Denis DIDEROT (1713-1784). (suite)
La philosophie de l'expression artistique de Diderot développe une conception de la *mimésis de la représentation qui, au-delà de son époque, concerne l'ensemble de l'art moderne. L'art est pour Diderot à la fois l'expression de la nature et de la société. L'artiste est un individu impliqué dans une histoire, une époque, des mœurs. Il doit en tenir compte. Il en va de l'authenticité de son geste. Ainsi, pour être authentique, le théâtre doit donner l'illusion de la réalité. C'est ce qui conduit Diderot à inventer la notion de « quatrième mur » : « Imaginez sur le bord du théâtre un grand mur qui vous sépare du par-terre. Jouez comme si la toile ne se levait pas » (Discours de la poésie dramatique, 1758). Cette conception ouvre sur la possibilité de mises en scène ou de chorégraphies non frontales, comme perçues dans un espace naturel. L'authenticité n'exclut pas pour autant le recours à l'artifice : le fameux « paradoxe du comédien » réside dans le fait que, pour être juste, il ne doit pas être dupe des sentiments qu'il exprime en les maîtrisant par une technique corporelle. Pour Diderot, le geste juste est à la fois beau et vrai. Il pose ainsi le principe à la fois esthétique et éthique d'une responsabilité individuelle de l'artiste. Enfin, il développe l'idée du geste sublime qui, transcendant la signification du discours, touche aux fondements même d'une poésie qui « veut quelque chose d'énorme, de barbare et de sauvage » (Entretiens sur « le Fils naturel », 1757) : une conception qui semble déjà évoquer le projet d'A. *Artaud.
AF