Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
A

Alvin AILEY (1931-1989). (suite)

Nombre de ses créations reposent sur des décors et des costumes spectaculaires. Il prend souvent pour thème une personnalité connue dont la vie finit mal, notamment dans Quintet (1968, mus. L. Nyro), Flowers (1971, consacré à la chanteuse Janis Joplin), The *Mooche (1975), Au Bord du précipice (1983, consacré à Jim Morrison, créé pour P. * Dupond et le Ballet de l'Opéra de *Paris) et For Bird-With Love (1984, mus. Charlie Parker entre autres) : piégés par l'adulation du public, les personnages principaux de ces œuvres y révèlent le désespoir et l'extrême solitude de leur vie privée. Il crée aussi des œuvres abstraites, qui explorent les caractéristiques du mouvement dans le cadre de scénarios ritualistes : Streams (1970), Hidden Rites (1973), The *Lark Ascending (1972), Landscape (1981, mus. B. *Bartók) et Isba (1983) allient une construction solide au récit d'une transformation dramatique quoique non explicite. Préférant laisser jouer leur impact visuel, Ailey donne rarement de détails sur ces œuvres abstraites.

Sa compagnie, qui fait plus de tournées qu'aucune autre troupe de danse moderne, devient célèbre dans le monde entier grâce à son répertoire varié et ses représentations flamboyantes. Avec l'école associée, elle survit à la mort d'Ailey sous la direction de J. *Jamison.

TDF

Autres chorégraphies. According to Saint Francis (1954, mus. prénom Kingsley, Lester Horton Dancers) ; Knoxville : Summer of 1915 (1961, mus. *Barber) ; Reflections in D (1963, mus. *Ellington) ; Riedaiglia (1967, mus. XXXXX Riedel) ; *Masekela Langage (1969) ; Mass (1971, mus. *Bernstein) ; *Sea Change (1972) ; Night Creature (1975, mus. Ellington) ; Opus McShann (1988, mus. Jay McShann et XXXXXX Brown).
Bibliographie. A. Ailey (avec A. Peter Bailey), Revelations : The Autobiography of Alvin Ailey, Birch Lane Press, New York, 1995. - J. Dunning, Alvin Ailey : A Life in Dance, Addison Wesley, New York, 1996.

Malou AIRAUDO (né en 19xx).

Danseuse française au Tanztheater de *Wuppertal.

Figure emblématique du Tanztheater de Wuppertal où elle fait l'essentiel de sa carrière, hormis un spectacle créé avec C. *Carlson, elle interprète les rôles-titre des premiers " opéras dansés " de P. *Bausch, Iphigénie dans Iphigénie en Tauride (1974), puis Eurydice dans Orphée et Eurydice (1975) où, aux côtés de D. *Mercy, elle donne à l'opéra de Ch. W. *Gluck des airs de tragédie grecque. Mais elle est surtout l'inoubliable Élue du *Sacre du printemps chorégraphié par P. *Bausch (1975). Dans une robe couleur de sang, elle se tord, se cabre, se dérobe et s'offre, convulsive et possédée, face à la horde qui la traque en martelant les rythmes de I. *Stravinski.

JMA

AKAROVA [ACARIN Margueritedite,] (née en 1904).

Danseuse et chorégraphe belge.

Après des études de musique et de danse (auprès d'une élève d'É. *Jaques-Dalcroze), elle entre dans le corps de ballet de l'Opéra d'Anvers. Marquée par les présentations de Raymond Duncan, en 1922 à Bruxelles, elle rencontre à la même date le peintre Marcel-Louis Baugniet, ardent défenseur de l'esthétique constructiviste, avec qui elle se marie en 1923, et qui lui invente le nom de scène d'Akarova.

Figure majeure de l'avant-garde artistique de l'entre-deux guerres en Belgique, elle compose une cinquantaine d'œuvres chorégraphiques, pour lesquelles elle conçoit aussi costumes et décors, dans un idéal de synthèse des arts qui l'amène à envisager la danse comme " musique-architecture ". Elle danse le plus souvent en solo, dans un registre qui va des " rythmes les plus vigoureux " aux " gestes d'hiératique allure ". Elle présente des " tableaux cinétiques " où les costumes et les décors font assaut de dessins asymétriques, de lignes brisées ou ondulées, de couleurs dissonantes, de rayures et de polychromies. " La vertu de la forme est dans son rythme ", affirme Baugniet dans un manifeste des années 1920. Akarova danse en musique, avec une prédilection pour des compositeurs modernes (*Debussy, *Dukas, *Milhaud, *Ravel, *Stravinski).

En 1937, elle se fait construire une salle de cours et de spectacles, qu'elle inaugure avec cinq danses du *Sacre du printemps. Sa danse s'oriente alors vers une recherche d'" états spirituels " dans la veine d'un " symbolisme philosophique ". Lorsque la salle Akarova ferme ses portes, en 1957, elle se consacre à la sculpture et à la peinture, la danse restant un thème récurrent de ses œuvres plastiques.

JMA

Autres chorégraphies. Tragédie de *Salomé (1931) ; l'0restie (1931, mus. Milhaud).
Bibliographie. Coll. sous la dir. d'Anne Van Loo, Akarova, spectacle et avant-garde 1920-1950, Archives d'architecture moderne, Bruxelles, 1988.
Filmographie. J'aurais aimé vous voir danser, Madame Akarova (1990, réal. M. Jakar et T. Génicot) ; Akarova et L.M. Baugniet (1991, réal. A. Torfs et J. Persijn).

Birgit ÅKESSON (née en 1908).

Danseuse, chorégraphe et théoricienne suédoise.

Elle étudie avec M. *Wigman (1929-1931) mais, rejettant l'*expressionnisme, elle développe peu à peu une technique ardue très personnelle. Après un engagement chez M. *Reinhardt, elle se produit à Paris pour la première fois en 1934. De retour en Suède, elle subit l'influence du poète E. Lindegren, ainsi que celle de sculpteurs modernes comme Henry Moore et Egon Möller-Nielsen, son compagnon. Sa carrière prend son essor en 1946 avec une série de courts solos, dont Soir bleu, Lune et Pluie et Fertilité. En 1953, elle crée Œil, sommeil en rêve, une pièce maîtresse réalisée en étroite collaboration avec Lindegren et K. B. *Blomdhal. Elle signe ensuite plusieurs chorégraphies pour le *Ballet royal suédois. Passionnée par les danses et les masques africains, elle s'installe en Afrique en 1967, puis poursuit ses recherches en Chine et au Japon. Ses dernières créations, Hues of Light et Autumn Leaves (1989) sont deux solos pour le danseur chinois Chiang Ching. Le gouvernement suédois lui a décerné le titre de professeur en 1992.

Grande danseuse avant tout, austère, abstraite avec une touche de surréalisme, aussi à l'aise au sol que dans son travail, incomparable, des équilibres, elle recherche parfois une lenteur absolue et se produit souvent en silence, enfreignant, sinon, le cadre musical pour préserver l'indépendance et la pureté de sa chorégraphie. Ses apparitions, plutôt rares, font toujours événement, où qu'elle se produise — souvent à Paris ou à Prague mais ausssi à Londres ou aux États-Unis — et lui valent depuis ses débuts le soutien d'une élite intellectuelle. Autant d'éléments qui ont contribué à faire d'elle une véritable légende.