Katherine DUNHAM (née en 1912). (suite)
Elle fonde alors sa compagnie et signe *Yanvalou (1937) intégré ensuite à Haitian Suite, travaille à Chicago pour le Federal Theatre Project et crée l'*Ag'Ya (1938), qui lance une forme de spectacle chorégraphique basé sur le folklore authentique, agrémenté d'arrangements orchestraux et de décors et costumes luxueux, habituellement conçu par John Pratt, qu'elle épouse en 1940. Après son installation à New York en 1939, elle crée les chorégraphies de Pins and Needles, produit par le New York Labor Stage, et monte sa première production à *Broadway, la *revue *Tropics and le Jazz Hot : From Haïti to Harlem. Reconnue par la critique et le public comme le premier pionnier de la véritable danse noire, elle se produit dans *Cabin in the Sky (1940), dont elle règle la chorégraphie avec G. *Balanchine, et entame des séries de tournées pour présenter ses créations et son répertoire dans des salles de spectacle, des boîtes de nuit et sur Broadway. Elle crée *Tropical Revue (1943), considérée comme l'une de ses créations majeures, puis *Carib Song (1945), Windy City (1946), Bal Nègre (1946), Caribbean Rhapsody (1948) et, plus tard, Bamboche (1962, avec
Projet éducatif ambitieux, la Dunham School of Dance and Theatre, fondée à Manhattan en 1945 et qui fonctionne jusqu'en 1954, propose des cours de technique, d'histoire de la danse, de *notation, de philosophie, de religion, d'anthropologie, d'esthétique, de théâtre et de langues. Dans sa quête permanente d'une place légitime pour le danseur noir au sein de la danse américaine, K. Dunham met l'accent sur la nécessité pour sa compagnie d'une formation sérieuse et rigoureuse, luttant alors contre l'idée répandue que les Noirs hériteraient dans leurs gènes de la faculté de danser, ce qui les dispenserait de formation. La technique Dunham, codifiée au début des années 1940, intègre des mouvements fluides empruntés au classique à des éléments africains et caraïbes : flexibilité du torse, articulation précise et dissociée du bassin et des membres, opposition contrôlée de certaines parties du corps, complexité rythmique.
Militant contre la ségrégation dès les années 1940, prononçant des discours enflammés sur scène, intentant des procès à des hôtels coupables de discrimination, créant le très controversé *Southland (1951), pièce d'une heure sur le thème du lynchage, après avoir été conseiller artistique du premier Festival mondial des Arts nègres au Sénégal (1966), elle s'installe en 1967 à East Saint Louis (Missouri). Elle accepte alors le défi d'être personnellement impliquée avec la jeunesse des ghettos et fonde le Performing Art Training Center (1967), où elle met en pratique quelques-unes de ses idées sur les fonctions sociales de la danse qu'elle utilisera comme facteur essentiel de l'identité et de l'unification culturelles pour bâtir un sens de la communauté. En 1977, elle ouvre le Katherine Dunham Museum, où elle expose ses costumes de scène, des objets réunis lors de ses voyages, des peintures, sculptures et instruments de musique. Auteur de nombreux écrits sur la danse, dont Journey to Accompong (1946), The Dance of Haiti, A Touch Of Innocence (1959), Island Possessed (1969), bardée de diplômes et de distinctions honorifiques, elle démontre par son œuvre, synthèse réussie de recherche et de divertissement, le rôle essentiel des danses afro-américaines et caraïbes dans l'histoire de la danse américaine.
TDF, ESe
Bibliographie. R. Buckle et R. Wood, Katherine Dunham : Her Dancers, Singers, Musicians, ? ? ? ? ? ?,