Danseur, pédagogue, chorégraphe et maître de ballet français.
Entré en 1774 à l'École de l'Opéra de *Paris, il y est l'élève de son frère Maximilien *Gardel. Nommé premier danseur *sérieux en 1780, sa carrière est abrégée pour des raisons de santé. Il est propulsé maître de ballet par la mort prématurée de son frère en 1787. Pendant 40 ans, assisté de L. J. *Milon, il préside aux destinées de l'Opéra, le tenant à l'abri des bouleversements de la Révolution. Directeur de l'École de 1799 à 1815, il est également un professeur très apprécié. Chorégraphe heureux, il est plébiscité par le public dès ses premières œuvres en 1790 (*Télémaque et *Psyché), remportant un succès qui ne se démentira pas. En 1820, il abandonne à J. P. *Aumer la création de ballets, mais ne se retire tout à fait qu'en 1829, reparaissant sur scène une dernière fois dans un *menuet avec M. *Taglioni.
D'un caractère distant et autoritaire, Gardel sait se faire respecter de tous et impose une discipline qui fait du Ballet de l'Opéra l'un des plus brillants de son histoire. À une époque où la danse académique connaît une évolution sans précédent, il ménage le maintien de la tradition et l'introduction des nouveautés. Sans être un novateur, il est un des plus importants chorégraphes de son temps. S'il défend ses prérogatives de maître de ballet en empêchant d'autres chorégraphes de faire carrière à l'Opéra, ses talents sont exaltés par J. G. *Noverre et A. *Saint-Léon. Perfectionniste, il met du temps à composer ses œuvres. Il commande lui-même la musique pour la danse à des compositeurs, et choisit les airs connus qui accompagnent la pantomime. Son succès tient à l'équilibre qu'il établit dans le ballet pantomime en donnant à la danse une place importante, à son art de la mise en scène, et à son sens musical. Sensible à l'air du temps, il compose des ballets *anacréontiques, réussit dans la veine comique avec la *Dansomanie, et se plie aux exigences politiques, en réglant des fêtes révolutionnaires et des œuvres à la gloire du régime en place : la Fête de Mars (1809, mus. R. *Kreutzer), le Retour des lys (1814, mus. L. L. de *Persuis d'après A. *Grétry). Il préfigure le romantisme avec *Paul et Virginie. Il bénéficie d'interprètes exceptionnels parmi lesquels A. *Vestris, Marie Miller qui devient sa femme et É. *Bigottini.
MFB
Autres chorégraphies. Le Jugement de *Pâris (1793, mus. *Méhul, *Haydn, Ignace Pleyel) ; Achille à Scyros (1804, mus. Luigi Cherubini) ; l'Enfant prodigue (1812, mus. Henri Berton) ; la Servante justifiée (1818, mus. Kreutzer).