Léon MINKUS, [M. Aloisius Ludwig] (1827-[entre 1890 et 1917]). (suite)
Tout comme les chorégraphies elles-même, les œuvres écrites par Minkus connaissent de nombreuses modifications avec le temps. C'est là tout le paradoxe de sa musique : indissociable du ballet qu'elle supporte, elle n'en est pas pour autant immuable. Certaines pages seront ainsi transformées, voire réécrites selon les besoins des chorégraphes (la Bayadère, 1904, A. *Gorski ; 1980, N. *Makarova), ce qui conduira R. *Noureev à vouloir en retrouver la partition originale en 1992. D'autres seront extraites de leur contexte comme morceau de bravoure pour les danseurs (second pas de deux de Don Quichotte ; acte des "Ombres" de la Bayadère). Ces libertés ne font que prolonger une pratique courante à son époque : Minkus apporte lui-même diverses modifications aux œuvres d'autres compositeurs comme le grand pas de dix qu'il compose pour *Paquita en 1881 ou ses ajouts à la partition du *Corsaire en 1899 qui subsisteront dans la plupart des versions ultérieures. Plutôt que source d'inspiration, sa musique agit comme un soutien au mouvement, Petipa ayant l'habitude de construire sa chorégraphie avant d'en commander la musique. Compositeur au service de la danse, Minkus est exemplaire d'une époque qui touche à sa fin avec l'arrivée de *Tchaïkovski. Moins inspiré que celui-ci, sa musique lui survit toutefois durablement à travers les ballets qui sont restés au répertoire : Don Quichotte, la Bayadère et, incidemment, Paquita et le Corsaire.
NC, PLM.