Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
D

Robert Ellis DUNN (1928-1996). (suite)

Dunn est surtout connu comme l'initiateur du *Judson Dance Theater : à la demande de Cage, à partir de l'automne 1960, il propose une série d'ateliers de composition, ouverts aux danseurs, mais aussi à d'autres artistes tels que Robert Morris ou R. *Rauschenberg. Très influencé par les recherches iconoclastes de Cage ainsi que par le bouddhisme zen, l'enseignement de Dunn prend le contre-pied de l'autoritaire tradition chorégraphique représentée par L. *Horst et par D. *Humphrey. Il évite tout jugement exprimé en termes de bien ou de mal, ainsi que toute norme chorégraphique, encourageant non seulement l'émancipation de la danse par rapport à la musique, mais aussi la remise en cause des conventions artistiques. La recherche proposée porte sur les modes de conception et la structure d'une pièce, et fait appel aux techniques de l'aléatoire, de l'indétermination et de l'improvisation, offrant un espace de création ouvert à tous les possibles. Il guide ses stagiaires dans leur propre exploration, notamment en privilégiant la discussion, l'analyse, et les questions de perception (quelles sont les règles, quelle est la structure ?). Ses consignes sont minimales : « faire une danse de 5 minutes en une demi-heure », « faire une danse à propos de rien de spécial ». Finalement, son attitude philosophique - ou sa relative passivité pédagogique - se révèle propice à l'émergence de nouvelles idées. Forts de l'esprit rebelle du monde de l'art d'alors, ses étudiants, comme S. *Forti, S. *Paxton ou Y. *Rainer dès juillet 1962 et, plus tard, L. *Childs ou T. *Brown, présentent leurs travaux dans l'église Judson sous le nom de « concert ». Leur recherche esthétique, dégagée du souci du beau, se fonde sur des méthodes démocratiques. Cette explosion de l'expérimental amorce la *post-modern dance.

CRey

Bibliographie. « The Legacy of Robert Dunn », Movement Research Performance Journal, n° 14, New York, 1997.

Vincent DUNOYER (né en 1962).

Danseur français.

Venu tardivement à la danse, à vingt-cinq ans, il participe à deux pièces de W. *Vandekeybus, avant de rejoindre A.-T. *De Keersmaeker. Interprète vivace, il fait merveille dans Achterland (1990), rivalisant de malice espiègle avec le violoniste Irvine Arditti. Au sortir de la compagnie Rosas, il danse en solo en 1996 trois compositions de S. *Paxton, De Keersmaeker et Liz Le Compte.

JMA

Patrick DUPOND (né en 1959).

Danseur français.

À peine sorti de l'École de danse de l'Opéra de *Paris pour rejoindre le corps de ballet, il est, en 1976, le premier Français à remporter la médaille d'or du Concours de *Varna. Premier danseur en 1979, interprète du *Boléro de M. *Béjart, il est nommé étoile en 1980, dans Vaslaw que J. *Neumeier a créé pour lui. En 1988, il prend la direction du Ballet français de *Nancy. Directeur de la danse à l'Opéra de Paris de 1990 à 1995, il poursuit depuis une carrière de soliste international.

Tel un farfadet, Dupond insuffle son énergie débordante au bouffon du *Lac des cygnes (V. *Bourmeister), au Basilio de *Don Quichotte (R. *Noureev), joue le naïf Alain de la *Fille mal gardée (H. *Spoerli), incarne le Puck facétieux du *Songe d'une nuit d'été (J. *Neumeier). Remarquable acteur, pathétique dans le rôle de la star droguée d'Au bord du précipice (1983, A. *Ailey) ou dans le rôle-titre du *Fils prodigue (G. *Balanchine), il se glisse avec aisance dans ceux de *Petrouchka, *Icare, l'*Après-midi d'un faune et, par la suite, dans celui de *Till Eulenspiegel (1994, reconstr. M. *Hodson et Kenneth Archer). R. *Petit lui confie ses rôles de Jeune Homme (le *Jeune homme et la Mort ; le *Fantôme de l'Opéra, 1980), et Noureev celui de Roméo (*Roméo et Juliette, 1984), tandis qu'en 1986 il se transforme en *Salomé (M. *Béjart) dans un numéro de dédoublement virtuose. Son corps élastique le fait adopter par les américains, d'A. *Nikolais (Schéma, 1980) à R. *Wilson (le *Martyre de saint Sébastien, 1988), de M. *Pendleton (Relâche, 1979) à T. *Tharp (*Push Comes to Shove ou Grand Pas, 1991) et M. *Louis (*Déjà vu). Il tourne également plusieurs films, dont Dancing Machine (1990, réal. Gilles Behat).

JLB

Bibliographie. La Fureur de danser, éd. Favre, 1985 ; Les années Dupond à Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1990 ; Patrick Dupond, éd. Plume, Paris, 1993.

Aurélie DUPONT (née en 1973).

Danseuse française.

Formée à l'école de danse de l'Opéra de *Paris, engagée dans la troupe en 1989, elle est nommée *étoile en 1998. Technicienne brillante et poétique (médaille d'or à *Varna), représentative de l'*école française (*Soir de Fête, *Staats), inspiratrice des chorégraphes contemporains (Rythmes de valse, 1994, R. *Petit; Casanova, 1998, A. *Preljocaj), elle aborde avec bonheur tous les styles (La *Bayadère, M. *Petipa ou R. *Noureev ; Le *Sacre du printemps, P.* Bausch).

SJM

Jacques DUPONT (1909-1978).

Peintre et décorateur français.

Il étudie à l'Académie Ranson. Développant un style très poétique, il intervient dans tous les domaines du spectacle, signant notamment des décors et des costumes pour la reprise des *Indes galantes à l'Opéra de *Paris (1952) et *Carmen de J. *Cranko (1971).

GM

Autres collaborations. *Massine (Symphonie allégorique, 1951) ; *Ashton (les Deux Pigeons, 1961) ; R *Petit (Pelléas et Mélisande, 1969) ; *Hightower (la Belle au bois dormant, 1970) ; *Labis (*Coppélia, 1975).

Louis-Antoine Duport (1783-1853).

Danseur et chorégraphe français.

Il commence sa carrière en 1800 sur les *Boulevards, à l'Ambigu-Comique, puis rejoint l'Opéra de *Paris, où il danse trois ballets dont il signe aussi la chorégraphie. Sa danse brillante en fait le rival d'Auguste *Vestris et son talent de chorégraphe, celui de P. *Gardel. Cela, ajouté à ses sautes d'humeur et à ses exigences démesurées, le conduit à rompre unilatéralement le contrat qui le lie à l'Opéra de Paris et donc à fuir clandestinement pour Saint-Pétersbourg, en passant par Vienne, où il arrive déguisé en femme chez les Taglioni (Mémoires de M. *Taglioni). En Russie, il remporte un grand succès dont Léon Tolstoï se fait l'écho dans son roman Guerre et Paix. Il travaille au théâtre *Mariinski (1806-1816) et se produit essentiellement dans les œuvres de C.-L. *Didelot, puis il danse quelque temps à Moscou. En 1817, il devient directeur de théâtre à Naples. Il s'installe ensuite à Vienne, où il est professeur et directeur du théâtre de la Porte de Carinthie.