Danseur et chorégraphe japonais.
Né dans la province du Hokkaido, il commence des études de gymnastique, qui le conduisent au professorat. En 1929, il est ébloui par un spectacle de la *Argentina au Théâtre impérial de *Tokyo. Quelques années plus tard, il prend ses premiers cours de danse avec B. *Ishii, puis auprès de T. *Eguchi, un élève de M. *Wigman.
La Seconde Guerre mondiale interrompt sa pratique de la danse ; il ne présente qu'en 1949, à Tokyo, ses premiers spectacles, composés de pièces courtes et marqués par l'*expressionnisme (Première fleur de tilleul, Tango, Cri diabolique et Ennui pour la ville). Mais c'est la rencontre avec T. *Hijikata, en 1954, qui se révèle décisive. Associé à l'émergence du *butô, Ohno participe, de 1959 à 1968, aux premières pièces de Hijikata avec « l'école de la danse des ténèbres ». Il incarne notamment le personnage de Divine, le travesti dépeint par J. *Genet dans Notre-Dame-des-Fleurs, que Hijikata porte à la scène en 1960. De 1967 à 1977, il quitte la scène, à l'exception d'apparitions épisodiques dans des spectacles d'autres danseurs d'avant-garde (Tomiko Takai, Mitsutaka Ishii et A. *Kasai), et tourne plusieurs films d'esprit surréaliste. Invité au festival de Nancy en 1980 avec le solo *Hommage à la Argentina, créé trois ans plus tôt à Tokyo, il provoque la stupeur et révèle au public occidental le butô. À soixante-quinze ans, ce solo lui vaut une réputation internationale, mais aussi un statut de légende vivante : des danseurs européens partent au Japon suivre son enseignement, tandis qu'il continue à créer des solos (avec, à ses côtés, son fils Yoshito) qui confèrent au butô une expression lumineuse et lyrique.
Il danse pour communiquer l'universel dans sa plus pure expression. Selon lui, la danse doit révéler « la forme de l'âme ». Le corps, dépouillé de toute intention expressive, est comme un récipient vide susceptible de trouver l'émotion libre. Une pensée de la danse qu'Ohno accompagne de nombreux écrits poétiques : « Si vous voulez interpréter une fleur, note-t-il, vous pouvez la mimer, elle sera la fleur de tout le monde, banale, sans intérêt. Par contre, si vous placez la beauté de cette fleur et les émotions qu'elle évoque dans votre corps mort, la fleur que vous créerez sera vraie et unique et le public sera ému. »
JMA
Autres chorégraphie. La Table (1980) ; Ma mère (1981) ; la Mer Morte (1985) ; Waterlilies (1987) ; Insect Metamorphosis (1988) ; Kachô Fugetsu (1990).
Bibliographie. K. Ohno, Butoh notations : The Palace Flies in the Sky, Shichou-sha, Tokyo, 1992. - J. Viala, Masson-Sekine Nourit, Butoh, Shades of Darkness, Shufunotomo Co, Tokyo, 1988.
Filmographie. Portrait de Monsieur O (1969, réal. Chiaki Nagano) ; le Mandala de Monsieur O. (1971, réal. Nagano) ; le Livre d'un homme mort : Monsieur O (1973, réal. Nagano) ; Butoh : Body on the Edge of Crisis (1990, réal. Michael Blackwood) ; à compléter...