Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
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Niccolo SABBATTINI, ou [SABBATINI N. ] (v. 1574-1654).

Architecte et scénographe italien.

Au service du duc Francesco Maria II della Rovere, puis du cardinal Grimaldi et de l'archevêque Visconti, il construit le Teatro del Sole à Pesaro, où il crée un système de décors angulaires composés de châssis en équerre. Il préconise un éclairage par lampes à huile, venant d'un seul côté. Il publie en 1637 Pratica di fabbricar scene e macchine de teatri, traité qui résume sa propre expérience et celle de ses contemporains, et dont l'intérêt reste fondamental.

CCou

Bibliographie. N. Sabbattini, Pratique pour fabriquer scènes et machines, préf. Louis Jouvet, Ides et Calendes, Neuchâtel, 1942, rééd. 1977.

Malika Sabirova (1942-1982).

Danseuse tadjik.

Formée à l'École de danse de *Leningrad, elle rejoint le Théâtre d'opéra et de ballet de Douchanbe en 1961. Danseuse lyrique, elle se distingue dans *Giselle, le *Lac des cygnes, *Roméo et Juliette, la *Bayadère. Elle se produit aussi en tournée dans d'autres théâtres d'Union soviétique et à l'étranger. Primée aux Concours de *Varna (1964) et de *Moscou, elle reste la grande figure des débuts du ballet au Tadjikistan où le genre est introduit à la fin des années 1930.

ESou

Rita SACCHETTO (1880-1959).

Danseuse allemande.

Fille d'un peintre, elle fait ses débuts à Munich en 1905. Ses danses consistent en une succession de poses plastiques proches de la statuaire vivante. Au moment où la danse *libre allemande s'épanouit, elle fait figure d'individualiste de la première heure et compte parmi les danseurs œuvrant avant les chefs de file de la danse *expressionniste qui feront école par la suite. Elle travaille aussi bien pour la *pantomime, l'opéra, le théâtre que pour le cinéma.

GOS

Curt SACHS (1881-1959).

Musicologue allemand.

Il est l'auteur de Eine Weltgeschichte des Tanzes [Une histoire mondiale de la danse] (Berlin, 1933) qui connaît une large diffusion à travers le monde et reste longtemps considérée comme un ouvrage de référence. Il publie également dans les années 1930 des études consacrées à la *basse danse et au symbolisme de la danse. Les recherches ultérieures invitent toutefois à aborder ses travaux avec un regard critique.

PLM

Sadler's Wells Theatre.

Théâtre fondé à Londres en 1683 par M. Sadler.

Il accueille toute sorte de spectacles jusqu'à sa fermeture, en 1915. À sa réouverture, en 1931, après reconstruction, il héberge le *Vic-Wells Ballet. En 1946, la compagnie, rebaptisée Sadler's Wells Ballet en 1941, quitte ce théâtre pour s'installer au Covent Garden. Dès 1943, un autre groupe de danseurs est constitué, le Sadler's Wells Opera Ballet, qui, sous différents noms, constituera la deuxième compagnie du Sadler's Wells Ballet, puis du *Royal Ballet à partir de 1957. Après le départ de cette compagnie à Birmingham en 1990, le théâtre accueille des compagnies en tournées. À nouveau fermé et reconstruit, il héberge la *Rambert Dance Company depuis sa réouverture, en 1998.

JS, LK

Vicente SÁEZ (né en 1962).

Danseur et chorégraphe espagnol.

Après une formation en danse contemporaine et classique à Barcelone, il crée, à partir de1984, une dizaine de pièces en Espagne et en Europe. Compositions fondées sur le rythme, lignes épurées et gestuelle angulaire dessinent une géographie abstraite qui cherche son épicentre dynamique dans les éléments de la nature (Uadi, 1992), de la lumière (Iris, 1993) et de l'esprit (Regina mater, 1995) pour viser « l'ascension de l'âme dans la pureté ».

JMA

Ruth SAINT DENIS, [DENNIS Ruth, dite ] (1879-1968).

Danseuse, chorégraphe et pédagogue américaine.

Sa mère, féministe de milieu libéral qui refuse le port du corset, lui inculque les théories de F. *Delsarte sous forme de « gymnastique harmonique ». Sous son impulsion, elle commence sa carrière d'artiste dans des *revues américaines. En 1904, lors d'une tournée avec la compagnie de David Bellasco, une affiche publicitaire représentant une déesse égyptienne déclenche sa passion pour l'Orient et détermine sa vocation de danseuse. Elle fait ses débuts deux ans plus tard avec *Radha et entreprend une tournée triomphale en Europe (juin 1906-juin 1909), qui la consacre définitivement. À son retour, elle tourne longuement à travers les États-Unis en solo, avant d'engager comme partenaire T. *Shawn, devenu son époux en août 1914. L'année suivante, ils ouvrent à Los Angeles le *Denishawn, première école de danse moderne. Leur association artistique et personnelle prend définitivement fin en 1931. Après un retrait temporaire, elle constitue la Société des arts spirituels en 1934 et, désireuse de mettre son art au service de la religion, danse dans des offices religieux avec son Chœur rythmique. En 1938, elle fonde le département danse à l'Adelphi College et en 1940, l'École de Natya à New York, avec la *Meri. Directrice de la section Arts et Religion à l'Adelphi College dès 1960, elle effectue sa dernière tournée à travers l'Union en 1963, à l'âge de quatre-vingt-cinq ans.

Pionnière de la danse *moderne dans un pays jeune, dominé par une forte tradition puritaine, Saint Denis tente de légitimer son art en lui donnant des origines. Sans souci d'authenticité, elle les cherche dans des espaces exotiques et des temps antiques, en les réinventant à son gré : dans sa fameuse suite indienne (*Incense, 1906 ; Radha, 1906 ; *Cobras, 1906 ; *Nautch, 1908 ; *Yogi, 1908), l'orientalisme en vogue au début du xxe siècle est habilement associé à son sens inné du spectacle, affiné par la pratique du music-hall et enrichi par la manipulation de tissus, à l'instar de L. *Fuller. Ce style fortement éclectique, forgé à partir d'éléments gestuels et décoratifs issus de diverses cultures et époques (*O-Mika, 1913 ; Greek Veil Plastique, 1927), atteint son apogée avec les productions imposantes du Denishawn (*Ishtar of the Seven Gates, 1923). L'association déterminante avec T. Shawn renforce son penchant pour le primitif et le religieux, tout en apportant une structure plus rigoureuse à ses improvisations imaginatives dans leurs duos communs (*The Garden of Kama, 1915). « Grande prêtresse » et « prophète » de la danse, elle a en commun avec I. *Duncan et Shawn un discours philosophico-religieux, qui accompagne son œuvre afin de lui conférer un statut de danseuse sérieuse face aux préjugés sociaux de l'époque. Lors de sa dernière phase créative, elle bascule dans un mysticisme où la danse devient une forme de culte et de réunification avec le divin (*Ritual of the Masque of Mary, 1934).