Erika DUNCAN, [ndn. LOHMAN E. ] (1901-1984).
Danseuse allemande.
C'est la plus jeune des *Isadorables. Elle abandonne la danse en 1920 pour se consacrer à la peinture. Celle-ci, à contenu naturaliste ou religieux, lui permet d'exprimer différemment sa créativité. Elle mène ensuite une existence retirée dans un couvent du Connecticut (Etats-Unis) où elle s'éteint dans la plus grande simplicité.
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Irma DUNCAN, [ndn FRICH GRIMME I. ] (1897-1977).
Danseuse, pédagogue, américaine d'origine allemande.
Elle est la seule *Isadorable à accepter d'accompagner Isadora Duncan à Moscou en 1921. Alors qu'Isadora Duncan tourne en Russie, Irma prend en charge l'école puis, après le retour d'Isadora en France, la compagnie Russian Duncan Dancers avec laquelle elle effectue des tournées en Union Soviétique (1925-1926), en Chine (1927), et aux Etats-Unis (1928-1930) où elle décide de s'installer et de pousuivre un travail de transmission. En 1930, elle fonde la première compagnie américaine de danseurs duncaniens. Celle-ci participe en 1933 au "Spectacle pour la paix" donné au Madison Square Garden où elle apparaît pour la dernière fois en public. A la fermeture de l'école de Moscou en 1949, les élèves se tournent vers l'enseignement de "la gymnastique plastique", introduisant des éléments stylistiques duncaniens dans la gymnastique artistique russe et centre-européenne.
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Bibliographie. Duncan Irma, Duncan Dancer, Wesleyan Univ. Press, 1966 ; The Technique of Isadora Duncan, Dance Horizons, 1970.
Isadora DUNCAN (1877-1927).
Danseuse et chorégraphe américaine.
Née à San Francisco dans une famille de quatre enfants, elle mène une enfance difficile et bohème avec sa mère et ses frères et soeur. En l'absence du père se forme un clan familial qui au-delà des préoccupations matérielles se passionne pour les arts. De 1895 à 1900 elle danse dans quelques *comédies musicales à Chicago et à New York, tout en composant sur des poèmes ses premières danses vraisemblablement de facture encore pantomimique. En 1900, elle quitte les Etats-Unis pour l'Europe afin de réaliser ses aspirations artistiques. Ses premiers récitals lui ouvrent les salons artistiques de Londres, Paris, Munich. En 1903, elle publie à
Dans un rapport intuitif à l'histoire qui lui est contemporaine (Première guerre mondiale, révolution en Russie, émancipation de la femme, affaire Sacco et Vanzetti), I. Duncan se laisse brasser dans la vie sociale et politique de son époque. Abolissant l'antagonisme entre être danseuse et être femme, elle aborde la danse à partir de son corps, sa sensualité et son âge. Dès son arrivée en Europe, son style se précise. Elle apparait en simple tunique, sur une scène sans décor devant un fond bleu clair, dansant en osmose avec la musique : F. *Chopin (*Prélude, v. 1900), Ch-W. *Gluck (Iphigénie, 1904), L. van *Beethoven (Septième Symphonie, 1904), offrent des correspondanses musicales au rubato expressif de sa gestuelle et l'éloignent de la pantomime. Après la rencontre avec Craig et la naissance de sa fille, la qualité plastique de sa danse, entre poids et envol, devient plus charnelle : *Bacchanale (1904), *Valses de Brahms, op. 39 et Danses Allemandes (1905, mus. F. *Schubert), *Danses des Furies (1910, mus. Ch.-W. Gluck), Orphée (1911, mus. C. Gluck), extraits des opéras Tristan, Parsifal, les Maîtres chanteurs de R *Wagner (1911). La mort de ses enfants et le début de la guerre entrainent une nouvelle évolution. L'élan se condense dans une gestuelle intensément intériorisée et plus terrienne : Ave Maria (1914), Symphonie inachevée (1915, mus. Schubert), Symphonie n°6 (1916, mus. P. *Tchaïkovski), *Neuvième symphonie (1916, mus. Schubert), Les Funérailles (1918, mus. F. Liszt), *Mazurka lente (1923), Rédemption (1927, mus. C. *Franck). A la suite de son séjour en Russie le contenu politique de certaines de ses danses, présent dès la Marseillaise (1915) puis la *Marche slave (1917), s'accentue : Impressions de Russie (1921, mus. A. *Scriabine), ensemble dont font partie la *Mère et *Étude révolutionnaire ; Chants russes (1924).
A l'instar de Jean-Jacques Rousseau, I. Duncan est persuadée que l'homme nait bon et que seule la société le pervertit. Ce n'est donc pas un hasard si elle place au centre de ses préoccupations d'artiste l'éducation des enfants : outre l'école de Grünewald à Berlin que fréquentent les futures *Isadorables, et celle de Moscou, elle fonde aussi une école à Meudon près de Paris en 1913, qu'elle mettra à disposition de la Croix Rouge au début de la guerre. Passionnée et généreuse, simple ou grandiloquente, magnanime ou ridicule, elle est toujours au coeur des mouvements de libération. Sa danse en est la traduction artistique : la libération s'y exprime par le dépouillement des contraintes vestimentaires (pieds nus, tunique) et des contraintes physiques (spontanéité, élan, parcours dans l'espace), le recours aux mouvements élémentaires en relation avec ceux de la nature comme la houle, l'onde. Faite de courbes et de volumes, sa danse expose un jeu dynamique entre l'abandon et la résistance à la gravité. Sa fluidité plastique revivifie le code occidental des expressions. Dans sa recherche de gestes simples elle se situe dans l'héritage des arts plastiques européens, de la Grèce Antique à Botticelli jusqu'aux Impressionnistes. A l'intérieur de son style une métaphysique exacte sous-tend chaque geste. Plus qu'une technique formelle, son art, sans doute influencé par le système d'expression de F. *Delsarte, établit un certain rapport au corps qui, au-delà de la question du mode d'expression, figuratif ou abstrait, privilégie l'émotion au sens large du terme comme source du mouvement.