Danseur et chorégraphe français.
Il débute au Grand Théâtre de Lyon puis rejoint Bordeaux où il travaille sous la direction de J.-B. *Blache. Engagé au *théâtre de la *Porte-Saint-Martin à Paris comme premier danseur en 1825, il rejoint la troupe de l'Opéra de *Paris en 1830 où il se produit jusqu'en 1848. *Maître de ballet en second à l'Opéra (1839-1851), il passe une saison à Saint-Pétersbourg (1851-1852) puis revient à l'Opéra comme premier maître de ballet (1853-1859).
À la Porte-Saint-Martin, il confirme sa réputation de danseur déjà établie en province. Il assure tous les rôles du répertoire traditionnel sur les *Boulevards (remportant notamment un grand succès en 1825 dans le *Déserteur de J.-B. *Blache), puis ceux que lui confie J. *Coralli dans Lisbell (1825), la Visite à Bedlam (1826), la Neige (1827), Léocadie (1828) et les Artistes (1830). Partenaire de C. *Mazurier et J. *Perrot, il conquiert le public par ses qualités techniques mais aussi celles d'excellent acteur. À l'Opéra, s'il débute dans le répertoire pour des raisons administratives, il reprend très vite le rôle de Des Grieux, conçu pour lui par J. -P. *Aumer dans Manon Lescaut (1830), mais créé par Ferdinand. Ermite tourmenté dans la Tentation de Coralli (1832), il incarne avec lyrisme le héros romantique par excellence dans les ballets de Ph. *Taglioni (James dans la *Sylphide en 1832 et Rudolph dans la *Fille du Danube en 1836). Il campe avec autant de succès les rôles de caractère (dans le *Diable boiteux en 1836, la *Jolie Fille de Gand en 1842), démontrant un talent comique dans le *Diable à quatre (1845).
Dès son premier ballet, la *Gipsy (1839), il affirme sa prédilection pour le récit dramatique. Il dessine avec aisance les actions fortes, tant dans le registre de la comédie (le Diable à quatre) que de la tragédie (Aelia et Mysis, 1853 ; la Fonti, 1855). Si, contrairement à Ph. Taglioni et Perrot, il s'avère peu enclin au déploiement du ballet *blanc, ses œuvres n'en sont pas moins marquées du sceau du romantisme. Le goût pour le surnaturel s'exprime dans des pièces mettant en vedette filles du diable et esprits tentateurs (le *Diable amoureux, 1840 ; Orfa, 1852 ; les Elfes, 1856). Mais plus encore, c'est l'attrait pour l'Ailleurs, le dépaysement dans le temps et dans l'espace, que Mazilier décline à grand renfort de pittoresque : Angleterre des siècles passés dans Lady Henriette ou la Servante de Greenwich (1844) et Betty (1846) ; Espagne dans *Paquita (1846) ; Europe centrale dans Griseldis ou le Cinq sens (1848) ; Mexique dans Jovita ou les Boucaniers (1853) ; Islande dans Orfa (1852) ; Italie du XVIIIe siècle dans la Fonti (1855). Le succès de ses ballets doit beaucoup aux effets de mise en scène, à l'utilisation habile qu'il fait de machineries et de dispositifs scéniques complexes (le *Corsaire, *Marco Spada). Dans son ambition de raconter des intrigues touffues autant par le biais de la danse que de la *pantomime, il trouve des interprètes idéales en F. *Elssler, C. *Grisi et C. *Rosati. Admirablement servi par les ballerines italiennes (F. *Cerrito, S. *Fuoco, A. *Ferraris), il exploite totalement les progrès de la technique féminine, particulièrement en ce qui concerne les *pointes. Après s'être imposé comme l'une des plus grandes figures de la danse masculine, alors encore éclatante, il marque de sa personnalité la création chorégraphique parisienne à l'apogée du romantisme.
SJM, NL