Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
P

Charles PERRAULT (1628-1703).

Écrivain français.

Frère cadet du célèbre architecte Claude Perrault, il participe comme lui à la Querelle des Anciens et des Modernes en prenant la défense de l'opéra (forme moderne de poésie) dans sa Critique de l'opéra ou Examen de la tragédie d'Alceste (Barbin, Paris, 1674). Racine lui répond dans la préface d'Iphigénie. Disposé en forme de dialogue et appuyé sur un parallèle entre la tragédie d'Euripide et la *tragédie en musique de Ph. *Quinault et J.-B. *Lully, le texte de Perrault fait l'inventaire des reproches alors adressés à l'opéra et répond en soutenant l'idée d'une régularité poétique de la tragédie en musique. Pour répondre à l'accusation d'invraisemblance, Perrault avance la thèse d'une spécificité merveilleuse de l'opéra, sur laquelle des théoriciens plus tardifs (G. B. de *Mably, L. de *Cahusac) s'appuieront pour justifier la présence de la danse. Ses Contes de ma mère l'Oye (1697) sont sources de créations chorégraphiques (la *Belle au bois dormant, *Cendrillon, le Chat botté).

CK

Serge PERRAULT (né en 1920).

Danseur et pédagogue français.

Formé à l'École de l'Opéra de *Paris, il entre en 1943 dans le Ballet qu'il quitte en 1947 pour mener une carrière indépendante. Il danse au Metropolitan Ballet de Londres, puis aux Ballets de Paris (1948-1951 et 1953-1956) où il crée Concerto de J. *Charrat et le rôle du Toréador dans *Carmen de R. *Petit. Il collabore à diverses compagnies, avec M. *Renaud (1952) L. *Darsonval, Y. *Chauviré (1955), C. *Marchand (1956). Il enseigne dès 1957, notamment au Conservatoire de Créteil, et à l'École de l'Opéra (1977-1987). Depuis 1996 il est professeur de pédagogie à l'Opéra.

GP

Jean-Pierre PERREAULT (né en 1947).

Danseur, chorégraphe canadien.

Il s'initie aux techniques classique et moderne au groupe de J. *Renaud en 1966. En 1967, il intègre la compagnie, qu'il quitte en 1981 après y avoir dansé et chorégraphié de nombreuses pièces et en avoir partagé la direction artistique avec P. *Boneham. Invité ensuite au Canada et en Europe (université S. Fraser, Vancouver ; *Laban Center, Londres), il s'installe définitivement au Québec en 1984, établit la Fondation J.-P. Perreault et, jusqu'en 1992, il enseigne la composition chorégraphiqueà l'université du Québec à Montréal.

Influencé par l'abstraction de Renaud et des artistes de son temps, ainsi que par les traditions asiatiques étudiées lors de ses voyages, il s'intéresse d'abord au jeu des matières de la danse, explore les possibilités du corps et de l'espace, de la voix, du rythme et du mouvement, de l'individu et du groupe, les confronte à un lieu, construit ou " naturel ". Mais cette recherche formelle, qui l'amène à créer toutes les composantes d'une œuvre, est animée aussi par un intérêt profond pour la fragilité humaine. Ces deux pôles se manifestent clairement à partir de *Joe (1983). Dans les années 1980, sa création picturale (dessin, gouache) active une intense recherche scéno-chorégraphique sur le lieu en transformation, la lumière, sur l'interprète agent de mémoire et porteur d'affectivité. Cette recherche culmine dans des pièces-installations (Éphémères, 1997) quand le spectateur, en loge individuelle, choisit la durée de sa présence à des hommes et à des femmes, à une danse et à un espace, s'agençant et agencés chaque soir différemment. Dépositaires de bribes d'œuvres passées, les danseurs réinventent et métamorphosent l'univers que Perreault leur a légué.

MFe

Autres chor. Les Bessons (1972) ; les Dames aux vaches (1978) ; Calliope (1982) ; Nuit (1986) ; les Lieux-dits (1988) ; Flykt (1991, B. *Cullberg) ; Adieux (1993) ; Eironos (1996, C. Parrott Dance Co. et fest. de Perth) ; les Années de pèlerinage (1996).
Biblio. Jean-Pierre Perreault, chorégraphe, dir. A. Gélinas, Les Herbes Rouges, Montréal, 1991 (trad. Jean-Pierre Perreault, Choreographer, Dance Collection Danse Press/e, Toronto, 1992).

Jules Perrot (1810-1892).

Danseur, chorégraphe et pédagogue français.

Issu du milieu ouvrier, il est formé à Lyon, sa ville natale, où il débute enfant. Engagé au théâtre de la Gaîté à Paris, il parfait sa formation dans la capitale auprès d'A. *Vestris, et passe en 1827 au théâtre de la *Porte-Saint-Martin. Après un bref séjour en Grande-Bretagne, il rejoint le Ballet de l'Opéra de *Paris (1830). Il quitte la troupe en 1835, dépité que J. *Mazilier lui soit toujours préféré pour créer les rôles principaux. À Naples, il découvre C. *Grisi dont il devient le maître, le partenaire et l'amant. Leurs carrières sont intimement liées jusqu'à leur séparation en 1842 : ils se produisent à Londres, Vienne, Milan, Munich, Naples et finissent à la troisième tentative par conquérir Paris en 1840. C'est pour elle qu'il monte *Giselle (1841) sans avoir, en ce qui le concerne, d'engagement officiel à l'Opéra de *Paris. Jusqu'à la fin de sa carrière, ses relations avec l'administration de ce théâtre posent problème et il n'y revient que brièvement pour créer la Filleule des fées (1849, liv. J.-B. *Saint-Georges, mus. A. *Adam). Il fait l'essentiel de sa carrière à l'étranger : à Londres, où il est maître de ballet au Her Majesty's Theatre (1842-1848), à la *Scala de Milan (1747 et 1848) et à *Saint-Pétersbourg comme *maître de ballet des théâtres impériaux de 1848 à 1859. Rentré en France en 1861, il donne à la fin de sa vie des cours à l'Opéra de Paris, comme en témoigne E. *Degas dans son tableau la Classe de M. Perrot (1874).

Danseur acrobate réputé, il commence par imiter le style de C. *Mazurier qu'il concurrence au théâtre de la Gaîté dans Polichinelle avalé par une baleine (1823, *Lefèvre) et Sapajou ou le Naufrage des singes (1825). Sous la férule de Vestris, il acquiert un style à la fois brillant et élégant. Partenaire de M. *Taglioni, il remporte son premier triomphe dans *Flore et Zéphire de Ch. L. *Didelot (1831, Op. de Paris). Malgré un physique ingrat, il séduit les spectateurs par son extraordinaire légèreté, le *moelleux de ses mouvements et sa vibrante musicalité qui font s'extasier jusqu'à Th. *Gautier : « Perrot l'aérien, Perrot le Sylphe, la Taglioni mâle ! » Interprète de ses ballets, il est le partenaire, outre C. Grisi, des plus grandes étoiles de son temps (F. *Elssler, F. *Cerrito, L. *Grahn, A. *Ferraris, A. *Saint-Léon, M. *Petipa).