Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
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Katherine DUNHAM (née en 1912). (suite)

Elle fonde alors sa compagnie et signe *Yanvalou (1937) intégré ensuite à Haitian Suite, travaille à Chicago pour le Federal Theatre Project et crée l'*Ag'Ya (1938), qui lance une forme de spectacle chorégraphique basé sur le folklore authentique, agrémenté d'arrangements orchestraux et de décors et costumes luxueux, habituellement conçu par John Pratt, qu'elle épouse en 1940. Après son installation à New York en 1939, elle crée les chorégraphies de Pins and Needles, produit par le New York Labor Stage, et monte sa première production à *Broadway, la *revue *Tropics and le Jazz Hot : From Haïti to Harlem. Reconnue par la critique et le public comme le premier pionnier de la véritable danse noire, elle se produit dans *Cabin in the Sky (1940), dont elle règle la chorégraphie avec G. *Balanchine, et entame des séries de tournées pour présenter ses créations et son répertoire dans des salles de spectacle, des boîtes de nuit et sur Broadway. Elle crée *Tropical Revue (1943), considérée comme l'une de ses créations majeures, puis *Carib Song (1945), Windy City (1946), Bal Nègre (1946), Caribbean Rhapsody (1948) et, plus tard, Bamboche (1962, avec la Troupe royale du Maroc), qui sont autant de fenêtres sur la culture chorégraphique mondiale revisitée par son sens unique du spectacle. Dans les années 1950, la compagnie multiplie les tournées et les succès au Mexique, en Amérique latine, en Afrique du Nord, à travers les États-Unis ainsi qu'en Europe, où certains de ses danseurs, tels Eugene Robinson, W. *Nicks, V. *Aikens, se fixeront et seront à l'origine de l'enseignement de la danse *jazz. Ses apparitions hollywoodiennes et les chorégraphies qu'elle crée au cinéma pour *Carnival of Rhythm (1941, *Warner Bros.), Star Spangled Rhythm (1942, réal. ? ? ? ? ? ?, *Paramount), *Stormy Weather (1953, *Fox), Mambo (réal. Robert Rossen, 1955) ou pour l'opéra (Aïda, 1964, *Metropolitan Opera) contribuent également à faire accepter la danse ethnique par le grand public. Parmi les membres importants de sa compagnie, dispersée et reformée selon les besoins à partir de la fin des années 1950, figurent A. *Savage, Carmencita Romero, J. *Collins, J.-L.*Destiné, T. *Gomez, Eartha Kitt, Pearl Reynolds ainsi que Vanoye Aikens, T. *Beatty, S. *Fort, W. Nicks et L. *Williams, également enseignants dans son école.

Projet éducatif ambitieux, la Dunham School of Dance and Theatre, fondée à Manhattan en 1945 et qui fonctionne jusqu'en 1954, propose des cours de technique, d'histoire de la danse, de *notation, de philosophie, de religion, d'anthropologie, d'esthétique, de théâtre et de langues. Dans sa quête permanente d'une place légitime pour le danseur noir au sein de la danse américaine, K. Dunham met l'accent sur la nécessité pour sa compagnie d'une formation sérieuse et rigoureuse, luttant alors contre l'idée répandue que les Noirs hériteraient dans leurs gènes de la faculté de danser, ce qui les dispenserait de formation. La technique Dunham, codifiée au début des années 1940, intègre des mouvements fluides empruntés au classique à des éléments africains et caraïbes : flexibilité du torse, articulation précise et dissociée du bassin et des membres, opposition contrôlée de certaines parties du corps, complexité rythmique.

Militant contre la ségrégation dès les années 1940, prononçant des discours enflammés sur scène, intentant des procès à des hôtels coupables de discrimination, créant le très controversé *Southland (1951), pièce d'une heure sur le thème du lynchage, après avoir été conseiller artistique du premier Festival mondial des Arts nègres au Sénégal (1966), elle s'installe en 1967 à East Saint Louis (Missouri). Elle accepte alors le défi d'être personnellement impliquée avec la jeunesse des ghettos et fonde le Performing Art Training Center (1967), où elle met en pratique quelques-unes de ses idées sur les fonctions sociales de la danse qu'elle utilisera comme facteur essentiel de l'identité et de l'unification culturelles pour bâtir un sens de la communauté. En 1977, elle ouvre le Katherine Dunham Museum, où elle expose ses costumes de scène, des objets réunis lors de ses voyages, des peintures, sculptures et instruments de musique. Auteur de nombreux écrits sur la danse, dont Journey to Accompong (1946), The Dance of Haiti, A Touch Of Innocence (1959), Island Possessed (1969), bardée de diplômes et de distinctions honorifiques, elle démontre par son œuvre, synthèse réussie de recherche et de divertissement, le rôle essentiel des danses afro-américaines et caraïbes dans l'histoire de la danse américaine.

TDF, ESe

Bibliographie. R. Buckle et R. Wood, Katherine Dunham : Her Dancers, Singers, Musicians, ? ? ? ? ? ?, Londres, 1949 ; Beckford R., Katherine Dunham : A Biography, ? ? ? ? ? ?, New York, 1979.

Douglas DUNN (né en 1942).

Danseur et chorégraphe américain.

Après des études à Princeton University, il se produit avec Y. *Rainer (1968-1970) et intègre la compagnie *Cunningham (1969-1973). Membre du *Grand Union (1970-1976), il signe des chorégraphies à partir de 1973, notamment 101 en 1974, où les spectateurs circulent autour d'une estrade sur laquelle il est étendu immobile. Son langage, proche du free jazz, s'adapte au théâtre à l'italienne : Pulcinella (1980, mus. I. *Stravinski, B. de l'Op. de *Paris), Cycles (1981, mus. *Lacy, *GRCOP), Futurities (1984, mus. Lacy) et Landing (1992, mus. Lacy). Il aime les collaborations interdisciplinaires et les lieux non conventionnels (Disappearances, 1994, à Wall Street).

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Autres chorégraphies. Nevada (1973) ; Lazy Madge (1976-1979) ; Foot Rules (1979) ; Sky Eye (1989) ; Rubble Dance. Long Island City (1992) ; Stucco Moon (1992) ;Caracole (1995) ; Spell for Opening the Mouth of N (1996).
Filmographie. Secrets of the Waterfall (1983) ; The Myth of Modern Dance (1990, réal. Ch. *Atlas) ; Rubble Dance. Long Island City (1991, réal. Rudy Burckhardt).

Robert Ellis DUNN (1928-1996).

Pédagogue américain.

Diplômé en composition et théorie musicales, il débute comme répétiteur pour le répertoire d'opéra. Au Conservatoire de Boston, il s'initie à la danse de 1955 à 1958 avec un élève de M. *Wigman, et enseigne les percussions aux danseurs. À New York, il étudie jusqu'en 1960 avec J. *Cage à la New School For Social Research. Il gagne sa vie comme pianiste, notamment pour M. *Graham, M. *Cunningham, J. *Limon et J. *Waring. Il cesse de danser, puis s'intéresse au tai-chi-chuan et au yoga. En 1972, I. *Bartenieff lui enseigne l'analyse du mouvement au Laban Institute of Movement.