Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Peruzzi (Baldassare)

Peintre italien (Sienne 1481  –Rome 1536).

Il est mentionné en 1501 comme peintre dans la chapelle S. Giovanni, au dôme de Sienne (fresques disparues). En 1503, il est à Rome, où se déroulera l'essentiel de sa carrière ; en contact avec Raphaël, Peruzzi participe au décor de la chambre d'Héliodore au Vatican (grisailles du plafond), étudie la perspective et l'antique. Selon le témoignage de Vasari, il serait à l'origine du goût pour les façades peintes en clair-obscur, genre développé autour de 1520 à Rome par Polidoro da Caravaggio et Maturino. De cette même première époque romaine datent les fresques de l'abside de S. Onofrio (1502/1503-1506) ; selon Vasari, Peruzzi aurait peint aussi des scènes historiques, en clair-obscur, au château d'Ostie avec l'aide de Cesare da Sesto. Son œuvre principale d'architecte réside dans l'édification et le décor de la Farnesina, villa élevée pour Agostino Chigi (1508-1511), où il développe, dans la Sala di Galatea (voûte et lunette) et le Salone delle Prospettive (1510-1511), un décor en trompe-l'œil suggérant un espace feint. Ses dons de perspectiviste et son goût pour la fiction monumentale triomphent dans les scènes de théâtre réalisées pour les fêtes de Léon X (1510). Il faut aussi mentionner les peintures à fresque de S. Maria della Pace (décor de la chapelle Ponzetti et Présentation au Temple, 1516-17). À la fin de 1521, probablement, Peruzzi est à Bologne, où il participe à la restauration de la façade de S. Petronio et exécute un carton de l'Adoration des mages pour G. B. Bentivoglio (Londres, N. G.). De retour à Rome, il travaille à la villa Madama (peintures ovales à la voûte de la loggia, entre 1520 et 1523). En 1524, il dessine le tombeau du pape Adrien VI (dessin à Amsterdam, Rijksmuseum). Peruzzi est capturé lors du sac de Rome ; libéré, il se rend à Sienne en juillet 1527 et devient peu après architecte appointé par la République, qui l'emploie à des plans de fortification ; en 1529, il travaille comme architecte au Dôme. Entre 1530 et 1535, Peruzzi vit alternativement à Rome et à Sienne. Son œuvre la plus importante de ces dernières années est le palais Massimo alle Colonne à Rome. Il subsiste très peu de son œuvre peint, mis à part les ensembles ; citons : la Danse des Muses avec Apollon (Florence, Pitti), attribuée à Giulio Romano et rendue par Ph. Pouncey à Peruzzi ; la Nativité de la coll. Ph. Pouncey à Londres, qui faisait pendant à un Couronnement de la Vierge (auj. perdu).

Pesellino (Francesco di Stefano, dit)

Peintre italien (Florence v.  1422  – id.  1457).

Fils et petit-fils de peintres (son surnom lui vient de son grand-père Pesello), il débute son activité sous la direction de son grand-père et surtout de Filippo Lippi, mais son art est aussi marqué par le style d'Angelico et de Domenico Veneziano. Citons parmi ses premières œuvres une suite d'exquises enluminures à sujets mythologiques (Venise, Bibl. Marciana et Ermitage), la prédelle du Retable Médicis peint par Lippi v. 1450 pour l'église S. Croce de Florence (auj. aux Offices) et représentant des Scènes de la vie de saint Côme et de saint Damien, maintenant réparties entre le Louvre et les Offices. La Sainte Trinité (1455-1457, Londres, N. G.) est au contraire la dernière œuvre de sa brève activité et la seule que l'on puisse lui attribuer avec certitude.

   On doit à l'artiste des retables (la Trinité avec des saints, id. ; la Vierge et l'Enfant entre saint Zanobie [?], saint Jean-Baptiste, saint Antoine abbé et saint François, Louvre), des Madones, variations sur des thèmes de Lippi (Toledo, Ohio, Museum of Art ; Boston, Gardner Museum ; musée de Denver) et des petits panneaux d'une remarquable finesse montrant la Vierge et l'Enfant avec des saints (Philadelphie, Museum of Art, coll. Johnson ; Metropolitan Museum), l'Annonciation (Londres, Courtauld Inst.) ou la Crucifixion (Esztergom, Musée chrétien ; Berlin ; Washington, N. G.).

   Pesellino fut aussi peintre de " cassone " ; citons les deux " cassone " les plus importants, ceux du Gardner Museum de Boston figurant le Triomphe de l'Amour, de la Chasteté et de la Mort et le Triomphe de la Gloire, du Temps et de la Religion, ainsi que ceux illustrant des Scènes de la vie de Griselidis à l'Accad. Carrara de Bergame, des Scènes de la vie de David (Lockinge House, Wantage, coll. Loyd) ou des scènes bibliques (série partagée entre le musée du Mans, le Fogg Art Museum de Harvard et la Nelson Gal. de Kansas City). Sans être un maître d'une grande originalité, Pesellino fut un divulgateur délicat du langage pictural florentin du deuxième quart du quattrocento.

Pesne (Antoine)

Peintre français (Paris 1683  – Berlin 1757).

Élève de son père, Thomas, et de Charles de La Fosse, il obtint le prix de Rome en 1703. Il séjourna en Italie (1705-1710), principalement à Venise, où il fut séduit par les prestiges de la couleur. Il devint peintre de la Cour à Berlin, où il se fixa dès 1710, et fut reçu académicien à Paris (1720). Frédéric II le chargea de travaux décoratifs dans les châteaux de Rheinsberg, Charlottenburg et Sans-Souci (œuvres in situ), où l'on décèle l'influence des Vénitiens et de certains Flamands (Terwesten). Une certaine raideur, une allure d'apparat, une harmonie calme et des coloris amortis caractérisent des effigies majestueuses, que Pesne a laissées nombreuses en Allemagne, en particulier aux musées de Berlin : Frédéric II et sa sœur Wilhelmine, 1714 ; la Baronne Éléonore de Keyserlingk ; la Princesse Amélie de Prusse ; la Barbarina ; la Danseuse Mme Denis ; Autoportrait avec les filles de l'artiste. Parmi les œuvres de l'artiste conservées en France, on peut citer la Femme aux pigeons du musée de Rouen et le Portrait de Vleughels du Louvre.

Peterssen (Eilif)

Peintre norvégien (Christiania, Oslo, 1852  – Lysaker 1928).

Il étudia avec Eckersberg à Christiania, à Copenhague (1871), à Karlsruhe (1871-1873), comme élève de Gude, et à Munich (1873-1878). Ses tableaux, la Mort de Corfitz Ulfeldt (1874) et Christian II signant la sentence de mort de Torben Oxe (1876), firent de lui, après Adolph Tidemand, le premier peintre d'histoire de la Norvège. À Munich, puis à Rome (où il habita de 1879 à 1883) et à Oslo, il exécuta des compositions religieuses pour différentes églises, parmi lesquelles l'Adoration des bergers (1880-1881) pour l'église Saint-Jacques d'Oslo et la décoration murale de l'abside dans l'église d'Ullern (1908-1909). Ses chefs-d'œuvre comme peintre de genre sont sans doute la Sieste dans une osteria (1880) et Piazza Montanara (1882-1883). Paysagiste, Peterssen est surtout célèbre pour sa Nuit d'été (1886, Oslo, Ng). Parmi ses nombreux portraits, la Ng d'Oslo conserve Nocturne (1887), Harriet Backer et Andrea Gram (1878), Edvard Grieg (1891), Arne Garborg (1894).