Éd. 1999

Ted SHAWN (1891-1972). (suite)

Pionnier de la danse moderne au même titre que I. *Duncan et R. Saint Denis, Shawn part de l'urgence de combler le vide immense de cet art aux États-Unis en lui assurant un statut et un avenir. Il partage le goût éclectique de Saint Denis, qui emprunte des éléments à l'exotisme (Cosmic Dance of Siva, 1926), à l'Antiquité (*Death of Adonis, 1924) et au folklore (Quadro Flamenco, 1923), pour les réunir librement sur fond esthétique du théâtre de variétés américain. Il y apporte des motifs de son pays, issus des danses primitives (rites des Indiens Hopi dans The Feather of the Dawn, 1924) ou populaires (John Brown Sees the Glory, 1933), qui ouvrent une voie explicitement américaine à la danse moderne. « Le premier danseur en Amérique à atteindre une place d'influence et d'importance », selon J. *Martin, Shawn cherche surtout à creuser une place pour l'homme dans le monde de la danse moderne et à accréditer l'image d'un danseur viril et sportif, en opposition avec la réputation efféminée des danseurs. Il dote sa compagnie Men Dancers d'un répertoire fondé sur une gestuelle percutante, valorisant le torse, inspirée d'activités considérées comme spécifiquement masculines, tels le labeur, la guerre et l'athlétisme (*O Libertad !, 1937), et s'attache souvent aux univers mécaniques inhérents à la vie moderne (*Pacific 231, 1929; *Dance of the Ages, 1938). Point d'orgue de sa création, *Kinetic Molpai (1935) reflète directement les théories de F. *Delsarte, vers qui il remonte au fil de ses recherches pour munir la danse d'une technique solide : Every Little Movement, hommage au maître, compte parmi ses nombreux ouvrages. À travers lui, l'influence delsartienne s'exerce sur les élèves de Denishawn, notamment D. *Humphrey et M. *Graham. Sa mission pédagogique se complète par de longues tournées à travers la province américaine, souvent doublées par des lectures-démonstrations. Pendant un quart de siècle, Shawn initie le public à la danse moderne, vers laquelle il attire la jeunesse, tout en formant la génération de la relève.

MDS

Autres chorégraphies. Japanese Spear Dance (1919) ; Julnar of the Sea (1919) ; Invocation to the Thunderbird, Xochitl (1921) ; Labor Symphony (1934).
Bibliographie. T. Shawn, Fundamentals of a Dance Education, Girard, Kansas, 1937 ; Every Little Movement : A Book about François Delsarte, XXXXXXX, Pittsfield (Mass.), 1954 ; T. Shawn et P. Gray, One Thousand and One Night Stands, Garden City, New York, 1960. - T. Walter, Ted Shawn : Father of American Dance, XXXXXX, New York, 1976 ; C. Schlundt, The Professional Appearances of Ted Shawn and His Men Dancers : A Chronology and an Index of Dances, 1933-1940, éditeur, ville, date.
Filmographie. The Men Who Danced : the Story of Ted Shawn's Male Dancers 1933-1940 (1985, réal. R. Honsa, 30 min).

Moira SHEARER, [ndn. KING M. ] (née en 1926).

Danseuse britannique.

Après une formation à la *Legat School et, brièvement, à la *Royal Ballet School, elle débute avec l'International Ballet. En 1942, elle rejoint le *Vic-Wells Ballet. Exceptées ses collaborations avec les Ballets de Paris et le cinéma, elle y reste jusqu'à ce qu'elle quitte la scène classique en 1953. Si sa beauté de porcelaine et sa technique fragile attirent d'emblée l'attention, elle ne convainc pas totalement, surtout à Covent Garden : distribuée dans de nombreux premiers rôles du répertoire, ses interprétations manquent cependant toujours d'ampleur pour un public habitué à celles pleines d'émotion d'A. *Markova, M. *Fonteyn et B. *Grey. Le succès mondial du film les *Chaussons rouges (1948) en fait une star, mais elle reste contestée par ses collègues. Sa plus importante création est *Symphonic Variations (1946, F. *Ashton) ainsi que le rôle-titre de *Cendrillon en 1948 qui devait initialement être créé par Fonteyn. Depuis 1987, elle signe des critiques littéraires dans la presse anglaise.

JS, LK

Sybil SHEARER (née en 1918).

Danseuse et chorégraphe américaine d'origine canadienne.

Formée au *Bennington College par D. *Humphrey, dont elle intègre la compagnie, elle crée des rôles notamment dans *New Dance (1935), où elle signe une des Variations. Elle fait ses débuts de soliste indépendante en 1941 et se produit longtemps en solo avant de fonder sa compagnie, en 1959.

Interprète admirée pour sa technique, elle se tient volontairement à l'écart des grands courants de la *modern dance, en élaborant un style fortement personnel. Elle manifeste dans sa création une grande sensibilité pour la problématique de l'homme moderne, qu'elle pousse parfois jusqu'à la satire mordante (Once Upon a Time, 1951). Elle opte pour un spectacle dépouillé, dont la mise en scène repose principalement sur l'éclairage, réglé par sa proche collaboratrice Helen Morrison.

MDS

Autres chorégraphies. Shades Before Mars (1953) ; The Reflection in the Puddle Is Mine (1963) ; Ticket to Where ? (1972).
Bibliographie. S. Shearer et al., « A... S. Shearer Sampler », Ballet Review 12, automne 1984 ; J. Martin, S. Shearer, Palatine Ill., 1965.
Filmographie. A Sheaf of Dreams (1976, réal. S. Shearer et H? ? ? Morrison).

Karel SHOOK (1923-1985).

Danseuse et pédagogue américaine.

Formée à la Cornish School de Seattle (État de Washington) et à la *School of American Ballet de New York, elle se produit avec le *Ballet russe de Monte Carlo, où elle est surtout remarquée dans des œuvres de L. *Massine, avant d'y travailler comme mime et comme maîtresse de ballet assistante. Elle interprète aussi Song of Norway (1944) et The Chocolate Soldier (1947) de G. *Balanchine puis devient une pédagogue internationalement réputée à la Katharine *Dunham School (1952-1954), au June Taylor Studio (1957-1959) et, de 1959 à 1968, au Nederlandse Ballet puis au Ballet national des *Pays-Bas qui lui succède. Cofondatrice du *Dance Theatre of Harlem, elle contribue à la formation de nombreux jeunes danseurs afro-américains qu'elle encourage dans leur carrière.

SHUBERT Brothers.

SamS. (1876-19XX),LeeS. (1873-19XX)et J. J.S., dits (1880-19XX).Producteurs américains.

Tenants d'une dynastie qui contrôle un nombre impressionnant de théâtres tant à New York qu'en dehors de la ville, ils produisent de nombreux spectacles. The Passing Show (1912-1924), *revue annuelle sur le modèle des fameuses Ziegfeld Follies, moins fastueuse et plus proche du burlesque, lancera quelques grandes vedettes, dont le couple Fred et Adele *Astaire. Les Shuberts montent également deux autres revues : The Greenwich Village Follies et Artists and Models. On leur doit aussi l'inauguration des concerts du dimanche soir au Winter Garden (1912), ainsi que la production d'*extravaganzas et de *comédies musicales, dont Over the Top (1917), The Student Prince (1924). Puissants industriels du divertissement, ils marquent de leur personnalité l'époque de la première maturité de *Broadway.

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