Bronislava NIJINSKA (1891-1972). (suite)
Excellente danseuse de *demi-caractère, réputée pour sa force et la puissance de ses sauts, elle crée le rôle de Papillon dans *Carnaval (1910), une danseuse de rue dans *Petrouchka (1911) avant de reprendre le rôle de la Ballerine en 1912, et une Bacchante dans Narcisse (1911, Fokine). En 1922, elle reprend à Paris le rôle de son frère dans l'*Après-midi d'un faune. C'est cependant dans ses propres œuvres que son talent original d'interprète s'exprime avec le plus d'éclat.
L'enseignement qu'elle dispense à Kiev est conçu afin de préparer ses élèves à répondre aux exigences artistiques de son frère (elle était le " cobaye " de ses créations) et pour transmettre les pas aux danseurs : ce projet est rendu caduc par la maladie de V. Nijinski, mais la recherche qu'elle a menée nourrit sa propre démarche de chorégraphe. Celle-ci commence à prendre forme en Russie où elle publie l'École du mouvement (19XX), essai influencé par les théories de R. *Laban, mais c'est chez Diaghilev que son talent s'impose. En 1921, elle collabore à The *Sleeping Princess, et il lui confie en 1922 sa première création pour les Ballets Russes, *Renard, où s'affirme son style novateur. Son œuvre (près de 60 ballets), d'une grande variété d'inspiration, révèle la puissance de son imagination et son sens de la stylisation, qui se traduit par une abstraction expressive dépouillée de tout détail narratif. Elle construit, avec une gestuelle claire et minimale, un langage *néoclassique fondé sur une approche plastique du mouvement, et un rapport au rythme riche et subtil influencé par les théories de E. *Jaques-Dalcroze. La modernité de ses conceptions se heurte parfois à l'incompréhension du public, mais des œuvres comme les *Biches, le *Train bleu ou *Noces sont passées à la postérité.
MFB
Autres chorégraphies. Fear (1919, solo sans mus.) ; les *Fâcheux (1924) ; *Roméo et Juliette (1926, mus. *Lambert) ; le *Baiser de la fée (1928), *Boléro (1928) ; la *Valse (1929) ; les Cent Baisers (1935, mus. Philippe d'Erlanger) ; Brahms Variations (1944) ; Rondo Capricioso (1950, mus. *Saint-Saëns).