Écrivain allemand.
Reconnu comme l'incarnation même du romantisme, il développe une pensée reliant l'ordre de la connaissance à celui de la sensibilité qui exercera une influence considérable sur la construction du matériau esthétique commun à l'ensemble des arts. Auteur de romans, tragédies et poèmes, directeur des Écoles d'art d'Allemagne et du théâtre de Weimar, il se consacre parallèlement à l'observation des phénomènes naturels.
Passionné notamment par la physique et la physiologie, il invente le mot et le concept de « morphologie » et contribue, en ostéologie, à la découverte de l'os intermaxillaire. S'opposant à la réduction mécaniste des phénomènes à de simples données physico-mathématiques, il s'attaque, dès 1790, à la théorie newtonienne des couleurs qui, prétendant en fournir une explication en dehors de la réalité humaine de leur saisie, fait de l'œil un simple appareil d'optique. Il exalte au contraire la primauté de cet organe : « L'oreille est muette, la bouche est sourde ; mais l'œil perçoit et parle. En lui se reflète du dehors le monde, du dedans l'homme. Grâce à l'œil s'accomplit la totalité du dedans et du dehors. » Goethe pose ainsi le cadre théorique de l'expressivité romantique dont Delacroix, notamment, en peinture et l'ensemble du ballet romantique seront porteurs : par le jeu des morphologies, par l'opposition des couleurs, des formes, de la lumière et de l'ombre, elle traduira l'unité dissociée de la nature et de l'homme, de l'intérieur et de l'extérieur, de la vie et de la mort, et la vérité humaine de l'illusion nécessaire.
L'œuvre poétique et dramatique de Goethe constitue par ailleurs une source d'inspiration musicale et chorégraphique très féconde en particulier le thème de *Faust, qui occupe toute sa vie d'écrivain (1771-1832) et cristallise l'imaginaire du XIXe siècle : H. *Berlioz (Huit Scènes de Faust, 1829 ; la Damnation de Faust, 1846), R. *Wagner (Sept Compositions inspirées du Faust, 1832 ; Faust Ouverture, 1840), R. *Schumann (Scènes de Faust, 1844-1853), F. *Liszt (Faust-Symphonie, 1854-1857), C. *Gounod (Faust, 1859, grand opéra), ou encore sous une forme plus légère P. *Dukas (l'Apprenti sorcier, 1897). Ces partitions, auxquelles il faut ajouter le livret de H. *Heine (Der Doktor Faust, 1847), constitueront un matériel inépuisable pour les chorégraphes jusqu'à nos jours. Seront également portés à la scène le Dieu et la Bayadère (1830, opéra, mus. D. *Auber, chor. Ph. *Taglioni), les Souffrances du jeune Werther (1877, Joseph Schmalögger ; 1816, Piet Greive ; Farewell to Werther, 1974, Zoltan Imre ; Werther, 1979, M. *Miskovitch), la Comtesse d'Egmont (1861, G. *Rota) et les Affinités électives (1966, F. *Blaska).
AF