Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
M

sir Kenneth MACMILLAN (1929-1992). (suite)

Son talent de chorégraphe émerge dès la création des ballets pour le Groupe chorégraphique de la compagnie (1953-1955). En quatre décennies et une soixantaine de créations, de Somnambulism (1953) à The Judas Tree (1992), il explore tous les genres de la danse classique, malgré un intérêt minimal pour la danse pure et les pièces de circonstance (à l'exception notoire de 6.6.78, conçu pour le 80e anniversaire de N. de *Valois). Tout au long d'une carrière bien remplie, il suit les principes de M. *Fokine (sauf l'aversion de celui-ci pour le recours systématique aux pointes). Récusant l'interpète-marionnette, il s'intéresse à la matière humaine, créant des œuvres comme The Burrow (1958) et The Invitation (1960) ou *Anastasia, premier grand traitement de personnages historiques en danse classique. Son approche changeante de thèmes variés évolue de la vision distanciée de K. *Jooss au réalisme de R. *Helpmann ou à l'expression de la motivation chère à A. *Tudor. Si son style chorégraphique penche vers une recherche constante de la nouveauté, il crée néanmoins de nombreux rôles superbes, entre autres pour ses « muses », Maryon Lane, L. *Seymour et D. *Bussell, et pour D. *Wall dans *Mayerling (1978).

JS, LK

Autres chorégraphies. Danses concertantes (1955, mus. I. *Stravinski, déc. et cost. N. *Georgiadis) ; Solitaire (1956) ; Winter's Eve (1957, mus. B. *Britten, *ABT) ; le Sacre du printemps (1962, mus. Stravinski, déc. Sidney Nolan) ; Las Hermanas (1963, mus. F. *Martin, Stuttgart) ; *Roméo et Juliette (1965, mus. S. *Prokofiev, Stuttgart) ; le Chant de la terre (1965, mus. G. *Mahler, Stuttgart) ; Histoire de Manon (1974, mus. Jules Massenet, déc. ? ? ? ? ? ? Georgiadis) ; Gloria (1989, mus. F. *Poulenc) ; Isadora (1981) ; le *Prince des pagodes (1989, mus. B. *Britten).

Diane MADDEN (1958).

Danseuse et pédagogue américaine.

Elle étudie la danse classique et la technique *Graham, puis elle approfondit sa formation par le *contact-improvisation, la technique *Alexander et auprès de Susan Klein à New York. Auteur d'une dizaine de chorégraphies entre 1980 et 1989, fondatrice de Channel Z, collectif de danse-film-vidéo, elle se consacre aussi à l'enseignement. Elle marque surtout de sa virtuosité discrète l'œuvre de T. *Brown, pour qui elle danse depuis 1980 : créatrice de quatorze rôles, de Son of Gone Fishing (1981) à *Orfeo, elle devient assistante de la chorégraphe en 1985. Concentrant son mouvement sur le squelette et l'alignement des forces dans le corps, elle envisage sa place d'interprète selon un cycle d'exploration-découverte-compréhension qui fait d'elle une véritable collaboratrice. Elle dirige le programme pédagogique mis en place par Brown en 1996.

EH

Madrid (Ballet du Teatro Real de).

Compagnie espagnole attachée au Teatro Real de Madrid (1850-1925).

Conçu comme compagnie permanente pour les productions d'opéra et de ballet, il subit toutefois les aléas des directions successives du théâtre. Ses huit premières années sont les plus brillantes : des soirées de ballet sont programmées (le *Diable boiteux, la *Vivandière, *Paquita, *Giselle, le *Corsaire, etc.) avec des artistes invités de renom (F. *Cerrito, A. *Saint-Léon, S. *Fuoco ou F. *Fabbri). À partir de 1859, l'activité de la compagnie se réduit aux *ballabiles des opéras et à quelques galas, tandis que sont programmées des compagnies invitées. Malgré cela, les professeurs (R. *Moragas au XIXe siècle, María Ros et Amalia Monroc au XXe siècle) poursuivent un important travail de formation, et s'y produisent des danseuses comme C. *Fornaroli (1917-1918), María Esparza (1919-1920 et 1924-1925) et Teresa Boronat. Parmi les dernières créations se détachent l'opéra El Avapiés (1919), avec la *Argentinita, et le ballet Mascarada (1922, María Ros). Fermé en 1925, le Teatro Real ne comporte plus de compagnie de danse depuis sa réouverture comme salle de concert en 1966, puis d'opéra en 1997.

