Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
F

Paul-André FORTIER (né en 1948).

Danseur et chorégraphe canadien.

De formation littéraire, il s'initie à vingt-trois ans aux techniques moderne et classique, surtout au groupe de M. *Époque, où il danse de 1973 à 1979. Il fonde alors le Danse Théâtre P. A. Fortier, devenu Fortier Danse Création en 1983, qu'il délaisse brièvement pour l'ouverture et la codirection de la compagnie Montréal Danse. Il enseigne la composition au département de danse de l'université du Québec à Montréal à partir de 1989.

Initiateur de la *danse-théâtre au Québec, il propose dans ses pièces des années 1980 un regard rude sur le monde par un traitement réaliste de thèmes crus et un corps dansant dramatisé par les tensions, les brisures de rythme et d'harmonie. Interprète remarquable, c'est à partir de ses solos, en 1989, et particulièrement après sa collaboration avec Betty Goodwin pour la Tentation de la Transparence (1991) et Bras de plomb (1993) qu'il se détache des références explicites pour travailler à même le corps. De retour au travail de groupe avec la Part des anges (1997), il procède alors à partir de ce qui se joue entre lui, les danseurs et les choses, attentif à l'énergie singulière de ses interprètes et à ce qui advient dans et par le mouvement.

MFe

Autres chor. Derrière la porte, un mur (1978, avec *Laurin, déc. *Sullivan) ; Violence (1980) ; Ça ne saigne jamais (1983) ; le Mythe décisif (1987, pour les *Grands B. canadiens) ; les Males Heures (1989).

FORUM DANÇA.

Association de danse portugaise.

Cette structure de formation, d'aide à la production et à la diffusion de la nouvelle danse portugaise, créée en 1989, dirigée par Gil Mendo puis par Ezequiel Santos, est venue fédérer l'organisation de la danse contemporaine au Portugal, et a soutenu l'émergence de chorégraphes tels Francisco Camacho, Aldara Bizarro, Rui Nunes, Carlota Lagido, V. *Mantero. La participation au programme Europalia (1991) en Belgique, et au projet SKITE pour l'opération « Lisbonne capitale culturelle européenne » (1994), a permis à Forum Dança d'œuvrer à la reconnaissance internationale de la jeune danse portugaise.

JMA

Lukas FOSS (né en 1922).

Compositeur américain d'origine allemande.

Il étudie à Berlin et Paris, puis la composition aux Etats-Unis avec V. *Thomson et P. *Hindemith. Également pianiste et chef d'orchestre, avec la fondation de l'Improvisation Chamber Orchestra en 1957, il abandonne son style plutôt classique, bien que déjà ouvert au mélange d'éléments hétérogènes, et se tourne vers l'improvisation et les systèmes combinatoires : son Time Cycle (1960) sera chorégraphié par T. *Bolender (1967) et W. *Forsythe (1979).

EQ

Autres compositions. Interims (1963, M. *Louis).
Sur la musique de Foss. W. *Gore (The Maskers, 1965) ; G. *Tetley (Moveable garden, 1973).

Fossano ou [Fusano, Fossan, Rinaldi Antonio, dit ] (v. 1715-apr. 1759).

Danseur et chorégraphe italien.

Napolitain, il se fait avant tout connaître comme danseur. Chorégraphe au théâtre San Samuele de Venise en 1733, puis à Londres en 1734, il se rend pour la première fois en Russie en 1735, accompagné de son épouse Giulia. Il s'y impose d'emblée dans les danses de l'opéra la Forza dell'amore e dell'odio de Fernando Araja. À la mort de Giulia, il épouse Antonia Constantini, fille d'un Arlequin de la Comédie-Italienne de Paris et danseuse de la troupe. Il devient directeur des ballets de ce théâtre, où il crée des pièces grotesques. De retour en Italie en 1738, il rencontre à Parme la *Barberina, qu'il fait venir à l'*Académie royale de musique (ARM) en 1739. En 1742, le couple Rinaldi retourne avec Araja à Saint-Pétersbourg, où il reste jusqu'en 1759, sauf durant la saison de carnaval 1749-1750, passée au Teatro Regio à *Turin.

En France, on admire sa technique (*sauts et *batterie) et J. G. *Noverre affirme qu'il apporte « la fureur de sauter ». Il introduit aussi une élégance nouvelle dans la danse de *demi-caractère et la *pantomime (« Momus amoureux » dans Zaïde, reine de Grenade, 1739, ballet héroïque de ? ? ? ? La Marre et ? ? ? ? ? Royer, ARM). Par ailleurs, il fait connaître la danse *théâtrale en Russie, où il propose des créations d'abord très lyriques, avant d'y introduire des danses et des chants slaves.

RZ

Bob Fosse, [Louis Robert, dit ] (1923-1987).

Danseur, chorégraphe et metteur en scène américain.

Il étudie les *claquettes, l'acrobatie et le *jazz et commence sa carrière à quatorze ans dans les *vaudevilles, les cabarets et les boîtes de strip-tease. Il débute à *Broadway en 1950 dans la revue Dance Me a Song, travaille pour la télévision, les théâtres et les clubs avant de danser dans trois films de la *MGM, dont Kiss me Kate (1953, H. *Pan), sa première contribution chorégraphique. De retour à Broadway, il se fait un nom grâce à *Pajama Game (1954) et *Damn Yankees (1955), dont il réalisera également les versions cinématographiques en 1957 et 1958. Pendant vingt ans, il chorégraphie et met en scène des spectacles de Broadway, dont six seront récompensés de Tony Awards : Damn Yankees, Red Head (1959, chor. et m. en sc.), Little Me (1963), Sweet Charity (1966, conception, chor. et m. en sc.), Pippin' (1973, conception, chor. et m. en sc.), et Dancin' (1978). Il travaille parallèlement pour le cinéma (My Sister Eileen, 1955, Columbia ; Sweet Charity, 1969, chor. et m. en sc., Universal ; Cabaret, 1972, Allied Artists ; All That Jazz, 1979, scénario, chor. et m. en sc., 20th. Cent. Fox ; Star 80, 1983). En raison de ses collaborations successives avec C. *Haney et G. *Verdon, il est dans la descendance de J. *Cole plutôt que de J. *Robbins.

Sa marque personnelle, « délicate et retenue » (S. *Donen), se caractérise par un style accentué, syncopé, sensuel, mettant l'accent sur les détails et sur l'*isolation, qu'il utilise avant même de bouger à partir d'une position initiale souvent excentrée. Sa danse, tout en contraste, a tendance à exagérer certains mouvements : épaules voûtées, tête poussée en avant, poignets relâchés, mains largement ouvertes, buste en position angulaire, genoux pliés, *en-dedans. Chorégraphiquement, il joue de la répétition pour créer des effets et, comme Cole, il préfère se servir de petits groupes plutôt que d'une grande compagnie. Sous l'énergie, l'audace et le clinquant de surface de ses chorégraphies, transparaît un profond respect du pouvoir expressif de la danse en elle -même, tout comme chez son idole, F. *Astaire.