Rex NETTLEFORD (né en 1933).
Danseur, chorégraphe et directeur artistique américain d'origine jamaïcaine.
Intellectuel respecté, engagé dans la politique internationale, il se forme auprès d'Ivy Baxter en Jamaïque, où il est né. Lauréat d'une bourse Rhodes à Oxford, il devient chorégraphe de l'Oxford Theater Group, avant de retourner en Jamaïque, en 1959. En 1962, avec Eddy Thomas, il fonde le National Dance Theatre Company of Jamaica et devient le chorégraphe attitré de cette compagnie consacrée à la représentation et à la recherche en ballet, en danse moderne et en danse indigène.
Ses nombreuses chorégraphies abordent le commentaire social (Plantation Revelry, 1962), des thèmes bibliques (Lucifer Lucifer, 1970), la musique pop (Court of Jah, 1975), l'abstraction dansée (Back to Bach, Viva Bach, 1979), et l'Amérique des plantations (Soulscape, 1983). Il écrit plusieurs ouvrages, dont Caribbean Cultural Identity : The Case of Jamaica (1978) et Dance Jamaica : Cultural Definition and Artistic Discovery (1985).
TDF
John Neumeier (né en 1942).
Danseur et chorégraphe américain.
Né à Milwaukee (Wisconsin), c'est là qu'il prend ses premiers cours de danse classique auprès de Sheila Reilly, tout en préparant une licence de littérature et théâtre anglais à Marquette University, où il fait ses débuts de chorégraphe (The Hound of Heaven, 1960 ; Ludus Conventriae, 1961). Après un passage à Chicago à l'école de B. *Stone et Walter Cameryn et dans la compagnie de S. *Shearer, expérience encouragée par son premier mentor, le père jésuite John Walsh, il poursuit sa formation à la *Royal Ballet School et à Copenhague auprès de V. *Volkova. Remarqué par M. *Haydée et Ray Barra, il est engagé en 1963 par J. *Cranko au Ballet de *Stuttgart, où il devient soliste et signe bientôt des chorégraphies. En 1969, il est appelé à diriger le Ballet de *Francfort, où ses adaptations de grands ballets du répertoire attirent l'attention. En 1973, à l'initiative d'August Everding, il devient maître de ballet et chorégraphe de l'Opéra de *Hambourg, compagnie qu'il réorganise totalement : sous sa direction, elle va très vite compter parmi les plus importantes d'Allemagne et se produire partout dans le monde. La même année, il organise à Hambourg les Rencontres-ateliers de ballet (dont l'enregistrement par la chaîne télévisée NDR [Norddeutsche Rundfunk] recevra la Caméra d'or en 1978), contribuant ensuite, en 1975, à la naissance des Journées de ballet de Hambourg, dont le point fort est le Gala Nijinski. En 1978, il fonde l'École de danse de l'Opéra de Hambourg, qui, en 1989, s'installe avec la compagnie dans les nouveaux locaux du Ballettzentrum. Il est aussi régulièrement invité à chorégraphier par les plus grandes compagnies internationales. En 1996 lui est conféré le titre de Ballettintendant, qui le place au même rang que le directeur de l'Opéra de Hambourg.
Auteur de plus de cent ballets, il s'intéresse particulièrement à la forme du ballet long. Préoccupé à la fois de la conservation et du renouveau de la tradition, il s'emploie à revisiter le ballet narratif classique (*Roméo et Juliette, 1971 ; *Casse-Noisette, 1971 ; *Illusionen - Wie Schwansee, 1976). Dans ses adaptations, il invente de nouvelles formes narratives (Die Kameliendame, 1978 ; Artus-Sage, 1982 ; *Endstation Sehnsucht, 1983 ; Peer Gynt, 1989 ; A Cinderella Story, 1992 ; Odyssee, 1995), s'appuyant souvent sur le théâtre de W. *Shakespeare (*Songe d'une nuit d'été, 1977 ; Hamlet, 1985 ; *Othello, 1985 ; Mozart et thème de « Comme il vous plaira », 1985 ; Vivaldi ou Ce que vous voulez, 1996). Ses chorégraphies sur les œuvres symphoniques de G. *Mahler sont mondialement connues (IIIe Symphonie, 1975, IV e Symphonie, 1977 ; Lieb' und Lied und Traum, 1980 ; X e Symphonie, 1980), ainsi que celles inspirées de grands thèmes sacrés (Passion selon saint Matthieu, 1981 ; Magnificat, 1987, mus. J.-S. *Bach ; Requiem, 1991, mus. W. A. *Mozart et chants grégoriens). Il met également en scène des opéras et quelques comédies musicales, dont *West Side Story (1978) et *On the Town (1991) de L. *Bernstein.
Son style chorégraphique résulte d'influences diverses. Si son passage dans la compagnie de Shearer donne une impulsion décisive à sa carrière de chorégraphe, il se sent toutefois plus d'affinités avec le langage classique et reste marqué par son apprentissage auprès de Cranko. Caractérisées par un subtil travail des membres, une grande complexité de mouvement et des personnages dont les caractères sont très marqués, ses chorégraphies naissent d'une étroite collaboration avec les danseurs pendant les répétitions, et l'on y perçoit souvent l'empreinte du travail collectif. La mise en scène des relations humaines dans leur complexité et des états d'âme des personnages est un élément typique de son travail, tandis que la virtuosité technique y est investie d'un contenu essentiel et intimement liée à l'expression scénique. Marquées par une profondeur poétique et une transparence des images, ses œuvres laissent souvent transparaître une inspiration littéraire et philosophique.
GN
Autres chorégraphies. Haiku (1966, mus. C. *Debussy,
Bibliographie. W. Willaschek, Zwanzig Jahre John Neumeier und das Hamburg-Ballet 1973-1993, Christians,
Filmographie. Dritte Sinfonie von Gustav Mahler (ZDF, 1976) ; Die Kameliendame (Polyphon/NDR/WDR, 1987) ; Othello (ZDF, 1987).