Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
B

Ballets Russes de Diaghilev. (suite)

La troupe de Diaghilev suscite un engouement nouveau pour le spectacle chorégraphique. Seulement concurrencée un temps par les *Ballets suédois, elle lègue un héritage considérable pour le ballet classique que l'essaimage à travers le monde de ses danseurs va contribuer à faire fructifier.

NL

Bibliographie. A. Benois, Reminiscences of the Russian Ballet, Londres, 1941 ; S. Grigoriev, The Diaghilev Ballet 1909-1929, Londres, 1954 ; Diaghilev. Les Ballets Russes, Bibliothèque nationale, Paris, 1979 ; L. Garafola, Diaghilev's Ballet Russes, New York, 1989 ; M. Pojarskaïa et T.Volodina, l'Art des Ballets Russes 1908-1929, Gallimard, Paris, 1990.

Ballets Suédois (Les).

Compagnie indépendante franco-suédoise, basée au théâtre des Champs-Élysées à Paris (1920-1925).

Après sa rupture avec S. de *Diaghilev , M. *Fokine reste animé par le désir de renouer avec une entreprise semblable à celle des *Ballets Russes. Il a, de plus, découvert en J. Börlin un talent prometteur au cours de son passage comme maître de ballet au *Ballet royal suédois (1913-1914). Il encourage alors un de ses amis suédois, R. de *Maré, à se lancer dans l'aventure. Ce riche jeune homme, collectionneur d'art et amateur des nouveaux peintres parisiens, saisit l'idée de se faire une renommée à Paris, à l'instar de Diaghilev. Il réunit les meilleurs danseurs du Ballet royal suédois et, à la grande déception de Fokine, engage Börlin comme chorégraphe. La compagnie fait ses débuts le 23 octobre 1920.

Conscient qu'en Suède ni le ballet ni les autres arts ne peuvent prétendre à la même richesse qu'en Russie, et donc que sa compagnie ne peut vivre d'un répertoire à dominante suédoise, de Maré centre son attention sur tout ce que Paris compte alors de talents en devenir, venus du monde entier, et entreprend de les réunir au sein de la compagnie. Les premiers spectacles se font néanmoins sous le signe de la Suède avec deux ballets assez simples inspirés du folklore nordique (Danses paysannes et Nuit de la Saint-Jean) qui, à la surprise de R. de Maré, séduisent le public français : en 5 ans ils rempliront les salles près de cinq cents fois, permettant en grande partie de financer les autres productions. Hormis ce résultat non négligeable, ces œuvres ne répondent pas toutefois à ce que cherche de Maré : l'inattendu, le jamais vu, l'ouverture sur de nouveaux horizons.

Le principal talent de R. de Maré sera de pressentir celui des autres ou d'attirer à lui des artistes sur le chemin de la célébrité. Trois de ses librettistes Paul Claudel (l'*Homme et son désir), Luigi Pirandello (la Jarre) et Pär Lagerkvist (*Maison de fous) seront ainsi par la suite couronnés du prix Nobel, tandis qu'un quatrième, J. *Cocteau (les *Mariés de la tour Eiffel), deviendra vite une figure majeure du monde des lettres et du spectacle. En ajoutant Riociotto Canudo (*Skating Rink), Blaise Cendrars (la *Création du monde), Francis Picabia (*Relâche), les Ballets suédois apparaissent comme une véritable vitrine littéraire de l'époque. De même, les compositeurs sollicités, tels A. *Honegger, D. *Milhaud, G. *Auric, E. *Satie, F. *Poulenc, ou encore C. *Porter qui écrira sur commande la musique de Within the Quota, le premier ballet *jazz, ne rentreront dans l'histoire que plus tard. Familier des milieux de la peinture, de Maré s'entourera aussi de divers peintres, dont G. *De Chirico, J. et V. *Hugo, P. *Colin ou encore Pierre Bonnard, favorisant particulièrement F. *Léger et son « art en mouvement ».

C'est, bien sûr, J. Börlin qui reste la figure clé de la compagnie. Véritable génie selon Fokine lui-même qui, pourtant avare de compliments, déclarera dix ans après le décès du chorégraphe qu' « il était de tous celui qui [lui] ressemblait le plus », il signe, en quatre ans, 24 chorégraphies, dont plus de la moitié font date par leur qualité et leur nouveauté. Börlin se heurte toutefois souvent à l'incompréhension du public et de la critique qui l'accusent de ne pas « danser ». C'est que son travail remet profondément en question la définition même de la danse telle qu'on la conçoit alors : il inaugure une philosophie du mouvement qui ne sera comprise et intégrée que bien des années plus tard. Après cinq ans passés au cœur de la créativité des années 1920, Börlin est épuisé. Devant l'impossibilité de trouver un chorégraphe susceptible de le remplacer et soucieux de ne pas se répéter, de Maré opte pour la dissolution de la compagnie. Aussi inopinément qu'ils avaient fait leur entrée en scène, les Ballets suédois la quittent abruptement au cours d'une de leurs tournées régulières à travers la France : le soir du 17 mars 1925, après la représentation, la compagnie est officiellement dispersée. Le drame de Börlin aura été de créer en avance sur son temps. La progressive réappréciation de son travail menée à la fin du xxe s. démontre que c'était aussi sa grandeur.

BH

Balletto di Roma.

Compagnie fondée en 1960.

Saississant l'occasion des jeux Olympiques de Rome, Franca Bartolomei et Walter Zappolini, danseurs et chorégraphes, créent cette compagnie dans le but d'offrir au public des soirées de ballet durant l'été. Elle se produit dans un premier temps en plein air, au Ninfeo de la Villa Giulia, puis est accueillie dans les lieux les plus variés. Elle subit par la suite des transformations radicales. Les deux fondateurs sont bientôt rejoint par V. *Biagi (1994) puis par Luciano Cannito qui y signe avec Cassandre (1996) une œuvre marquante.

ATes

Claude Ballon ou [Balon C. ] (v. 1671-1744) .

Danseur, chorégraphe et pédagogue français. Pour une raison inconnue, il est prénommé par erreur Jean dans de nombreux ouvrages sur l'histoire de la danse.

Petit-fils d'Antoine B. et fils de François B., maîtres à danser parisiens qui travaillent au service de la cour, il débute à Chantilly en 1688 en interprétant un petit faune dans Oronthée ( mus. Paolo Lorenzani). Il fait l'essentiel de sa carrière d'interprète à l'*Académie royale de musique, sous l'autorité de L. *Pécour, participant entre 1691 et jusqu'en 1710 à la création et aux reprises de la plupart des opéras de J.-B. *Lully, A. *Campra et Destouches. Il se produit à Londres devant le roi Guillaume III en avril 1699, participe aux nombreux spectacles donnés à la cour de France (notamment les mascarades en 1700) ou chez des particuliers, principalement la duchesse du Maine à Châtenay (1704) et à Sceaux (1713-1714), où il règle ses premières chorégraphies. Il est nommé, le 11 mars 1719, Compositeur des ballets du roi, office laissé vacant à la mort de P. *Beauchamps, et participe à la réalisation aux Tuileries de l'Inconnu, des Folies de Gardenio en 1720 et des Éléments (mus. J. F. Rebel) en 1721. Directeur de l'*Académie royale de danse, pédagogue recherché, il compte parmi ses élèves M. *Sallé et son frère. Choisi par *Louis XIV(1erjanvier 1715) pour instruire le futur Louis XV, il est aussi le maître à danser de Marie Leszczynska, puis, à partir de 1731, des enfants du couple royal. Il meurt à Versailles le 9 mai 1744.