Danseuse, chorégraphe et pédagogue allemande.
D'origine modeste, son destin tragique se forge dans un combat incessant pour la survie artistique et matérielle. Elle se forme à Dresde selon la méthode *Jaques-Dalcroze puis avec G. *Palucca. Débutant ses programmes solo dès 1933, elle est engagée dans la compagnie de M. *Wigman et rencontre, en 1936, le compositeur Dimitri Wiatowitsch, qui devient son fidèle collaborateur. De 1940 à 1944, elle danse avec R. *Chladek et T. *Gsovska et tourne ses solos dans des conditions rendues très dures par la guerre. En 1945, dans Dresde anéantie par les bombes, elle reprend à son nom l'école de Wigman et crée des œuvres de groupe, dont Tänze für Käthe Kollwitz (1946). Dans le réalisme socialiste ambiant, sa danse détonne et elle quitte Dresde pour l'Opéra de *Hambourg qui l'accueille temporairement. Prix de la critique en 1951, elle fait la première de ses nombreuses tournées en Amérique du Sud en 1952 et compose Südamerikanische Reise, puis crée pour divers théâtres, danse avec H. *Kreutzberg, présente ses soli aux États-Unis et interprète le rôle de l'Élue dans le *Sacre du Printemps de Wigman (1957). Avant-gardiste, sa danse est assimilée à l'*Ausdrukstanz et les contrats se font rares. En 1960, elle accepte l'offre du gouvernement argentin de fonder une troupe à La Plata et y crée des pièces dont le succès fabuleux, même au très traditionnel *Teatro Colon de Buenos Aires, ne peut empêcher la fin du projet, faute de moyens, en 1962. De retour en Europe, sa situation financière se dégrade et ses douleurs de genoux deviennent chroniques. Elle crée *Afectos humanos (1962) et reçoit à nouveau le prix de la Critique, mais les parterres restent vides. Trop individualiste pour les nazis, trop abstraite pour l'Est, trop épurée pour l'Ouest, sa danse qui, comme nulle autre, révèle l'invisible, se fait le reflet critique de nos sociétés dans Vietnam (1967), l'un de ses derniers solos. Elle se suicide peu avant le Nouvel An 1968 avec un poison rapporté d'Amérique du Sud.
Soliste inégalée, elle recevra l'hommage postume d'I. *Sciachieri et S. *Linke qui aborderons ce dépassement de soi auquel Hoyer se vouait corps et âme.
MIB
Bibliographie. Müller / Peter, D. Hoyer - Tänzerin. Eine Dokumentation, Ed. Hentrich, Berlin (1992).