Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
G

Christoph Willibald GLUCK (1714-1787). (suite)

Si les chorégraphes ne cesseront de revenir à la musique de Gluck pour aborder le thème de Don Juan, ils exploreront aussi régulièrement celle de l'opéra *Orphée et Eurydice, et dans une moindre mesure d'*Iphigénie en Aulide, dont la structure leur ouvre de riches possiblités comme en témoignent notamment les versions de P. *Bausch. *Alceste, au sujet duquel Gluck écrit qu'il s'est « efforcé de limiter la musique à sa véritable fonction qui est de servir la poésie au moyen de l'expression », inspirera à M. *Graham la Suite from Alceste (1926), tandis que M. *Wigman se confrontera à l'opéra complet en 1958.

EQ, PLM

Sur la musique de Gluck. I. *Duncan (*Fury Dance, 1907 ; *Bacchanale, 1915) ; N. de *Valois (Scènes de ballet, 1928) ; F. *Ashton (Leda, 1928) ; R. *Saint Denis (*Ritual of the Masque of Mary, 1934) ; W. *Christensen (Gigue variation, 1937 ; Promenade and Minuet, 1937) ; L. *Christensen (A Masque of Beauty and the Shepherd, 1954) ; N. *Dolgouchine (Clytemnestre, 1972) ; Chaconne (1976, G. *Balanchine).

Rena GLUCK (née en 1933).

Danseuse, chorégraphe et pédagogue américaine.

Née à New York, elle étudie la danse à la Blanche Evan School of Creative Dance, la *Juilliard School et avec M. *Graham. Elle fait partie des membres fondateurs de la *Batsheva Dance Company (1964), où elle enseigne par la suite ainsi que dans sa propre école, à Tel-Aviv. Ses pièces sont du plus pur style grahamien (Women in a Tent, 1966 ; Reflections, 1968 ;Time of Waiting, 1971 ; Journey 1973).

GV

Poul GNATT (1923-1995).

Danseur et directeur de ballet danois.

Frère de K. *Ralov, il étudie à l'École du *Ballet royal danois où il est danseur principal de 1949 à 1951. Il mène parallèlement une carrière internationale, se produisant notamment avec les *Ballets des Champs-Élysées, Original *Ballet Russe et le Ballet *Borovansky. Fondateur du New Zealand Ballet qu'il dirige de 1953 à 1963 puis de 1969 à 1970, il est *maître de ballet dans plusieurs compagnies dont le Ballet national de *Norvège et contribue à la création de l'Australian Ballet School à Melbourne en 1964. Sa version de *Napoli pour le New Zealand Ballet en 1962 est la première version intégrale de cette pièce donnée hors de Copenhague.

AMC

Alexandre GODOUNOV (1949-1995) .

Danseur soviétique naturalisé américain en 1987.

Formé à l'École du *Bolchoï, dont il devient *étoile en 1971, il séduit le public moscovite par ses interprétations puissantes des ballets de Y. *Grigorovitch et se fait un nom comme partenaire favori de M. *Plissetskaïa, notamment en tournée à l'étranger. En 1979, il quitte l'Union soviétique. Toutefois, l'époque, marquée par la fin de la guerre froide, étant moins favorable à la bienveillance envers les transfuges soviétiques, et ses qualités ne lui permettant pas de rivaliser avec R. *Noureev ou M. *Baryshnikov, il ne parvient pas à faire à l'Ouest la carrière qu'il espérait, malgré quelques saisons à l'*ABT.

SJM

Michael GODREAU (né en 1946).

Danseur portoricain.

Il étudie la danse à la *High School of Performing Arts de New York, à la *School of American Ballet et au *Joffrey's American Ballet Center. Créateur de rôles dans les compagnie de D. *McKayle et d'A. *Ailey (de 1965 à 1970), il danse aussi avec le *Harkness Ballet et le Ballet *Cullberg et se singularise pour son interprétation du Prodigal Prince de G. *Holder (1967). Il se produit dans de nombreux spectacles musicaux de *Broadway, dont Golden Boy (1964, McKayle) et paraît dans des rôles d'acteur au théâtre. Surtout connu pour ses qualités d'interprète, il chorégraphie aussi depuis 1970 pour des concerts et des productions théâtrales.

ESe

Johann Wolfgang von GOETHE (1749-1832).

Écrivain allemand.

Reconnu comme l'incarnation même du romantisme, il développe une pensée reliant l'ordre de la connaissance à celui de la sensibilité qui exercera une influence considérable sur la construction du matériau esthétique commun à l'ensemble des arts. Auteur de romans, tragédies et poèmes, directeur des Écoles d'art d'Allemagne et du théâtre de Weimar, il se consacre parallèlement à l'observation des phénomènes naturels.

Passionné notamment par la physique et la physiologie, il invente le mot et le concept de « morphologie » et contribue, en ostéologie, à la découverte de l'os intermaxillaire. S'opposant à la réduction mécaniste des phénomènes à de simples données physico-mathématiques, il s'attaque, dès 1790, à la théorie newtonienne des couleurs qui, prétendant en fournir une explication en dehors de la réalité humaine de leur saisie, fait de l'œil un simple appareil d'optique. Il exalte au contraire la primauté de cet organe : « L'oreille est muette, la bouche est sourde ; mais l'œil perçoit et parle. En lui se reflète du dehors le monde, du dedans l'homme. Grâce à l'œil s'accomplit la totalité du dedans et du dehors. » Goethe pose ainsi le cadre théorique de l'expressivité romantique dont Delacroix, notamment, en peinture et l'ensemble du ballet romantique seront porteurs : par le jeu des morphologies, par l'opposition des couleurs, des formes, de la lumière et de l'ombre, elle traduira l'unité dissociée de la nature et de l'homme, de l'intérieur et de l'extérieur, de la vie et de la mort, et la vérité humaine de l'illusion nécessaire.

L'œuvre poétique et dramatique de Goethe constitue par ailleurs une source d'inspiration musicale et chorégraphique très féconde en particulier le thème de *Faust, qui occupe toute sa vie d'écrivain (1771-1832) et cristallise l'imaginaire du XIXe siècle : H. *Berlioz (Huit Scènes de Faust, 1829 ; la Damnation de Faust, 1846), R. *Wagner (Sept Compositions inspirées du Faust, 1832 ; Faust Ouverture, 1840), R. *Schumann (Scènes de Faust, 1844-1853), F. *Liszt (Faust-Symphonie, 1854-1857), C. *Gounod (Faust, 1859, grand opéra), ou encore sous une forme plus légère P. *Dukas (l'Apprenti sorcier, 1897). Ces partitions, auxquelles il faut ajouter le livret de H. *Heine (Der Doktor Faust, 1847), constitueront un matériel inépuisable pour les chorégraphes jusqu'à nos jours. Seront également portés à la scène le Dieu et la Bayadère (1830, opéra, mus. D. *Auber, chor. Ph. *Taglioni), les Souffrances du jeune Werther (1877, Joseph Schmalögger ; 1816, Piet Greive ; Farewell to Werther, 1974, Zoltan Imre ; Werther, 1979, M. *Miskovitch), la Comtesse d'Egmont (1861, G. *Rota) et les Affinités électives (1966, F. *Blaska).

AF