke (décédée en 1907) et rencontre des élèves de F. *Delsarte. De retour à Munich en 1910, désireux de faire du corps un moyen de régénération, il s'intéresse à la *notation du mouvement, aux méthodes de culture du corps (R. *Bode, B. *Mensendieck) ainsi qu'à la fonction du théâtre dans la culture, transposant à la danse le concept d'œuvre totale de R. *Wagner dans les défilés du carnaval et dans Sieg des Opfers (1914). Avec sa seconde épouse Maja Lederer, il ouvre en 1913 un atelier pour la danse et l'art scénique où il multiplie les expériences sur le mouvement, le son et la parole. La Première Guerre mondiale le mène à Zurich et *Ascona. Assisté de S. *Perrotet et M. *Wigman, il y présente en 1917 un *Hymne au soleil qui laisse présager le potentiel créatif des *Bewegungschöre. Dans la mouvance du courant utopiste qui circule alors en Europe, il s'ouvre à toutes les pratiques, croyances et philosophies (soufisme, franc-maçonnerie, théosophie, pensée vitaliste) qui lui permettent d'orienter sa recherche, soutenue par la radicalité artistique de la bohème munichoise et du *dadaïsme qu'il côtoie à Zurich. Après la guerre, l'École Laban, installée à Stuttgart en 1920 puis à Hambourg avec D. *Bereska, se subdivise rapidement en filiales (21 en 1927). Laban abandonne alors ses travaux d'illustrateur qui assuraient sa survie en Suisse avec ses compagnes (Lederer et Perrotet) et leurs enfants.

Les années 1919-1927 son également riches en inventions scéniques. Avec la Tanzbühne, installée à Stuttgart puis à Hambourg, Laban remonte des œuvres du répertoire (*Agamemnon, 1924) et crée des pièces inspirées du registre théâtral (satire, comédie, drame, etc.). Par son utilisation des Bewegungschöre, de décors abstraits et de montages musicaux novateurs, il participe à une réforme générale de l'esthétique qui s'exprime dans *Schwingende Tempel (1922) et *Titan (1927). Soliste dans ses créations, il danse *Don Juan lorsqu'un accident met fin à sa carrière de danseur en 1926. Il s'attache alors à institutionnaliser la danse. Transférée à Würzburg en 1927, puis à Berlin, sous forme d'un Institut chorégraphique, son École devient un laboratoire de recherches sur la notation et un centre de formation professionnelle. Il organise les Congrès des danseurs allemands, dirige leur syndicalisation et défend le concept de *Tanztheater. Chorégraphe à Bayreuth (1930-1931), il dirige le Ballet de l'Opéra de Berlin de 1931 à 1934. Son espoir de voir la danse moderne déterminer le visage de son temps est conforté par la mise en place d'une politique de la danse par le nouveau pouvoir national-socialiste. Nommé directeur de la Deutsche Tanzbühne de Berlin au sein du ministère de la Propagande il fonde, entre autres, les *Deutsche Meisterwerkstätten für Tanz, crée un festival de danse moderne et intensifier ses mises en scènes avec des milliers de danseurs, projets qu'il se voit contraint d'abandonner après l'interdiction de *Vom Tauwind und der neuen Freude (1936). Remplacé par R. *Cunz à Berlin, Laban émigre en 1937. En 1938, il rejoint K. *Jooss en Grande-Bretagne, reprend l'enseignement assisté de L. *Ullman et s'intéresse à l'amélioration de la productivité industrielle. Nommé conseiller par les usines d'armement Paton Lawrence & Co. en 1941, il s'installe à Manchester et travaille à sa théorie de l'*effort.

Chercheur infatigable, ses principes du mouvement sont une réelle invitation à l'inventivité que les écoles de Jooss en Allemagne, S. *Leeder en Suisse, I. *Bartenieff et le Dance Notation Bureau (créé en 1940) à New York ainsi que le *Laban Center de Londres participent à prolonger. Ce touche à tout de l'esprit aura su maintenir ses théories en perpétuelle évolution : le même utopiste d'une danse qui telle un " temple en mouvement " aiderait l'humanité à retrouver ses racines ancestrales fragilisées par la société industrielle, se réconcilie avec la machine pour développer la dernière phase de sa théorie. Ses expériences les plus révolutionnaires, commencées dans la pleine effervescence de la modernité, ont repoussé les limites des pratiques artistiques connues. Cherchant un espace qui restitue la relation de l'homme au cosmos, il aborde l'expérimentation dans la nature loin des lois de la perspective scénique et crée une nouvelle conception et organisation de l'*espace (*kinésphère, *plans) basée sur le rapport du corps à la force de *gravité. Par l'*improvisation il met en évidence *flux et *rythme du mouvement; indépendants de la musique, dynamisés par l'*impulsion dans les *schwungs. De ses essais se décantent peu à peu, par une créativité incessante qui n'exclut pas le hasard, les éléments d'une pensée de la danse (*choréosophie) qu'il sait nécessaire à la pérennité de la *nouvelle danse naissante. Intégrant les acquis de la danse *classique et de la musique il développe la *choreutique qui, avec l'*eukinétique, donnent un répondant chorégraphique aux recherches sur le son et la couleur d' A. *Schoenberg et W. *Kandinski. Dans son effort pour donner à la danse tous les atouts d'un art majeur, il crée un système de notation et développe la pratique des *gammes, réelle mélodie du corps, qui s'articule dans un espace-temps dont l'*icosaèdre est le symbole le plus visible et la recherche d'une transcendance son penchant le plus secret.