Robert Ellis DUNN (1928-1996). (suite)
Dunn est surtout connu comme l'initiateur du *Judson Dance Theater : à la demande de Cage, à partir de l'automne 1960, il propose une série d'ateliers de composition, ouverts aux danseurs, mais aussi à d'autres artistes tels que Robert Morris ou R. *Rauschenberg. Très influencé par les recherches iconoclastes de Cage ainsi que par le bouddhisme zen, l'enseignement de Dunn prend le contre-pied de l'autoritaire tradition chorégraphique représentée par L. *Horst et par D. *Humphrey. Il évite tout jugement exprimé en termes de bien ou de mal, ainsi que toute norme chorégraphique, encourageant non seulement l'émancipation de la danse par rapport à la musique, mais aussi la remise en cause des conventions artistiques. La recherche proposée porte sur les modes de conception et la structure d'une pièce, et fait appel aux techniques de l'aléatoire, de l'indétermination et de l'improvisation, offrant un espace de création ouvert à tous les possibles. Il guide ses stagiaires dans leur propre exploration, notamment en privilégiant la discussion, l'analyse, et les questions de perception (quelles sont les règles, quelle est la structure ?). Ses consignes sont minimales : « faire une danse de 5 minutes en une demi-heure », « faire une danse à propos de rien de spécial ». Finalement, son attitude philosophique - ou sa relative passivité pédagogique - se révèle propice à l'émergence de nouvelles idées. Forts de l'esprit rebelle du monde de l'art d'alors, ses étudiants, comme S. *Forti, S. *Paxton ou Y. *Rainer dès juillet 1962 et, plus tard, L. *Childs ou T. *Brown, présentent leurs travaux dans l'église Judson sous le nom de « concert ». Leur recherche esthétique, dégagée du souci du beau, se fonde sur des méthodes démocratiques. Cette explosion de l'expérimental amorce la *post-modern dance.
CRey
Bibliographie. « The Legacy of Robert Dunn », Movement Research Performance Journal, n° 14,