Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
H

Rosella HIGHTOWER (née en 1920). (suite)

Ballerine moderne avant la lettre, tant par la qualité de sa magnifique technique que par son approche des rôles et sa capacité à incarner des personnages très différents, elle triomphe au Grand Ballet du marquis de Cuevas dans les pages célèbres du répertoire (le Cygne noir, *Petrouchka, la *Sylphide, la Belle au bois dormant remontée pour elle par B. *Nijinska) et crée de nombreux ballets comme Symphonie allégorique (1952, L. *Massine), Ines de Castro (1952, Ana Ricarda), Piège de lumière (1952, J. *Taras), Corrida (1957, D. *Lichine), Othello (1957, F. *Adret). Sa ligne étonnante, la beauté de son visage marqué par son origine indienne ajoutent encore à l'intérêt de ses compositions dramatiques et de ses incarnations d'héroïnes classiques. Elle reste l'une des très grandes ballerines de la seconde moitié du XXe siècle.

GM

Tatsumi HIJIKATA, [YONEYAMA Kunio dit] (1928-1986).

Danseur et chorégraphe japonais.

Né à Akita (Tôhoku), au nord du Japon, il se forme à la danse moderne à partir de 1947 avec Katsuko Masumura, un élève de T. *Eguchi. En 1952, il s'installe à Tokyo où il étudie plusieurs formes de danse : ballet moderne avec Mitsuko Audo à l'Unique Ballet Theater, compagnie pour laquelle il danse en 1954, danse *jazz, danses de *société, danse espagnole. À la fin des années 1950, il entame une collaboration étroite avec K. *Ôno qu'il a vu se produire dès 1949 et dont la danse l'a alors fortement impressionné. Avec le fils de ce dernier, Yoshito Ôno, il crée et danse en 1959 *Kinjiki [les Amours interdites], pièce considérée comme l'acte de naissance du *butô. Plaçant tout d'abord leur collaboration sous l'intitulé Dance Experience, ils adoptent en 1961 l'appellation Ankoku Butô Ha [École du butô noir] pour désigner le groupe ouvert qui se forme autour d'eux, avant que Hijikata ne constitue en 1970 une compagnie plus formelle sous le nom de Hangidaitôkan [Danse du corps consummé]. En 1972, Hijikata crée *Shikino tameno 27 ban [27 Nuits pour les quatre saisons], spectacle inaugural de la technique et de l'esthétique nouvelle qu'il développe et qu'il dénomme « Tôhoku kabuki » (en référence à sa région d'origine). Après *Shizuka na ié [La Maison calme] (1973), dernière des ses œuvres dans laquelle il danse, il se concentre sur la chorégraphie, paraissant toutefois encore la même année dans Yôbutsushin Tan [Histoire du dieu du phallus] d'A. *Maro. De 1974 à 1976, il signe seize pièces données dans son studio et lieu de spectacle Asubesuto Kan [la Maison d'Asbesto], toutes créées pour la danseuse Yôko Ashikawa. C'est aussi elle qui dansera, en 1978, Yami no Maihime Jûnitai [les Douze Phases de la danse des ténèbres de la princesse] au festival d'Automne à Paris, première présentation du travail de Hijikata hors du Japon. Suit une période moins active durant laquelle il met en scène Watashi no okasan [Ma mère] pour Ôno en 1981 et publie en 1983 Yameru Maihime [Princesse dansante souffrant d'une maladie]. Il meurt alors qu'il prépare Tôhoku Kabuki Project 1-4 pour l'inauguration du Ginza Saison Theater.

Son travail se caractérise par une résistance au modernisme, tout particulièrement à la surenchère qui le caractérise : là où le modernisme s'attache à mettre en valeur le « plus », le « mieux », Hijikata explore le « moins », le « moindre » ; à la quête de la force, il substitue celle de la faiblesse ; à l'expansion, il préfère la rétraction. Dans les années 1960, entouré des écrivains Yukio Mishima et Tatsuhiko Shibusawa, du plasticien Natsuyuki Nakanishi et du photographe Eikô Hosoe, il puise son inspiration dans la littérature française (J. *Genet, Lautréamont, Sade) et le *surréalisme, abordant l'érotisme, la violence et les tabous de la société moderne. Il systématise ensuite ses idées et les techniques du butô dans les années 1970 à travers sa collaboration avec Yôko Ashikawa : partant de l'idée que la chair est dépositaire d'une mémoire personnelle tout autant que d'une mémoire collective, il se tourne alors de plus en plus vers des références japonaises, explorant en particulier les gestes de la vie quotidienne des années 1920 et 1930 dans le Tôhoku, sa région d'origine. C'est à partir de là qu'apparaissent les éléments caractéristiques de la technique butô : ganimata [jambes arquées] et teboké [mains déliquescentes] qui résultent du déplacement du *centre de gravité vers le bas, forme embryonnaire qui concentre l'énergie vers l'intérieur du corps, caractéristiques que Hijikata rassemble à la fin de sa vie sous la notion de suijakutai [corps débilité]. Il met également au point le butô fu [notation du butô], transcription du système de mémorisation transmis de bouche à oreille entre disciples qui repose sur un ensemble d'images et de poèmes provoquant le mouvement à partir d'un dialogue avec le maître. Hormis Yôko Ashikawa, parmi les principaux disciples de Hijikata figurent Mitsutaka Ishii, Tomiko Takai, Kôichi Tamano, Natsu Nakajima, Yukio Waguri, Saga Kobayashi.

MG

Autres chorégraphies. *Divine Shô (Notre-Dame des Fleurs) (1960) ; Barairo Dansu [Danse en rose] (1965) ; *Hijikata Tatsumi to Nihonjin Nikutai no Hanran [Tatsumi Hijikata et les japonais - la Rébellion de la chair] (1968).
Bibliographie. Yukio Waguri, CD-ROM Butoh-Kaden, Justsystem, Japon, 1998.

Laurent HILAIRE (né en 1963).

Danseur français.

Après ses études à l'École de danse de l'Opéra de *Paris, il est engagé dans le ballet en 1979 (*étoile en 1985) où R. *Noureev lui confie très vite des rôles de solistes dans ses créations. Fin technicien, interprète puissant et lyrique, il danse tout le répertoire, de la *Sylphide à *Raymonda, des œuvres de G. *Balanchine ou J. *Robbins à celles de R. *Petit et M. *Béjart. Il participe à des créations marquantes : *In the Middle, Somewhat Elevated (W. *Forsythe), Tanz Schule (1989, J. *Kylián), le Parc (1994) et Casanova (1998), d'A. *Preljocaj. Il se produit à travers le monde notamment avec A. *Ferri et S. *Guillem.

SJM

Martha HILL (1900-1995).

Danseuse, chorégraphe et pédagogue américaine.

Née à East Palestine (Ohio), elle étudie la danse classique et la *rythmique de *Jaques-Dalcroze avec A. *Duncan et Elza Fendley. Elle est membre du Martha Graham's Group de 1929 à 1931, période cruciale qui coïncide avec l'affirmation d'une danse concentrée sur l'idiome grahamien : « ce qui ne peut être dit peut être chanté ; ce qui ne peut être chanté peut être dansé » (M. Graham). M. Hill, tout au long de sa vie, n'oubliera jamais cette vérité qui marquera aussi sa pédagogie.

DD, SS