Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
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August BOURNONVILLE (1805-1879). (suite)

À Copenhague, sa danse d'une élégance inhabituelle impressionne le public. Interprète des principaux rôles masculins de ses ballets, il leur donne une importance équivalente à ceux des ballerines. Cette particularité fait que, contrairement à la tendance de l'époque, au Danemark la danse masculine ne s'efface pas au profit de la danse féminine : aujourd'hui encore, l'école danoise est réputée pour former de grands interprètes masculins. August Bournonville reste fidèle à la grâce, à la légèreté et au lié des mouvements du style fançais de l'époque, qu'il enseignera sa vie durant et qui lui survit à Copenhague. Ces qualités imprègnent toute sa production. Le mouvement s'inscrit dans un flux jamais interrompu où le phrasé est essentiel : chaque pas doit être exécuté selon sa valeur, qu'il soit petit ou grand ; dans l'épaulement, la tête suit, en finesse, la direction de la jambe qui bouge. Si l'élévation et la *batterie sont très présentes (*entrechats, *brisés, etc.), l'exécution doit en rester élégante, sans effet de virtuosité. Dépourvus de *portés, les *pas de deux privilégient le jeu entre les danseurs. De même que les solos et les ensembles, ils interviennent naturellement, selon les besoins de l'histoire.

L'influence de ce que Bournonville a vu à Paris reste sensible dans ses premières créations (en 1836, il monte sa propre version de la *Sylphide) et il se tiendra toujours informé de se qui se passe dans les théâtres européens. Mais, rapidement, il s'affirme dans sa dramaturgie et dans ses idées, proposant des *ballets pantomimes où s'épanouit un romantisme optimiste. À l'exemple des librettistes et chorégraphes de l'époque romantique, il affectionne la veine exotique, et nombre de ses ballets ont pour cadre un pays étranger : l'Italie dans *Napoli (1842) et la *Fête des fleurs à Genzano [Blomsterfesten i Genzano] (1858), l'Espagne dans le Toréador [Toreadoren] (1840, mus. E. *Helsted) et la *Ventana (1856), la Norvège dans le Mariage à Hardanger [Brudefærden i Hardanger] (1853, mus. H. *Paulli). Bournonville se distingue cependant des romantiques européens : il n'est pas obsédé par le " mal du siècle " ; au contraire, sa conception de la vie repose sur une vision harmonieuse et heureuse du monde. Dans ses ballets romantiques, comme Napoli et Une *légende populaire [Et Folkesagn] (1854), où le bien et le mal sont en lutte, c'est le bien qui l'emporte toujours grâce à l'aide des forces divines. Il crée aussi des ballets dans le genre merveilleux comme la *Kermesse à Bruges [Kermessen i Brügge] (1851) et des ballets vaudevilles tel le *Conservatoire [Konservatoriet] (1849). Un pas de deux et huit ballets ont survécu dans une tradition jamais interrompue. D'autres ont fait l'objet d'une *reconstruction : Abdallah (1855, mus. Paulli), remonté par le Salt Lake City Ballet en 1985, et Thrymskviden (1868, mus. J. P. E. *Hartmann) en 1990.

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Autres chorégraphies. *Loin du Danemark (Fjernt fra Danmark, 1860) ; la Walkyrie [Walkyrien] (1861, mus. Hartmann) ; le Corps des volontaires du roi [Livjægerne på Amarger] (1871, mus. Vilhelm C. Holm).
Bibliographie. A. Bournonville, Mit Theaterliv I-III, Copenhague, 1848-1878 (trad. P. McAndrew, My Theatrelife, Wesleyan University Press,? ? ? ? Connecticut, 1979) ; Lettres à la maison de mon enfance I -II, Munksgaard, Copenhague, 1969-1979. - E. Aschengreen, The Beautiful Danger, Dance Perspectives 58, New York, 1974 ; A. K. Jürgensen, The Bournonville Tradition, The First Fifty Years 1829-1879 I-II,Dance Books, Londres, 1997 ; A. K. Jürgensen et V. Flindt, Bournonville. Ballet Technique, Dance Books, Londres, 1992 (avec vidéo).
Filmographie. On Dancing Bournonville [At Danse Bournonville], réal. Jørgen Leth, 1979.

Joëlle BOUVIER (née en 1959).

Danseuse et chorégraphe française.

Née en Suisse, elle étudie principalement à l'Institut de formation pédagogique des arts du mouvement (1976-1979) de F. et D. *Dupuy. C'est là qu'elle rencontre R. *Obadia : leurs carrières sont dès lors indissociables. Après avoir suivi ensemble une formation théâtrale chez Jacques Lecoq, ils créent Regard perdu (1980), duo primé au Concours de Nyon; ils fondent la compagnie l'Esquisse, qui s'installe au Havre en 1986, devenant le *CCN de Haute-Normandie. En 1987, ils réalisent leurs premiers courts métrages (la Chambre, l'Étreinte), inaugurant une recherche cinématographique autour du mouvement immédiatement saluée par diverses récompenses. En 1993, ils prennent la direction du *CNDC d'Angers, où ils conjuguent, depuis, travail de création et responsabilités pédagogiques.

Enracinée dans leur expérience première du duo, leur travail poursuit une exploration de l'intime. S'attachant à extraire et modeler la matière corporelle, du souffle au mouvement, entre l'étreinte et le ressac, comme on le ferait d'une terre (les Noces d'argile, 1981), leur danse puise aussi dans une peinture qui met le corps en abîme, de prénom Recondo (Terre battue, 1981) et Francis Bacon (Vertée, 1984) à Rembrandt (le Royaume millénaire, 1985) : ils privilégient les torsions, les flexions profondes, les appuis sur les genoux, les chutes au ralenti. À partir des Heures défaites (1988), s'ajoute l'influence de leur recherche cinématographique : diffraction et décomposition du geste, découpage des scènes, effets de montage, traitement cinématographique de la musique et des éclairages, tout particulièrement dans *Welcome to Paradise (1989) et l'Effraction du silence (1994). Depuis le début, c'est toutefois le motif du couple, qui est au cœur de leurs créations.

IF, PLM

Autres chorégraphies. Tête close (1983) ; Derrière le mur (1986) ; les Chiens (1996) ; Indaten (1997).
Autres films. La Lampe (1990) ; la Noce (1990) ; le Pressentiment (1993).

Paul Bowles (né en 1910).

Compositeur et écrivain américain.

Il étudie la composition avec A. *Copland, V. *Thomson et Nadia Boulanger. Ses voyages lui permettent d'analyser de très près les musiques populaires d'Afrique et d'Amérique du Sud. Surtout connu comme romancier, il est l'auteur de plusieurs ballets dont Yankee Clipper (1937, E. *Loring), Pastorela (1941, L. *Christensen), The Wind Remains (1943, M. *Cunningham).

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