Danseur, chorégraphe, et pédagogue français.
Il appartient à une dynastie de maîtres à danser : son grand-père, Christophe, son oncle (prénommé aussi Pierre) et son père, Louis, sont violonistes au service de la maison royale. Par le mariage de ses sœurs, il est apparenté aux *Blondy (et aux Desmâtins). Il débute à la cour en interprétant quatre rôles dans le Ballet du Dérèglement des passions (23 janvier 1648). Il paraît ensuite dans la plupart des spectacles créés à la cour et figure parmi les danseurs de la troupe de l'*Académie royale de musique (ARM) à Paris. Sa carrière d'interprète se prolonge jusqu'à un âge avancé, puisqu'il se produit encore en décembre 1701 devant l'ambassadeur d'Espagne. Il semble faire ses premiers pas de chorégraphe en assistant J.-B. *Lully pour le Ballet de la Galanterie du temps (1656). Nommé intendant des ballets du roi vers 1661, il règle de nombreuses entrées dans les *ballets de cour des années 1660. Il collabore avec *Molière à la cour, puis comme chorégraphe et chef d'orchestre de la Troupe du roi au Palais-Royal (1672-1673). À la création de l'ARM, il signe les danses de Pomone (1671, mus. Robert Cambert) et des Peines et plaisirs de l'amour (1672, mus. Cambert), puis se voit confier la responsabilité de la troupe des danseurs par Lully. Il règle les divertissements chorégraphiques des opéras de Lully, associé à Dolivet et Desbrosses jusqu'en 1680 (1674, *Alceste ; 1676, *Atys), puis, semble-t-il, seul jusqu'en 1687. Il quitte l'ARM à la mort de Lully, mais continue de travailler pour les jésuites, comme il le fait depuis 1669, signant jusqu'en 1697 la musique (qu'il dirige) et la chorégraphie des ballets donnés dans les collèges parisiens. Selon P. *Rameau, il est pendant près de vingt ans le maître à danser de *Louis XIV, mais il n'occupe jamais officiellement ce poste. Il instruit de nombreux danseurs professionnels, dont M. *Blondy, J. *Favier, L. *Lestang et L. *Pécour, et devient le chancelier de l'*ARD en 1680.
Beauchamps s'impose d'abord comme un danseur virtuose. Il excelle tout autant dans la danse *grave et *noble que dans le style vif et bouffon, incarnant avec un égal bonheur les héros de la mythologie antique et les rôles de *caractère (ivrogne, démon, estropié, débauché, bohémien, etc.). Pour Loret, " il surpasse tous les autres danseurs " et le poète proclame, après l'avoir vu dans le Ballet des Plaisirs troublés (février 1657) : " [...] Ce balet (sic) est un champ / Où l'incomparable Beauchamps / Par de merveilleuses souplesses, / Élévations et justesses, / Si hautement capriola, / Qu'il fut proclamé ce jour-là / Par toute la noble assistance / Pour le meilleur danseur de France. " Sa réputation de chorégraphe est tout aussi flatteuse. Selon Lecerf de La Viéville, " personne n'a mieux sçu que lui faire danser ". Pour P. Rameau, " ses premiers essais furent des coups de maître [...]. Il étoit sçavant et recherché dans sa composition ". Au cœur de l'émulation artistique de son époque, il invente avec Molière la *comédie-ballet (les *Fâcheux, 1661), genre que les deux hommes peaufinent avec Lully (le *Bourgeois gentilhomme). Il met au point un système d'écriture de la danse, en usage dans les dernières années du XVIIe siècle, mais qu'il néglige de publier, se faisant devancer par son disciple R.-A. *Feuillet. Grâce à ce procédé de *notation, un *rigaudon pour le bal et une *sarabande pour un homme nous sont parvenus : cette dernière, riche et pleine d'invention, témoigne du haut niveau technique des chorégraphies théâtrales réservées aux solistes masculins. Beauchamps est sans conteste la plus grande figure de la florissante école chorégraphique française du règne de Louis XIV.
NL
Autres chorégraphies. À l'ARM : le *Triomphe de l'amour, 1681 ; *Phaéton, 1683 ; *Roland, 1685 ; *Armide, 1686. Pour la Troupe du roi : le Mariage forcé, 1664 ; *Psyché, 1671 ; le *Malade imaginaire, 1673. Pour les jésuites : Ballet du Destin, 1669 ; Ballet de la Paix, 1679 ; Plutus, dieu des Richesses, 1682 ; Ballet des Arts, 1685 ; Ballet de la Jeunesse, 1697. Partition chorégraphique. *Lancelot, la Belle Dance, Van Dieren, Paris, 1996.
Bibliographie. R. Astier, " The Illustrious Unknown Choreographer, Pierre Beauchamps ", Dance Scope, 9/1, 1975 ; " Pierre Beauchamps et les ballets de collège ", la Recherche en danse, 2, 1983.