Carlo GOLDONI (1707-1793).
Auteur dramatique italien.
Né à Venise, il s'établit comme avocat à Pise. Passionné de théâtre, il se consacre bientôt entièrement à l'écriture de comédies, notamment à Venise pour la troupe de Girolamo Medebach, dont il est l'auteur attitré de 1748 à 1752. Son succès grandissant, le réalisme et la crudité de ses pièces suscitent la jalousie et les critiques violentes de Carlo Gozzi, poète conservateur, auteur de féeries dramatiques. En 1762, il s'installe à Paris, où il écrit des pièces en français pour la troupe de la Comédie-Italienne, alors fusionnée avec celle de l'Opéra-Comique. Professeur d'italien des filles de Louis XV, il rédige en français ses Mémoires (1784-1787). La Révolution le plonge dans la misère. Il meurt à Paris, dans le dénuement.
Auteur prolifique, il apparaît comme le « réformateur » de la *commedia dell'arte. S'opposant à la comédie improvisée, aux intrigues compliquées et figées dans des plaisanteries vulgaires, il revendique le théâtre écrit tout en imposant une langue parlée, spontanée, utilisant au besoin des dialectes régionaux. Voyageur et fin observateur, il puise son inspiration dans la vie réelle et donne vie à une infinité de métiers et de groupes sociaux dans des comédies de mœurs et de caractères qui rendent à la scène le naturel que le théâtre italien avait perdu. Certaines de ses pièces seront par la suite transposées chorégraphiquement, notamment La Locandiera [la Logeuse] sous le titre Mirandolina (v. 1770, V. *Galeotti ; 1949, V. *Vaïnonen ; 1957, A. von *Milloss) et Truffaldino, servitore di due padroni sous le titre le Serviteur de deux maîtres (1946, Boris Fenster ; 1958, J. *Nemecek ; 1970, P. *Smok). L. *Massine montera, quant à lui, les Femmes de bonne humeur (1917,
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Bibliographie. C. Goldoni, Mémoires (extraits par P. de Roux), Mercure de France,
Kassian Goleïzovski (1892-1970)
Danseur et chorégraphe russe.
À la sortie de l'École théâtrale de *Saint-Pétersbourg, il danse au *Bolchoï de Moscou (1910-1918) et crée ses premières chorégraphies dès 1916 dans des théâtres de variétés (th. de la Chauve-souris, etc.). En 1918, il ouvre son propre studio et fonde une compagnie, le Ballet de chambre de Moscou (1922-1925), pour laquelle il compose *Salomé (1922, mus. R. *Strauss), le *Faune (1922, mus. C. *Debussy), Visions fugitives (1922, mus. S. *Prokofiev) et des danses sur la musique de A. *Scriabine, S. *Rachmaninov ou encore des danses espagnoles ainsi que des « danses excentriques ». Considéré comme un chorégraphe des plus audacieux pour le développement du langage de la danse, il modernise le vocabulaire *académique et introduit l'acrobatie ainsi que des mouvements *libres, sportifs, ou folkloriques. En 1925, le Bolchoï lui confie la chorégraphie du Beau *Joseph qui soulève de nombreux débats, puis celle du Tourbillon (1927, mus. B. Behr) et de Dionysos (1933, mus. A. Chenchine). Dans les années 1930, alors que les recherches formelles dans les arts sont condamnées et que le style du ballet narratif réaliste est considéré comme le seul possible, il travaille dans divers théâtres d'Union soviétique :
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Bibliographie. Recueil Kassian Goleïzovski,
Giovanni GOLINELLI (1809-1884).
Mime et chorégraphe italien.
Il travaille au Hoftheater de *Vienne (1836-1859) où il est directeur du ballet en 1855 et où il adapte le *Don Quichotte de Ph. *Taglioni (mus. Matthias Strebinger). Il occupe la même charge à Hambourg (1860-1861), au Theater an der Wien (1866-1869).
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Chor. Bellérophon (1851) ; Manon Lescaut (1852, mus. Strebinger) ; Juliska (1857, mus. Doppler) ; Irene (1858, id.).
Alexandre GOLOVINE (1863-1930).
Peintre, dessinateur et décorateur russe.
Formé à l'École de peinture de Moscou, puis à Paris, il travaille principalement pour le théâtre, notamment avec V. *Meyerhold et K. *Stanislavski, signant également avec K. *Korovine quelques décors au *Mariinski pour A. *Gorski (*Don Quichotte, 1900 ; *Raymonda, 1908) et par la suite pour M. *Fokine (*Orphée et Eurydice, 1911 ; Stenka Razine, 1915 ; Jota aragonesa, 1916) et F. *Lopoukhov (la *Fille de glace, 1927).
Membre du cercle d'artistes réunis autour de la revue Mir iskousstvo [le Monde de l'art], il participe aussi à l'aventure des *Ballets russes, réalisant notamment les décors des premières Saisons russes à Paris (Boris Godounov, 1908 ; Ivan le Terrible, 1909 ; le *Lac des cygnes, 1910, avec C. Korovine). C'est sa contribution à l'*Oiseau de feu (1910) qui reste toutefois la plus marquante : transposant le réel à des fins poétiques, il tisse un somptueux vêtement pour T. *Karsavina, dont la danse se déploie devant une toile de fond en tonalités vieil or, évoquant celles de Gustav Klimt, d'où se dégage un chatoiement scintillant.
CD, PLM
Serge GOLOVINE (1924-1998).
Danseur, maître de ballet et pédagogue français.
Formé à Nice par Julie Sedova, il se perfectionne auprès d'O. *Preobrajenska, G. *Ricaux, A. *Volinine et C. *Zambelli. Il débute sa carrière au(x) Nouveau(x) Ballet(s) de *Monte-Carlo (1941-1945), est engagé à l'Opéra de *Paris (1946-1949), puis devient l'un des principaux danseurs du Grand Ballet de *Monte-Carlo et du Grand Ballet du marquis de *Cuevas (1949-1961). Il tourne à travers le monde avec sa troupe, les Compagnons de la danse (1962), puis dirige le Ballet du Grand Théâtre de Genève (1964-1969). Il signe quelques chorégraphies, mais, à partir de 1969, préfère se consacrer à l'enseignement, devenant de 1981 à 1997 professeur à l'École de danse de l'Opéra de Paris. Danseur élégant, il subjugue le public par sa légèreté étonnante et sa remarquable petite *batterie. Gracieuse incarnation du *Spectre de la rose (1944), frémissant Oiseau bleu (Bluebird Pas de deux, 1950), éblouissant prince de la Belle au bois dormant (1960), il fait montre de ses qualités d'interprète dramatique particulièrement dans le rôle-titre (que lui apprend B. *Nijinska) de *Petrouchka, ainsi qu'en Iphias dans *Piège de lumière (1952). Sa sœur Solange Golovina et ses frères Georges Goviloff et Jean Slivine font aussi carrière dans la danse.
GP, NL