Philippe Quinault (1635-1688).
Auteur dramatique et lyrique français.
Formé par Tristan L'Hermite, il travaille d'abord pour le théâtre ainsi que pour des ballets et des pièces à machine (« Armide et Renaud », acte de la Comédie sans comédie, 1656, mus. Michel Lambert ; la Grotte de Versailles, 1668), et collabore avec *Molière pour le Ballet des Muses (1666) et la *Psyché de 1671. Il est admis en 1670 à l'Académie française. En 1672 commence sa collaboration officielle avec J.-B. *Lully (les Fêtes de l'amour et de Bacchus, *pastorale), marquée par la création de la *tragédie en musique avec Cadmus et Hermione (1673), suivi d'*Alceste (1674) qui déclenche un débat pris dans la Querelle des Anciens et des Modernes (voir Ch. *Perrault). Elle durera jusqu'en 1686 (*Armide), n'étant interrompue que quelques temps par la disgrâce que lui vaut Isis (1677), pièce où l'on verra une allusion à la vie privée de *Louis XIV. Les deux hommes signent ensemble de nombreuses tragédies en musique, dont Thésée (1675), *Atys (1676), Phaéton (1683), *Roland (1685), ainsi que la *masacarade le Carnaval (1675, en collaboration avec Molière et I. de *Benserade), le divertissement l'Églogue de Versailles (1685, en collaboration avec I. Racine), les ballets le *Triomphe de l'Amour (1681, P. *Beauchamps) et le Temple de la Paix (1685, Beauchamps).
Quinault fixe le cadre de la tragédie lyrique : d'abord émaillé de nombreuses scènes bouffonnes inspirées des pastorales, le genre s'épure avec Thésée. Il donne à la danse une fonction dramatique, n'hésitant pas à traiter un acte entier de tragédie sous forme de ballet (Isis, acte IV ; Armide, acte IV). Il résout le problème de l'insertion du divertissement, non seulement en lui attribuant sa fonction traditionnelle de représentation (scènes de ravage, de bataille, de cérémonie), mais aussi en le plaçant en situation charnière de trouble et d'opacité. Ainsi le ballet suspend l'action sans la figer ni la retarder : il en accentue le caractère tragique par un effet de contraste, d'interrogation ou d'oppression. Par exemple, les personnages ignorent l'issue tragique qui les attend alors que le spectateur la prévoit (Phaéton, acte IV, sc. 2), ou encore les personnages sont pris dans une situation inextricable mais obligés de faire bonne figure dans un divertissement qui leur est imposé (Atys, acte IV, sc. 5). L'analyse de l'œuvre de Quinault conduit L. de *Cahusac à avancer le paradoxe selon lequel c'est dans la tragédie et non dans le ballet que la danse a pris sa véritable dimension théâtrale.
CK
Bibliographie. J. de La Gorce, « Un proche collaborateur de Lully : Philippe Quinault », Dix-septième Siècle, n° 161, 1988.
Robert QUINAULT (1887-1973).
Danseur, chorégraphe et professeur français.
Formé à l'École de l'Opéra de *Paris, il danse dans divers théâtres parisiens, de l'Opéra-Comique aux Folies-Bergère, et introduit en France les *portés en 1908. Il danse aux États-Unis pour les *Ziegfeld Follies. À partir de 1946, il enseigne à l'Opéra où il chorégraphie Padmavati (1946, *opéra-ballet d'A. *Roussel) et les Malheurs de Sophie (1948, J. -R. *Françaix).
GP