Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
B

Léon BAKST , [ROSENBERG Lev, dit ] (1866-1924). (suite)

Bakst se réclame d'anciens maîtres, comme Jean-François Millet, et des innovateurs, comme Paul Gauguin. Il s'agit pour lui de juxtaposer les couleurs en équilibrant leur influence réciproque. Deux lignes, « orientale » et « romantique », font de ses costumes et décors d'élégants partenaires chromatiques de la danse. Pour Schéhérazade, il associe ainsi un bleu désespéré et un vert plein de tristesse à des rouges triomphants et accablants. Mais il sait aussi dessiner un univers familier (le *Spectre de la rose, 1911) ou atteindre le dépouillement (l'*Après-midi d'un faune, 1912).

CD, PLM

Autres collaborations. Fokine (Narcisse, 1911 ; Sadko, 1911 ; *Daphnis et Chloé, 1912 ; le *Dieu bleu, 1912 ; Thamar, 1912 ; les Papillons, 1913 ; la Légende de *Joseph, 1914) ; *Nijinski (*Jeux, 1913); L.*Massine (les Femmes de bonne humeur, 1917) ; Léo Staats (la Nuit ensorcelée, 1923 ; Istar, 1924).
Bibliographie. L'Art des Ballets Russes, Gallimard, Paris, 19XX; Bakst, Aurora, XXXXX, 19XX.

Alexandra Balachova (1887-1979).

Danseuse et pédagogue russe.

Après des études à l'École théâtrale de Moscou, elle est première danseuse au *Bolchoï et une des artistes préférée d'A. *Gorski. À partir de 1921, elle habite Paris où elle enseigne de 1931 à 1973. En 1946, elle monte la *Fille mal gardée dans la version de Gorski pour le Nouveau Ballet de *Monte-Carlo.

ESou

George Balanchine, [Balanchivadze Georgi Melitonovitch, dit ] (1904-1983).

Danseur et chorégraphe américain d'origine russe.

Né à Saint-Pétersbourg, fils d'un compositeur géorgien, Balanchine entre par hasard à l'École de danse du *Mariinski. Diplômé en 1921, il rejoint le corps de ballet du *GATOB, où il travaille sous l'autorité de F. *Lopoukhov, participant notamment à la création de la Symphonie de danse, Grandeur de l'univers (1923). Tenté par le piano et la composition, il étudie au conservatoire pendant trois ans tout en poursuivant la danse. Dès 1920, il réalise ses premiers essais chorégraphiques, qu'il présente en 1923 lors des soirées du Jeune Ballet, en compagnie de quelques camarades, dont *A. Danilova, T. *Geva, L. *Lavroski. En 1924, profitant d'une tournée des Danseurs de l'État soviétique en Allemagne, il quitte son pays et est engagé comme danseur dans la troupe des *Ballets Russes de *Diaghilev. Promu *maître de ballet en 1925, il y affirme sa vocation de chorégraphe et débute son étroite collaboration avec I. *Stravinski. À la mort de S. Diaghilev, en 1929, il travaille sporadiquement à Londres (pour le music-hall), Copenhague et Paris. Il collabore avec les *Ballets russes de Monte-Carlo (1931-1932), puis, grâce au mécène britannique Edward James, il forme les Ballets 1933, avec lesquels il donne quelques représentations à Paris et à Londres. Acceptant la proposition de L. *Kirstein de développer une école classique aux États-Unis, il se fixe à New York en août 1933 et devient citoyen américain en 1939. Après avoir fondé la *School of American Ballet (1934), il dirige l'*American Ballet. Il est invité à faire des créations pour l'*Original Ballet russe (1941), l'American *Ballet Caravan (1941), le *Ballet russe de Monte-Carlo et l'Opéra de *Paris. De 1935 à 1951, il chorégraphie aussi pour les scènes de *Broadway (*On Your Toes, 1936 ; Babes in Arms, 1937 ; *Cabin in the Sky, 1940 ; Where's Charley ?, 1948) et pour quelques films à Hollywood avec V. *Zorina. Mais c'est surtout à la tête du *Ballet Society puis, à partir de 1948, du *NYCB qu'il mène sa féconde et prestigieuse carrière.

Balanchine accorde la priorité à l'élément dansé. Très tôt, il s'écarte délibérément de la *narration dramatique et, s'il signe quelques ballets à thème (*Apollon Musagète, 1927 ; le *Fils prodigue, 1929 ; la *Somnambule, 1946 ; *Orpheus, 1948, *Casse-Noisette, 1954), c'est en éliminant toute *pantomime, cherchant à relater l'histoire avec clarté et par le seul truchement de la danse. Il règle aussi des " ballets d'ambiance ", sans intrigue proprement dite, tout en conservant les situations ou les personnages que la partition suggère (*Cotillon, 1932 ; *Serenade, 1934 ; la *Valse, 1951 ; Liebeslieder Walzer, 1960, mus. J. *Brahms ; Tzigane,1975, mus. M. *Ravel). La musique et son interprétation sont la clef de voûte de son travail. Pour lui, " le ballet est avant tout une affaire de tempo et d'espace : l'espace délimité par la scène, le temps fourni par la musique ". Ses réalisations les plus spécifiques sont des ballets sans thème dont la construction et la forme découlent de la source musicale. Sans l'illustrer, il donne à voir une partition, composée ou non pour la danse, en s'appuyant sur la structure rythmique, la mélodie et le développement harmonique de la pièce choisie : " Voyez la musique et écoutez la danse ", recommande-t-il. Préférant souvent des œuvres de facture classique (G. *Bizet, E. *Chabrier, A. *Glazounov, M. *Glinka, F. *Mendelssohn, W. A. *Mozart, Ravel), il recourt aussi à un registre plus moderne (P. *Hindemith, V. *Rieti, A. *Webern, I. *Xenakis) et parfois populaire ou jazz (G. *Gershwin, Hershy Kay). Cependant, ses compositeurs favoris sont P. *Tchaïkovski et surtout Stravinski, avec lequel il crée plus de trente ballets. Privilégiant le dépouillement scénographique afin que le regard puisse se concentrer sur la chorégraphie, il opte le plus souvent pour un plateau nu et des costumes (longtemps créés par B. *Karinska) qui dégagent la silhouette, imposant parfois simples tuniques et maillots académiques.

Considérant M. *Petipa comme son père spirituel, il s'inscrit dans la tradition classique et se réfère aux pas d'école pour les outrepasser. Il développe un style caractérisé par un *en-dehors poussé à l'extrême, des mouvements dynamiques, précis et vigoureux, des positions hanchées, des combinaisons de pas complexes, voire acrobatiques, une rapidité d'exécution en accord avec les tempi des pièces musicales qui l'inspirent. Il prône une beauté formelle tendant vers l'épurement, une virtuosité technique transcendée par la maîtrise des interprètes et accorde la prééminence à la danseuse. Nombreuses sont ses " muses ", ballerines aux longues jambes fuselées et aux formes discrètes, qu'il fait souvent débuter très jeunes. Salué comme l'un des plus grands chorégraphes du XXe s., il contribue à l'" américanisation " du ballet, jouant également un rôle important dans l'évolution de la *comédie musicale, où il introduit la danse classique et, paradoxalement, les principes du ballet narratif.