NMS

Bibliographie. J. Subirá, Historia y anecdotario del teatro real, Plus Ultra, Madrid, 1949 ; J. Turina Gómez, Historia del Teatro Real, Alianza Editorial, Madrid, 1997.

Egon MADSEN (né en 1942).

Danseur et directeur de compagnie danois.

Il commence sa formation en 1951 à Århus dans la compagnie-école de Thea Jolles, se produisant avec le ballet pour enfants (1952-1957). En 1958, il étudie à Copenhague auprès de Birger Bartholin et Edite Frandsen, puis danse au théâtre Tivoli, avant de rejoindre le Ballet scandinave d'E. M. von *Rosen en 1959. Engagé au Ballet de *Stuttgart en 1961, il y devient soliste en 1962 et interprète surtout les rôles de premier danseur du répertoire tant classique que moderne, faisant preuve d'une rare et surprenante facilité d'adaptation. Excellent Mercutio dans le Roméo et Juliette de J. *Cranko, il crée nombreux rôles pour celui-ci, dont le Joker (Jeu de cartes, 1965) qui devient son rôle fétiche, Lenski (*Onéguine, 1965) et Don José (*Carmen, 1971), ainsi que dans les ballets de K. *MacMillan, J. *Neumeier et G. *Tetley. Directeur artistique du Ballet de *Francfort en 1981, puis du *Ballet royal suédois (1984-1986), il travaille ensuite au Teatro Comunale de *Florence (1986-1988).

TW

Nicholas MAGALLANES (1922-1977).

Danseur américain d'origine mexicaine.

Arrivé à New York à l'âge de cinq ans, il est l'un des premiers élèves de la *School of American Ballet. Il se produit brièvement avec le *Ballet Caravan, le *Littlefield Ballet, l'American Ballet Caravan, puis avec le *Ballet russe de Monte-Carlo (1943-1946) ainsi qu'à *Broadway. Mais c'est surtout au *NYCB (1948-1973) qu'il s'impose.

Danseur solide, partenaire de toutes les grandes ballerines balanchiniennes, il est aussi doué théâtralement. Il participe à plus d'une vingtaine de créations de Balanchine, se distinguant particulièrement dans les rôles de poète amoureux ardent (la *Somnambule, 1946 ; *Orpheus, 1948) ou encore dans la *Valse (1951) et Sérénade. Le Poète dans Illuminations (1950, F. *Ashton) et l'Intrus dans The *Cage (1951, J. *Robbins) sont deux autres de ses créations marquantes.

MK

Dinah MAGGIE (1903-1989).

Critique de danse française d'origine russe.

Après des études universitaires de lettres et de sciences, elle travaille à la faculté de médecine et au ministère de l'Industrie, tout en se passionnant pour la danse et le yoga. Très active dans la Résistance, elle participe à la fondation du quotidien Combat, où commence son activité de critique, poursuivie au Quotidien de Paris. Perspicace, parfois sectaire ou excessive, elle soutient, dès la Libération, la danse *moderne qu'alors peu de journalistes acceptent vraiment (conférencière notamment à Danse et Culture). De 1954 à 1968, elle anime le Théâtre d'Essai de la danse qui, par ses manifestations, contribue largement au développement de la danse *contemporaine en France et permet à nombre de jeunes chorégraphes de se faire connaître.

LB