Compositeur français.
Exceptionnellement doué, il entre à dix ans au Conservatoire de Paris, où il passe douze ans, fréquentant les classes de Marmontel (piano) et de Giraud (composition). Puis il voyage avec la baronne von Meck, qui l'a engagé comme pianiste accompagnateur. En 1884, la cantate l'Enfant prodigue lui ouvre les portes de la villa Médicis, où il écourte son séjour, ne supportant pas l'académisme qui y règne. Devenu parisien dès 1887, il est un habitué des « mardis » de S. *Mallarmé et se lie avec des représentants de la peinture impressionniste. Il découvre R. *Wagner lors de deux séjours à Bayreuth (1888-1889), mais s'en détourne après une période de maturation pendant laquelle il assimile les influences de l'opéra de M. *Moussorgski Boris Godounov et de l'Extrême-Orient à travers l'Exposition universelle. *Prélude à l'après-midi d'un faune (1894), son premier vrai succès, et *Pelléas et Mélisande (1904), qui lui assure la célébrité, sont suivis d'une production incessante où, en avance d'un demi-siècle sur son temps, il innove tant au piano (Études, 1915) qu'en musique symphonique - P. *Boulez parle de Jeux (1914) comme d'une « œuvre capitale de l'histoire de l'esthétique contemporaine ».
Les relations du compositeur avec la danse sont paradoxales. Si le Martyre de saint Sébastien (1911), composé pour I. *Rubinstein, connaît de nombreuses reprises, son ballet Khamma (1912), commande d'A. *Maud, ne retrouvera la scène qu'en 1947 (J.-J. *Etchevery) et 1986 (U. *Scholz). L'accueil par le public de *Jeux (1913, V. *Nijinski), « quelque chose qui tient du guignol et du cirque », est franchement hostile, et lorsque Debussy écrit la Boîte à joujoux (1919, Andrée Hellé), dont J. *Börlin (1921), M. *Froman (1927), A. *Milloss (1950) donneront par la suite leur propre version, il voudrait que le ballet soit interprété par des marionnettes qui, seules, ont « l'intelligence du texte et l'expression de la musique ». Quant à la Création (1918, Ph.*Quinault ; 1921, Börlin), ce sera un succès posthume. Pourtant, ses œuvres seront abondamment chorégraphiées. À commencer par le Prélude à l'après-midi d'un faune, qui n'a pas été écrit pour la scène : chorégraphié par Nijinski en 1912 à l'instigation de S. *Diaghilev, il donne lieu à un retentissant scandale auprès du public, mais aussi des musiciens, qui ont le sentiment que l'œuvre est ridiculisée, avant de devenir une pièce majeure du répertoire. En fait, son œuvre entière est exploitée, qu'il s'agisse de pièces de grande envergure comme Pelléas et Mélisande, dont il existe de nombreuses versions chorégraphiques, ou de pages courtes dont L. *Fuller est la première à se saisir pour déployer ses danses symbolistes (Petite Suite, 1909 ; Nocturnes : Nuages, Fêtes, Sirènes, 1913 ; Children's Corner, 1914 ; la Mer, 1925). La musique de Debussy se révélera ensuite source d'inspiration régulière, notamment pour R. *Page (Snow Is Dancing, 1927 ; Moonlight Sailing, 1928 ; Night Melody, 1933 ; Night of the Poor, 1933), S. *Lifar (*David triomphant, 1937 ; Persée, 1943 ; Syrinx, 1943 ; Danseuses de Delphes, 1953 ; les Pas et les Lignes, 1954 ; Nuages et Fêtes, 1955), J. *Cranko (Primavera, 1945 ; Jeu de vagues, 1965 ; Brouillards, 1970 ; Green, 1973) et M. *Béjart (les Fleurs du mal, 1971 ; Clair de lune, 1977 ; la Plus que lente, 1977).